“Par l’art seulement, nous pouvons sortir de nous,
savoir ce que voit un autre de cet univers qui n’est pas
le même que le nôtre et dont les paysages
nous seraient restés aussi inconnus
que ceux qu’il peut y avoir dans la lune.
Grâce à l’art, au lieu de voir un seul monde,
le nôtre, nous le voyons se multiplier,
et autant qu’il y a d’artistes originaux,
autant nous avons de mondes à notre disposition,
plus différents les uns des autres que ceux
qui roulent dans l’infini, et qui bien des siècles
après qu’est éteint le foyer dont ils émanaient,
qu’il s’appelât Rembrandt ou Ver Meer,
nous envoient leur rayon spécial”.
Marcel Proust
Pierre Soulages : triptyque, Musée des Beaux Arts de Lyon - Photo SDegroisse (c) Adagp |
sSuperbe définition ! Ah, ce petit Marcel ira loin !!!
RépondreSupprimerIl faut préciser que personne ne voit, lit ou entend la même œuvre. Chacun a son histoire, ses références, ses orientations culturelles et autres, et c’est par ce "soi" (totalement subjectif) qu’on aborde la proposition faite par l’art, en tant que vecteur de notre imaginaire personnel. Chacun recompose, réécrit, se restitue une image conforme à sa propre image. Il y a fécondation : l’œuvre étant la semence et notre âme sensible l’œuf. Ça ne marche pas à tous les coups parce que toutes les combinaisons ne sont pas compatibles. Enfin, si bien des aspects mis par l’artiste nous restent impénétrables, nous en percevons certains qui lui ont « échappés ».
RépondreSupprimerTrès brillant, Pierre. Ne sachant aussi bien l'exprimer, j'ai la sensation que votre réflexion vaut pour autre chose que l'art, pour nos rencontres avec l'autre et tout événement de la vie où on "recompose, réécrit, se restitue une image conforme à sa propre image", fécondant ainsi notre propre vie.
RépondreSupprimerMerci infiniment
Marie