Depuis une dizaine d'années, le tandem Olivier Ducastel/Jacques Martineau apporte au cinéma français un vent de fraîcheur tout en prenant en compte la tragédie du Sida.
De film en mode "Demy" (Jeanne et le garçon formidable) en saga d'amitiés et d'amours (Nés en 68), le duo de cinéastes dresse un portrait sans pathos de la société française, abordant notamment la comédie (Crustacés et coquillages) d'une manière dont on aimerait que les autres productions françaises du genre puissent s'inspirer.
Tous les films du tandem font référence, peu ou prou, à l'homosexualité : dramatique dans "Nés en 68" ou plus drôlatique dans "Crustacés...".
"Drôle de Félix", en 2000, était une "road movie" ou un jeune beur gay (double tabou mis à bas) parcourait le pays à la recherche d'un père absent : le film n'a pas pris une ride, drôle et tendre, où Sami Bouajila se révélait en acteur inspiré.
Pour leur troisième opus, "Ma vraie vie à Rouen", nos duettistes jouaient la carte de l'intimisme avec une histoire en "journal de bord" filmé par le principal protagoniste.
Selon Télérama, "ce jeune garçon plein d'élan qui ne sait où s'élancer, toujours solitaire sur la glace, Ducastel et Martineau savent le regarder, le révéler, le rendre émouvant. A travers ce qu'il filme, mais aussi en jouant sur les moments où sa caméra ne tourne pas pour gagner de la vitesse, du mystère, de la pudeur. Sous l'apparence de la spontanéité, leur mise en scène est un exercice de sensibilité, de précision."
Dernière œuvre de notre duo, "Nés en 68", outre qu'il nous apprend que Laetitia Casta est une excellente actrice, nous permet de suivre les amours, les utopies, les drames d'un groupe de personnages attachants dans une France prise dans les méandres de l'histoire, de la semi-révolution de mai à l'arrivée au pouvoir, par un autre mois de mai, de celui qui, précisément s'est mis en tête de "liquider l'héritage de 68".
Il y a bien sûr quelques naïvetés dans cette première partie qui dépeint l'installation en milieu rural de cette bande composée de ce que l'on désignerait aujourd'hui du terme fourre-tout de "bobos" idéalistes, tendant vers la même utopie.
Beaucoup perdront leurs illusions, d'autres connaîtront une destinée tragique, se radicalisant.
Les enfants nés de ces amitiés amoureuses, eux, seront confrontés aux années-sida, celles où beaucoup, dans ma génération, furent amenés à battre, en lancinante répétition, les pavés des cimetières.
Le film évite toutefois les écueils, dont celui de sombrer dans le pathos.
Il est servi par des acteurs remarquables, très impliqués, et une dame Casta que l'union avec l'excellent acteur italien Stefano Accorsi a visiblement transcendée.
Nous en recommandons vivement le DVD (TF1 vidéo)
Et les 4 autres films, dont aucun ne déçoit.
hormis "Nés en 68", je les ai tous aimés. Le plus fou et le plus entraînant reste "Crustacés et coquillages" que j'ai vu plusieurs fois.
RépondreSupprimerMais j'aime beaucoup également drôle de Félix, très attachant. Plus circonspect, en revanche, devant Ma vraie vie à Rouen qui laisse un goût d'inachevé.
"Ma vrai vie à Rouen" a un côté "non professionnel" que j'aime bien ; une fraîcheur.
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