Il régnait dans la maison un parfum de lavande.
Elle s'est essuyé les mains,rougeâtres, sur son tablier : "Il veut pas se lever. Essayez, vous ! Je vous souhaite bon courage !"
Nino m'avait dit de passer à neuf heures : "On ira se baquer aux "contrebandiers", et on ira manger un pan-bagnat au kiosque, d'ac. ?"
Et j'avais dit "ok" parce que j'étais super content de cette première sortie avec lui, rien que tous les deux.
"Vous êtes sûre ?", j'ai dit à sa mère.
Elle m'a dit "je suis en plein travail, moi je n'insiste plus, débrouillez vous", et, du menton, elle m'a désigné le porte de la chambre de Nino.
J'ai frappé doucement. Rien.
J'ai tourné la poignée en laiton et je suis entré. Je l'ai vu, allongé de tout son long sur le lit, entièrement nu. Je me suis demandé où il allait se baigner : son corps était uniformément halé. Pas un de ces bronzages cuivrés de maître-nageur, non, une jolie couleur pain-d'épices, une harmonie totale ; je remarquai les fesses rondes, glabres, que je ne sais quel frisson avait rendues légèrement granuleuses.
Je l'ai contemplé le plus longtemps possible.
J'ai émis deux ou trois raclements de gorge puis me suis décidé : "Nino, c'est moi ! Tu m'as dit de venir à neuf heures, tu te souviens ? ", j'ai dit à mi-voix.
J'ai entendu un grognement et "je sais, je suis réveillé, qu'est-ce-que tu crois ? ".
Et Nino s'est retourné en riant aux éclats. Sans la moindre pudeur, il exhibait avec fierté sa vigueur matinale, me prouvant ainsi qu'il m'avait perçu, compris, approuvé, sans que j'aie eu besoin de le séduire. On avait évoqué les sexualités différentes, hier soir ; il avait dit cette banalité "chacun prend son plaisir comme il veut", et j'avais entendu, moi, "y a pas de mal à se faire du bien", et je savais qu'avec lui, c'était gagné.
Maintenant, sa nudité victorieuse de tout jeune homme, il me l'offrait fièrement.
J'ai fait un pas vers le lit. Il a mis un doigt sur ses lèvres, faisant un signe vers le salon où sa mère s'acquittait des tâches quotidiennes. "Je bois un café, et on démarre. On passe chez toi, d'abord, si tu veux.".
Après, on a pris nos cyclomoteurs et on est allés au studio. Nous ne nous sommes pas baignés ce jour-là.
Silvano- Avril 2012
Il faudrait rattraper ce délinquant qui nous vole notre jeunesse. A moins qu'elle ne nous appartienne pas, qu'on ne fasse que la louer, la vieillesse en étant le paiement à crédit.
RépondreSupprimerBref, quoi qu'il en soit, merci de ce plaisant récit, vos histoires me font toujours sourire. Et toujours si bien illustrées !
@Leav : je m'empourpre...
RépondreSupprimer