L'adaptation d'une œuvre littéraire (ici, le Goncourt 1970 inspiré lui-même par le poème de Goethe) est toujours périlleuse.
Si le film de Volker Schlöndorff que l'on revit l'autre soir résiste assez bien au temps qui court, il le doit beaucoup à l'interprétation de John Malkovitch en Abel Tiffauges illuminé, "ogre" de circonstances qui réalise trop tard que les enfants qu'il a enlevés à leurs famille pour, pensait-t-il, faire leur bonheur, ne sont en fait destinés qu'à devenir les derniers "soldats" du IIIème Reich en déroute, ultime chair à canon de la grande tragédie du siècle dernier.
Le film du cinéaste allemand (auquel on préfère son "Tambour" de 1979) est bien photographié, soutenu par une très belle musique originale de Michael Nyman, mais ne saurait restituer le climat trouble qui nimbe le roman de Tournier qu'il faudra relire sans attendre.
Il y a quelques scènes épatantes cependant, comme celles qui présentent un Goering qui symbolise à lui seul le régime nazi : complètement allumé, inculte, velléitaire, cupide, inhumain, le deuxième personnage du Reich, qui fut l'un des artisans de la "solution finale", est ici incarné par un Volker Spengler adipeux à souhait.
Enfin, le film contient un passage hautement pédérastique (la formation des jeunes recrues) où la caméra s'attarde avec complaisance sur le corps de préadolescents qui devraient ravir les amateurs.
Comme dans le roman, on laisse planer le doute sur les motivations réelles du héros (ou de l’antihéros) qui dit son amour des garçons.
Ambigu.
(DVD chez FPE)
Ambigu, dit-il ?
Ambigu, dites-vous ?
Si on pouvait faire le même entrainement sportif à l'école, dans les valeurs de la République bien sûr, ils ont l'air de bien s'amuser.
RépondreSupprimerIl y a quelque chose qui m'ennuie dans ce film c'est le style de musique nazi justement , c'est trop en décalage avec l'ambiguïté pédérastique . Au style de l'armée , je lui préfère une version autre et adulte de Claire DENIS ; " Beau travail " , chacuns ses goûts mais ce passage ne m'a pas laissé indifférent , alors merci quand même !
RépondreSupprimer@Daniel22000 : c'est à dessein que j'emploie par 2 fois le terme "ambigu".
RépondreSupprimerOn est à la fois charmé et mal à l'aise.
C'était le but, semble-t-il.
Is this from "Before The Fall" ?
RépondreSupprimer@throb919 : english title is "The Ogre"
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