Dimitri Durdaine et Stéphane Rideau
"Leur" paradis ne nous fait guère envie...
Synopsis :
Vassili, prostitué vieillissant aux pulsions criminelles, trouve un jeune homme inanimé dans le Bois de Boulogne et le recueille chez lui. Les deux hommes, devenus complices et amants, se prostituent ensemble et volent leurs clients.
Ca, c’est terrible !
Vous sortez de la projection d’un film, ne sachant encore qu’en penser -car vous savez tourner sept fois votre doigt au-dessus d’un clavier avant de cliquer-, et vous tombez à nez à nez avec son auteur !
D’abord, vous lui dites « bravo », parce que faire un film, l’enfanter, le mettre au monde par les temps qui courent, et surtout avec un sujet aussi casse-gueule, doit relever d’un parcours du combattant qui mérite l’admiration.
Quand l’auteur en question, Gaël Morel, vous dit qu’il lira votre « critique » dans Gay Cultes qu’il vient justement de découvrir, vous vous dites : « ouille ouille ouille, je l’ai aimé son film, ou pas ? ».
Vous vous bouchez les oreilles quand l’ami qui vous a accompagné en salle obscure donne son appréciation ; vous présumez que, de toutes façons, l’avis de l’auteur d’un blog ayant, certes, quelques adeptes mais point assez pour rivaliser avec ceux qui font le « buzz » ne va pas remettre en question la carrière de cet objet filmique pas vraiment identifiable.
Car on touche là à la caractéristique principale de ce « Notre paradis » d’une épaisse noirceur dont la principale qualité est d’éviter l’écueil du sinistrement glauque qui l’attendait en embuscade au détour de chaque scène voire de chaque plan.
Ce n’est pas un mince exploit que de l’avoir franchi avec un sujet aussi casse-gueule, déjà maintes fois exploité en cinéma « ordinaire » : sérial-killer psychopathe + l’amour s’en mêle + cavale (laquelle ici n’en est pas vraiment une, mais bon, c’est compliqué).
Si je dis « non identifiable », c’est que l’œuvre en question semble se chercher entre tragédie grecque, film noir et film gay pour gays -mon principal reproche, en fait ; mais ça c’est moi : je deviens claustrophobe quand, au cinéma, je me trouve entouré d’un public par trop uniforme.
On a plaisir à retrouver ici un Stéphane Rideau dont ce n’est pas la première collaboration avec le cinéaste : vieilli, épaissi (au sen propre et au sens figuré), le Serge des Roseaux Sauvages auquel Morel, fidèle, donne le rôle principal en prostitué sur le retour animé de pulsions meurtrières, montre, la plupart du temps, des qualités d’acteur indéniables (on émettra quelques réserves sur deux ou trois scènes où il force un peu le trait), le hic étant qu’il se fait voler la vedette par son jeune partenaire, Dimitri Durdaine, beau à faire se pâmer une assemblée de garçons sensibles, c’est à dire la majorité des spectateurs (nombreux) présents, dimanche, en salle obscure du quartier des Halles.
Cela étant posé, on pourra apprécier de diverses façons selon sa sensibilité et ce que l’on aime voir au ciné, cette suite de scènes ultra-violentes qui vous dégoûte à jamais, si tant est qu’on en ait eu l’idée, d’avoir recours à des relations « tarifées ».
Apprécier dans toute sa splendeur la nudité judicieusement filmée de l’ange Durdaine, ça se mérite, dites-donc !
On a envie d’aimer le dernier opus de Gaël Morel qui est loin d’être un mauvais film.
On n’y parvient pas vraiment, ne pouvant s’empêcher de se référer à d’illustres prédécesseurs dans le genre, « L’appât » de Bertrand Tavernier ou "J'embrasse pas" d'André Téchiné ayant valeur d’exemple.
On peut ne pas apprécier le ton même du film, sa violence permanente que vient à peine tempérer la relation amoureuse qui lie les deux principaux protagonistes, on peut verser une larme sur le charme perdu de Béatrice Dalle et relever ça et là quelques invraisemblances, quelques maladresses.
On ne peut reprocher, en tout cas, à « Notre Paradis » un manque de sincérité.
Est-ce suffisant ?
Chacun s'en fera une idée.
Est-ce suffisant ?
Chacun s'en fera une idée.
D'autres sont moins mesurés dans leur appréciation:
RépondreSupprimerhttp://patrickantoine69.blogs.com/chocolat_ou_caf/2011/10/notre-paradis.html
Je commence à hésiter, moi ! Heureusement que le film ne sort que dans 15 jours dans ma bourgade, ça donne le temps de réflechir...
@kynseker : pour un "critique", il est plus difficile d'écrire un article "mesuré", c'est bien connu.
RépondreSupprimerCela dit, relisant ce texte 48 heures après l'avoir écrit, je me trouve plus indulgent qu'à l'ordinaire : peut-être suis-je dans une période "rose"...
Ou peut être avez vous hésité à trop critiquer par respect pour l'auteur ?
RépondreSupprimerUn film gay pour les gays, c'est pas mon truc non plus. Et aller voir un film juste pour son bel acteur, c'est un peu ridicule.
@ Leav :
RépondreSupprimer1)Il y a un peu de ça, c'est vrai.
2)Moi non plus.
3)Oui, je ne dis pas autre chose.
Drolement habile.
RépondreSupprimerC'est un film où je me suis ennuyé ferme... peut-être parce que je ne suis pas sensible aux charmes du jeune acteur aux lèvres ventouses dont le jeu et le charisme sont inexistants.
RépondreSupprimerReste Stéphane Rideau que l'on aime voir vieillir de film en film et qui à défaut d'être un immense acteur possède une présence et un magnétisme indéniables.
Reste également l'idée de départ d'un tapin vieillissant qui a du mal à accepter de ne plus plaire. Je trouve que d'exploiter cette idée pourrait faire un film formidable. La difficulté d'accepter son âge pour les gays a fortiori quand on fait la pute et que la situation économique en dépend. Mais pour moi le sujet est traité de façon abracadabrantesque et on ne croît pas du tout à cette cavale. Dommage, j'aimerai tant revoir Stéphane Rideau dans un bon film gay.
@Anonyme : je publie, car c'est intéressant, mais pourquoi l'anonymat ?
RépondreSupprimerEn général, je ne publie pas les commentaires "anonymes".
"abracabrantesque" : on vous a reconnu, M. Chirac !
Le néologisme est de Rimbaud et non de Chirac. Désolé pour l'anonymat... Je ne le ferai plus. A.R. ;)
RépondreSupprimer"Le néologisme est de Rimbaud et non de Chirac" : je ne dis pas le contraire.
RépondreSupprimer"Je ne le ferai plus."
Merci.
A Saint-Brieuc , ma ville , on ne diffuse pas Gaël MOREL ... Je me suis contenté de : We Need to Talk About Kevin et j'ai aimé le style , j'aime assez la violence , pas la violence pour la violence mais je pense que la vie est dramatique et que de vivre l'ai encore davantage et n'est pas à prendre à la légère ( Elephant de Gus van sant ) , d'autant plus quand on a une différence. [...]
RépondreSupprimer@Daniel : je me suis permis de couper votre texte ; avant la foire d'empoigne de la présidentielle, je ne veux transformer Gay Cultes en forum politique.
RépondreSupprimerSylvano pour ce qui concerne la politique , je te donne entièrement raison , même si j'aime ça , ça devient à bout de souffle !!
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