vendredi 10 décembre 2010
Claude Nougaro, homme pluriel et singulier
Un sale 4 mars 2004 disparaissait le chanteur-poète, laissant les amoureux d'une langue française en déshérence inconsolables.
Jongleur de mots, boxeur de rimes, homme-jazz, taureau bondissant, animal scénique, l'homme à la voix de stentor laisse quelques unes des plus belles pages de la chanson française moderne; moderne plus que jamais.
La bête un jour fut laissée pour morte par une maison de disques ingrate, pour mieux renaître de ses cendres avec un "Nougayork" en pied-de-nez à la face des industriels du microsillon : c'était en 1987, année où toute une jeunesse découvrait ce chanteur qui avait su rester un enfant, en lequel elle se reconnut.
Le chanteur viril aimait à revendiquer sa part de féminité et lui, le Don Juan qui célébra la femme, ne fit jamais jamais mystère d'années de jeunesse où il partagea aussi le lit d'autres garçons : il connut au pensionnat des amitiés particulières intenses et accomplies, à des années-lumière de celles, chichiteuses, écrites dans un style ampoulé par l'ineffable Roger Peyreffite*.
Jeune homme, il fut un fort beau garçon qui aima ses semblables au visage d'ange, de ceux, sans doute, que l'on se plait à exalter dans ces pages virtuelles.
Jamais il n'en conçut la moindre honte : Nougaro était d'honnêteté.
*A lire : "NOUGARO, une vie qui rime à quelque chose" d'Alain Wodrascka (L'Archipel éd. 2009).
Discographie : contrairement à un Gainsbourg, Nougaro ne mit guère l'homosexualité en chansons; tout au plus se borna-t-il à n'en évoquer que le côté "ludique" ("Le Chat" en 1981 ou "Rue de Douai", même année, dans laquelle, une nuit, il emboîte le pas d'un être mi-fille mi-garçon).
4 commentaires:
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Pour Peyreffite, je dois avouer que je n'ai été ni touché ni emballé par son style. Au livre, je préfère grandement le film (avec l'immense Michel Bouquet). Quant à ses autres opus, soit ils ont un mauvais arrière-goût soit ils sont passablement ennuyeux.
RépondreSupprimerQuitte à faire dans les amourettes adolescentes, je préfère les fulgurances d'Eric Jourdan et de ses Mauvais Anges. Et ses autres écrits se lisent toujours aimablement.
Sinon, sur Nougaro, j'écoutais ça petit et puis j'enchantais les dimanches familiaux en jouant Amstrong à la trompette...
Le film est très fadasse malgré Bouquet : je me suis attiré les foudres d'antiques thuriféraires dans la chronique que je lui consacrai ici (fouillez un peu, si vous avez le temps...).
RépondreSupprimerJe n'ai jamais aimé Nougaro, ni sa voix aux accents de garçon des champs mal dégrossi que certains s'évertuent à trouver mélodieuse, ni la plupart de ses textes que j'ai l'outrecuidance de trouver faciles. Sa musique ne m'a jamais fait rêver, ses harmonies ne m'ont jamais fait voyager, sa disparition ne m'a pas ému... Je suis un Toulousain indigne.
RépondreSupprimer@TM
RépondreSupprimerJe le vénère, vous n'aimez pas.
Je ne saisis pas le but.
Voulez-vous commenter pour le plaisir... de ne pas me faire plaisir ?
Si ça vous... chante...