Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


vendredi 16 mai 2008

Luchino Visconti, "Violence et passion".


Gruppo di Famiglia in un Interno

Synopsis :
Le professeur a soixante-cinq ans. Autrefois, il enseignait les sciences mais a abandonné lorsqu'il a compris l'usage destructeur qui en était fait. Il a aussi été marié, mais cette union s'est soldée par un échec. C'est pourquoi maintenant le professeur, malade, son cœur flanche, préfère au voisinage des hommes, seule Erminia, la servante, vit auprès de lui, celui de ses innombrables livres et tableaux qui garnissent les murs de son immense appartement de Rome. Le professeur tente, en vain, de s'opposer à la volonté de Bianca Brumonti de lui louer, par l'intermédiaire de Micheli, l'homme de loi du vieil homme, l'étage supérieur de cet appartement.
Bianca, épouse d'un industriel fasciste, est séduisante et sans gêne. Elle s'installe donc avec son amant Konrad et sa fille Lietta, qu'accompagne partout son fiancé Stefano. Ces intrus vont imposer au vieillard solitaire le bruit et la fureur de leurs vies dissolues, de leur moralité approximative, de leurs haines aussi violentes que leurs passions. Le professeur s'efforce de comprendre le monde étrange de ses "locataires". Sa solitude en souffre, certes, mais il semble trouver un intérêt nouveau pour autrui. Aussi l'assassinat
de Konrad, sans doute victime de ses opinions "gauchisantes"*, laissera-t-il le vieillard encore plus seul et malade.

Avant dernier film de Luchino Visconti, "Violence et passion" serait en partie autobiographique.
Il faut connaître l'itinéraire personnel du comte Visconti, iss
u de la haute bourgeoisie milanaise et acquis aux idées progressistes lors de séjours en France, où il assiste le grand Jean Renoir et rencontre des immigrés italiens communistes.
Ainsi, le grand Luchino par la suite, sera le peintre (souvent somptueux) d'une classe dirigeante corrompue et prête à tout pour survivre aux ouragans de l'histoire.
C'est vrai pour "Les damnés", mais aussi pour "Le guépard",
impérissables chefs-d'œuvre que l'on voit et revoit avec un intérêt à chaque fois renouvelé.

Avec ce "Conversation piece" (le titre anglais), Visconti livre un véritable testament et nul ne doute que le film recèle une grande part d'autobiographie.
Il retrouve ici le grand acteur Burt Lancaster qui interprète ce vieux professeur solitaire dont l'existence va être chamboulée par l'arrivée, à l'étage supérieur, d'un groupe de personnes en total déphasage avec une vie ordonnée, celle d'un homme attendant tranquillement la fin.

Evidemment, c'est le personnage de Conrad, joué par Helmut Berger, le dernier amour (partagé) du cinéaste, qui capte notre attention : c'est ce jeune dieu qui va être à l'origine du bouleversement intérieur du vieil homme, exerçant sur lui une v
éritable fascination, la scène de la douche en étant l'élément déclencheur.
Une autre scène remet en question les certitudes du professeur : celle où il surprend, chez eux, les deux garçons et la fille dansant nus, enlacés.

Il ne faut pas oublier le personnage de la marquise Brumonti, incarnée par l'immense Silvana Mangano, épouse abandonnée d'un riche industriel dont Visconti nous laisse entendre qu'il est fasciste, femme de caractère, déboussolée néanmoins, dont Conrad est vraisemblablement le gigolo.
C'est elle qui installe de fait le désordre dans la maison et dans la
vie du professeur tout d'abord irrité puis séduit par cette "famille" excentrique.

"Violence et passion" est un film... passionnant à plus d'un titre : le soin mis, comme à l'accoutumée, par le "Maestro" aux décors, la qualité de la photo, le "casting" impeccable, le scénario ingénieux, le lourd climat qui plane en permanence, en font une oeuvre majeure d'un cinéma italien qui ne retrouva jamais la qualité de ces années-là.

On déplorera que le film reste inédit en DVD en France, les éditions e
xistant en Angleterre et, bien sûr, en Italie, ne comportant pas de sous-titres français.
Helmut Berger & Burt Lancaster, admirables.

* Cette interprétation (le synopsis est fourni par "Monsieur Cinéma") est étrange : on pense plutôt à une sordide histoire d'argent, liée à la drogue.

Fiche complète imdb : clic.

1 commentaire:

Daniel a dit…

Merci pour cette lecture plus intéressante que "on vous l'a caché à l'école dans le magazine TETU et pourtant j'aime cette rubrique bien écrite aussi mais à en croire ce que je lis on est en effet tous homos mais alors tous de chez tous mdr