Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


vendredi 24 février 2012

Rome : en revient-on jamais ?

 Il m'est une douleur en récurrence : quitter Rome.
A l'issue de chaque séjour, une angoisse m'étreint : et si je ne devais jamais y revenir ?
Faut-il, à chaque visite, renouveler le geste qui consiste à jeter une pièce par-dessus l'épaule dans la Fontaine de Trevi ? Une seule fois suffit-elle ?
On ne percera jamais le mystère de cette ville unique au monde où le sacré le dispute au païen, des rites hérités des étrusques aux cérémonies chrétiennes du Vatican, des vestiges d'un passé glorieux sans cesse mis au jour à la multitude d'églises et de chapelles qui jalonnent le parcours quand on a décidé de se perdre, le nez au vent, allant de surprise en surprise, sans cesse émerveillé.
On retourne aussi là où l'on est allé mille fois, pour y découvrir autre chose : ainsi du Moïse de Michelangelo que l'on vénère, œuvre gigantesque unique au monde, laquelle vous offre, à chaque nouvelle visite, des aspects jusque là inconnus.


Pour s'éloigner de la Rome de Jules II, s'encanailler, se faire des frayeurs, se prendre un moment pour Pier Paolo Pasolini, on fait un détour, en regagnant l'hôtel, par la Stazione Termini (la gare principale) ; regards en coin sur le garçon qui semble s'attacher à vos pas, un "ragazzo" typique, noiraud vêtu de blanc (en février !?) ; on suppute (sans jeu de mots, hein ?!) : gigolo ? loubard en quête d'un mauvais coup ?
Non, l'ombre de Pier Paolo rode, trop, encore, dans la foule interlope, et l'on ne succombera pas.
Après cette légère poussée d'adrénaline, on rentre à l'Albergo. Dans le hall, un bel éphèbe brun, déjà repéré au matin accompagnant ses grands-parents, triture son smartphone, absorbé tellement qu'on peut le photographier tranquillement, de loin : la photo sera un peu floue, mais suffira, en témoignage d'une beauté fugitive.

Avant de visiter la mostra Guggenheim au palais des Expositions de la Via Nazionale, j'ai observé d'autres ragazzi, dont l'un, plutôt beau, escalade un pilier pour s'offrir en spectacle à ses camarades.
Un autre, très "pasolinien" (encore !) baille aux corneilles avant même que ses professeurs ne lui aient infligé cette visite obligatoire : on traîne toujours les jeunes des écoles à des expos dont ils ne peuvent encore vraiment profiter.

J'en croiserai, à l'intérieur, un groupe apparemment plus intéressé, issu sans doute d'une école d'art.
Plus motivés, certes, mais beaucoup moins beaux.


...  pour s'offrir en spectacle à ses camarades.

Un autre, très "pasolinien"...



2 commentaires:

Roland a dit…

Pourquoi ne pas les accompagner à la fontaine de Trevi ?

Olive a dit…

Comme je te comprends... quitter la ville est une blessure qui ne se referme que lorsqu'on est y de retour...
Mon dernier voyage date de juillet dernier et il me tarde d'y revenir.