Au cours de ma onzième année, comme nous étions en vacances chez la grand-mère au cœur d'un août brûlant, je poussai un matin la porte de la chambre de mon grand-frère. Lui n'y était pas, mais un ange brun occupait le lit, un Jean-Jacques de dix-huit ans que le drap blanc couvrait à peine jusqu'à la naissance d'une brune toison. La peau était rose, pas encore brunie par le soleil du midi. Un bras était replié sur le front, les lèvres me semblèrent d'un rouge-vif; le haut de son corps, offert à mon regard, se soulevait lentement, métronomique-ment, au rythme de sa respiration; l'épiderme était souple, lisse, velouté, en appel irrésistible à la caresse.
Une jambe dépassait du lit, le pied reposant sur le sol de ciment brut; la cuisse était ferme, épaisse, le genou était fort, où subsistait une trace d'un récent accident de "Solex", le mollet musclé s'abritait sous une fine couche de poils bruns qui bouclaient un peu si l'on remontait.
Pétrifié, j'ouvrais des yeux ronds, là, sur le pas de la porte.
Le jeune homme a ouvert brièvement les yeux, juste assez, je crois, pour m'apercevoir le détaillant avec passion.
Devant le café noir, peu après, dans la salle commune, j'ai cru intercepter un clin d’œil qui me hante encore.
Heureux premiers pas d'une orientation qui s'est affirmée.
RépondreSupprimerCela fait renaitre la nostalgie d'un certain récit du lundi matin, vous décrivez si bien les corps et les sentiments que l'on s'y croirait.
RépondreSupprimerMerci, M'sieur Leav.
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