Tard dans la matinée, nous nous décidions à partir pour la plage.
Je n'aime pas la plage : j'y allais pour ne pas briser le rêve, pour te plaire, pour rester avec toi.
Nous faisions un drôle de tandem, toi le sportif tout en muscles aussi blond que j'étais brun, et moi l'intello, l'artiste frêle, pas encore épaissi de mes ripailles futures.
Je restais sur le sable, livre en main, pendant que tu évoluais tel un dauphin dans les vagues bleues.
J'attendais que tu en émerges, altier, pour t'admirer dans ta plénitude de jeune mâle qui a tout vaincu.
Tu venais vers moi, sourire aux lèvres, ce sourire indulgent, doux, carnassier parfois, la nuit, avant tes ruades.
Tu hurlais : "Tu te baignes pas, femmelette ?"
J'avais honte ; je pensais que tous ces gens, autour de nous, me regardaient et se moquaient de la "femmelette".
Je disais : "T'es dingue, elle est trop froide !"
Et tu venais, au dessus de moi, t'ébrouant dans une danse tribale, m'asperger de milliers de gouttes salées qui, ainsi, voyageaient de ta peau à la mienne.
Je faisais mine de m'en offusquer.
C'était délicieux pourtant.
Silvano
Il est tout aussi délicieux, je trouve, ce fameux « femmelette »… Le sous-entendu n’est ni graveleux, ni insultant, mais plus dans l’affirmation affectueuse d’une situation volontairement étalée en public. Cet homme – et il faut l’être – n’avait pas plus peur de l’eau que des regards, pouvant être encore plus froids. C’est en tout cas une bien jolie scène de genre (qui est assez le mien) et très joliment tournée. Merci pour cet ensoleillement.
RépondreSupprimerEnfin des textes comme tu sais si bien les écrire. On en veut plus souvent, merci(lvano).
RépondreSupprimer