J’aime Florence, la
ville de Laurent le magnifique où je vais, de temps à autre, pour retrouver
Nino. Il est une statue aux « Offices » que j’aime cajoler des yeux à
chaque séjour en Toscane. Elle me console de n’avoir conservé de lui la moindre
photographie, aucune trace, si ce n’est celle que garde, faillible, ma mémoire.
Il se peut que j’idéalise mon amour de jeunesse, qu'importe !
Son « double » est un Apollon "de l'Omphalos", de marbre pentélique, copie romaine d’un bronze grec datant du quatrième siècle avant Jésus Christ.
Son « double » est un Apollon "de l'Omphalos", de marbre pentélique, copie romaine d’un bronze grec datant du quatrième siècle avant Jésus Christ.
Le dieu pétrifié a de
Nino la même corpulence, la même taille, la même musculature, puissante,
sèche, sans excès.
Je m’assieds sur la
banquette en vis-à-vis et contemple mon Nino statufié, éternel. J’ai rêvé, l'autre
nuit, que les « Uffizi » s’étaient vidés de ces cohortes de touristes
pressés et bruyants qui s’y pressent en toute saison. Je marchais, seul, dans
la galerie jusqu’à l’objet de ma passion. Je pouvais oser enfin l’approcher, je
le caressais, le couvrais de baisers. Au moment où je tentais de l’étreindre,
Nino-Apollon se désintégrait soudain en innombrables particules, poussière,
suie, cendres, je ne sais.
Je me suis réveillé pantelant, moite, extatique encore. Je me suis réveillé heureux de t'avoir retrouvé.
S.
Un moment précieux.
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