Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


mardi 12 juillet 2016

"Agostino", film sulfureux et rare

Inceste, homosexualité, pédérastie (et aujourd'hui, on emploierait plutôt le terme "pédophilie" !)...
On ne manquait pas d'air dans l'Italie des années 60.
Témoin ce film de Mauro Bolognini, d'après Alberto Moravia, où l'on assiste au passage de l'enfance à l'adolescence du jeune Agostino qui donne son titre au film.
La production et la diffusion de ce genre de film serait impossible de nos jours, ou, tout au plus vouée aux circuits parallèles.
On sent d'ailleurs que Bolognini, qui n'était pas un "petit" cinéaste, est mal à l'aise avec son scénario. Évoquer la sexualité adolescente est très casse-gueule, et il faut l'adresse d'un Téchiné, chez nous, pour éviter les embûches inhérentes à l'exercice : à quel âge commence la sexualité, et à quel âge est-il acceptable de la montrer sur un écran ? Ces questions habitent l'auteur d'Agostino, auxquelles il est bien incapable de répondre ; en toute logique.
On appréciera le lieu de tournage, Venise et son Lido, admirablement photographiés en noir et blanc, que Visconti magnifiera quelques années plus tard.
Dans le rôle de la mère, Ingrid Thulin, que l'on retrouvera dans Les damnés, chez Visconti également.
Curieux film, en tout cas, où l'on oscille entre Luchino V. (le Palace où résident le garçon et sa mère, le Florian de San Marco) et Pier Paolo Pasolini pour la peinture des ragazzi perdus de la lagune, le tout sur la première Gymnopédie de Satie allègrement pompée par Rustichelli, et sans mention du compositeur original au générique.
Un ofni (objet filmé non identifié), donc, donné ici en version originale d'après une cassette VHS, d'où la qualité relative : le film n'est pas disponible sur un autre support.
Si l'on comprend quelque peu la langue de Dante, et si l'on n'est pas rebuté par le sujet, on passera 82 minutes pas inintéressantes : 


Synopsis :
Agostino, jeune garçon de 12 ans, éprouve une passion à la limite de l'inceste envers sa mère. Ils passent ensemble un mois de vacances à Venise. Renzo, l'amant de circonstance de sa mère, bouleverse la vie affective du jeune garçon qui la pensait inaccessible au désir et tout à lui. Le garçon, par défi, se lie avec une bande de ragazzi, gamins de la lagune, livrés à eux-mêmes, et qui ont pour chef Saro, un homme qui est attiré par Agostino. Cela provoque une forte jalousie du jeune amant de l'homme et entraîne les moqueries des garçons de la bande. Cet été sera pour Agostino un passage de l'enfance à l'adolescence et une perte de ses illusions.

6 commentaires:

paul c. a dit…

Je suis étonné ,Silvano, que vous tendiez à assimiler pédérastie et pédophilie.
La pédérastie (ou plûtot éphébophilie) est l' attirance sexuelle pour des garçons pubéres ayant atteint la majorité sexuelle ; elle est légale , s'il y a consentement bien sûr.
La Pédophilie est l' attirance sexuelle pour des enfants , c'est à dire non pubéres et n' ayant pas atteint la majorité sexuelle ; elle est illégale .
Les pédérastes sont rarement pédophiles et inversement .

Silvano a dit…

Loin de moi l'idée d'assimiler, paul c. : j'écrivais simplement qu'à cette époque (années 60), le terme "pédophilie" n'était pas usité ; la "pédérastie" englobait faussement toutes les tendances.
Aujourd'hui, fort heureusement, cette confusion est moins répandue, même si elle subsiste (quelques fois sciemment entretenue, suivez mon regard) ça et là.

joseph a dit…

paul C, je ne suis pas spécialiste en matière de code surtout français (en tant que belge s'entend) mais la majorité sexuelle ne vaut consentement qu'entre personnes non majeures, la majorité pouvant susciter des doutes quant au consentement (que des parents pourraient d'ailleurs contester); mais le cinéma a son lot de situations scabreuses et Luis Malle est aux premières loges si on pense à "la petite" " et" le souffle au cœur" , et que dire du film ayant engendré des pleurs ...et chuchotements "Mourir d'aimer" de Cayatte si je m'en souviens bien! et je n'oublie pas Pasolini mais son "1001 nuits est onirique surtout !

paul c. a dit…

Joseph
Dans la situation que vous évoquez , les parents pourraient effectivement contester et poursuivre l' adulte ,non pour la relation sexuelle mais pour détournement de mineur .

Silvano a dit…

Absolument, paul c.

joseph a dit…

Mais dans la culture grecque, je pense que l'adulte apportait au jeune l'éducation et le confort matériel lui permettant de s'épanouir et comme pensaient également les latins , lui créer un corps sain dans un esprit sain !j'ai surtout réagi à cause de l'emploi du terme légal qui peut prêter à confusion!