Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


dimanche 10 janvier 2016

Karol Szymanowski, un gay génie

Karol Szymanowski à 15 ans - Bibliothèque universitaire de Varsovie
Karol Szymanowski Maciej (1882 - 1936) est l'un des compositeurs les plus importants de la musique du XXe siècle. Il est intéressant non seulement pour sa musique, mais aussi parce qu'il était un homosexuel notoire ; son développement artistique est clairement liée à son orientation.
C'est au cours de ses voyages en Sicile et en Algérie qu'il découvre son homosexualité. Rentré en Europe après cette révélation, il tombe amoureux de Boris Kochno qui devient son amant avant de collaborer (et plus encore) avec Serge Diaghilev.
Szymanovski ne fera jamais mystère de ses inclinations, dédiant à son cher Boris tout un chapitre de son roman Efebos, chapitre intitulé Symposion.
Suite à un incendie, le roman a été détruit ; seul le chapitre concernant Kochno a été sauvé.
Pour écrire son roman, Szymanoski s'éloigne de la composition pendant deux ans, de 1917 à 1919.
Boris Kochno, le Grand Amour
Il y revient (heureusement pour la musique), produisant une somme d’œuvres qui en font un compositeur très important du 20è siècle, influencé, les premiers temps, par Mahler, Wagner et autres grands Viennois (il réside d'ailleurs à Vienne pendant plusieurs années) puis par la musique française (Debussy et Ravel au premier chef). Il compose notamment un Opéra très "gay", Le roi Roger, mais aussi un très beau Stabat Mater, quatre symphonies dont la dernière est dédiée au pianiste Arthur Rubinstein, son compatriote. On lui doit également de nombreuses musiques de ballet dont certaines pour les Ballets Russes de Diaghilev.
Né en Ukraine, mais de nationalité polonaise, c'est à Lausanne que, tuberculeux depuis l'enfance, ce grand musicien (de grands critiques et musicologues le tiennent pour un génie méconnu !) s'éteint en 1936.
Malgré son homosexualité assumée, Karol Szymanovski eut droit, de son vivant, à la reconnaissance de ses pairs et de son pays, où lui fut décernée, à titre posthume, la Grand Croix de l'ordre Polonia Restituta, l'équivalent de notre Grand Croix de la Légion d'Honneur. 
Pour l'anecdote, il avait prévu de placer son cœur près de celui de Chopin en l'église Sainte Croix, mais le cœur fut brûlé lors de l'insurrection de Varsovie en 1944.

Billet - en musique - suivant : Préludes op.1, n° 8 et 9. 
Demain à 18 h, un "nu" signé Szymanovski. 

Szymanowski à 18 ans
Diverses sources pour ce billet, dont l'important travail de Colin de la Motte-Sherman pour Erato.
Les erreurs éventuelles seraient dues à ma piètre maîtrise de la langue anglo-saxonne.
J'ai fait appel à mes souvenirs scolaires pour traduire les textes en langue germanique.
Pour l'italien, ce fut plus facile.
Silvano

6 commentaires:

Roland a dit…

Merci pour cette page d'histoire,qui compense les malheurs liés à la guerre. Karol a sa place dans nos cœurs. De génération en génération, notre cœur sera le tombeau le plus sûr.

Anonyme a dit…

Merci Silvano ! Une grande découverte !
Puis-je oser vous demander l'autorisation de traduire votre texte pour mon blog ? Je pense que ce serait une découverte pour beaucoup d'autres lecteurs dans le monde.
De tout coeur,
Jérôme

joseph a dit…

Pour mon professeur de violon, ses oeuvres pour cet instrument étaient d'une haute tenue surtout point de vue virtuosité! je ne doute cependant pas un instant que la sensibilité de l'instrumentiste ne soit aussi mise à rude épreuve!

Silvano a dit…

Vous pouvez, Jérôme !

Anonyme a dit…

Il existe en web des memoires ou souvenirs de Szymanowski et son séjour en Sicile? si oui le Linck s'il vous plaît.
Catania

Mélomaniaque a dit…

Passionnant, merci beaucoup.