mercredi 4 décembre 2013

Oublier tout le monde



" Tantôt, un livre en main, errant dans les prairies,
J’occupe ma raison d’utiles rêveries :
Tantôt, cherchant la fin d’un vers que je construis,
Je trouve au coin d’un bois le mot qui m’avait fui ;
Quelquefois, aux appas d’un hameçon perfide,
J’amorce en badinant le poisson trop avide ;
Ou d’un plomb qui suit l’œil, et part avec l’éclair,
Je vais faire la guerre aux habitants de l’air.
Une table au retour, propre et non magnifique,
Nous présente un repas agréable et rustique :
Là, sans s’assujettir aux dogmes du Broussain,
Tout ce qu’on boit est bon, tout ce qu’on mange est sain ;
La maison le fournit, la fermière l’ordonne,
Et mieux que Bergerat l’appétit l’assaisonne.
Ô fortuné séjour ! ô champs aimés des cieux !
Que, pour jamais foulant vos prés délicieux,
Ne puis-je ici fixer ma course vagabonde,
Et connu de vous seuls oublier tout le monde ! "

Boileau - Épitre au président Lamoignon

3 commentaires:

  1. Antoine2larochelle4 décembre 2013 à 11:07

    Merci, cher Sylvano.Cette page est superbe, elle m'apporte un véritable et bienvenu réconfort dans une journée qui s'annonce pleine de contrariétés. Je souhaite plus de poésie dans Gay Cultes, qui reste mon rayon de soleil...

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  2. Les frimas actuels interdisent cet exercice. Nous lisons, un chat sur les genoux, au coin du feu.

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  3. suite du commentaire... j'occupe ma raison d'utiles rêveries , s'il n'y a qu'une phrase qui me touche au plus profond c'est celle là , des utiles rêveries alimentées par de belles images, de beaux récits , de chouettes musiques dont de beaux spécimens se rassemblent sur ce blog

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