On pouvait craindre le pire : une seule salle en mouchoir de poche à Paris pour découvrir ce film tourné en 2008 et sorti en mai dernier, ayant eu visiblement beaucoup de mal à trouver un distributeur.
On redoutait l'une de ces productions qui finissent au rayon "Gay/Lesbien" des grandes surfaces "culturelles", là où Pasolini côtoie le dernier porno "soft" américain.
Fauché, certes, ce "petit" film parvient à toucher, parfois, au cœur ; il aborde des sujets (trop ?) comme la pratique homosexuelle dans les pays du Maghreb (dont on voit qu'elle plus aisée chez les "csp+" !), l'intolérance ou le coming-out familial.
Malheureusement gênés par une qualité de projection assassine (Le Brady de J.Pierre Mocky, salle dite "le studio"), on n'aura pas le loisir d'apprécier les beaux paysages tunisiens, louchant sur les acteurs nimbés d'un flou qui n'a rien d'artistique.
Le Fil finalement s'avère bonne surprise, permettant surtout de revoir cette chère Claudia Cardinale qui traverse le temps avec grâce et possède l'une de ces voix grainées de tabac qui résonnent en tête longtemps après le mot "fin".
On retrouve ici Salim Kechiouche (Bilal) que l'on semble cantonner à des rôles de garçon gay, un peu comme Edouard Collin dans un autre registre.
Il y est très juste en jeune prolo amoureux du personnage principal, Malik, interprété par un Antonin Stahly Vishwanadan pas toujours crédible.
Là où le bât blesse, c'est que l'auteur se croit obligé de placer ça et là quelques clichés "gays" de nature à faire fuir un public pas spécialement branché sur ces questions : une scène de baise bien sordide dans un sous-sol (ou un garage) pour nous montrer que Malik drague en ville avec succès, se révèle totalement inutile et casse le rythme du film.
La découverte de son fils au lit avec un autre homme par une mère est aussi un classique, de surcroît mal traité ici.
Ces réserves étant faites, on est loin du "navet" redouté.
Ah, Claudia !
François Forestier, dans l'Obs résume bien mon avis de non-professionnel de la critique :
"Comment dire certaines choses à sa mère ? A 30 ans, Malik revient en Tunisie après la mort de son père et n’arrive pas à faire son coming-out. Alors qu’il tombe amoureux de Bilal, les choses changent : brusquement, tout se met en place et une nouvelle morale s’installe pour les trois personnages… Mehdi Ben Attia aborde le sujet avec gravité et tendresse et, surtout, laisse respirer les images. Le temps est celui du soleil, d’un certain plaisir méditatif, d’un bonheur qui arrive. C’est touchant et raconté avec conviction. Et quel plaisir de retrouver Claudia Cardinale et son sourire lumineux."
Et l'on ne s'étonnera pas de celle du Figaroscope sous la plume douteuse de Colette Monsat et (ou ?) Hugo de Saint-Phalle (si !) :
Une bluette homosexuelle, dont le but naïvement affiché est de prêcher l'hédonisme décontracté et la tolérance béate en Tunisie.
On peut donc y aller !
A la limite, même si je suis un fervent lecteur du Nouvel Obs, la critique pédante et négative du Figaro me donne davantage envie de voir le film... Une bluette, j'y cours !
RépondreSupprimerDans un autre genre, plus léché, A Single Man de Tom Ford m'a beaucoup touché (en dépit de quelques faiblesses scénaristiques et d'un côté pub Vogue). Je ne sais plus si vous en avez déjà parlé.
@kynseker : 1)On a des goûts et des dégoûts communs à foison, je vois.
RépondreSupprimer2) Je ne l'ai pas vu ; je chroniquerai le DVD.
Bon, étant donné que les critiques sur blogs "autorisés" sont loin d'être assassines, voire plutôt encourageante, j'irai le voir s'il passe encore en salle sur Toulouse.
RépondreSupprimerJe l'ai vu aux Halles...
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