La Salute tant aimée |
« C’est après la pluie qu'il faut voir Venise », répétait Whistler : c’est après la vie que je reviens m'y contempler. Venise jalonne mes jours comme les espars à tête goudronnée balisent sa lagune; ce n’est, parmi d'autres, qu'un point de perspective; Venise, ce n'est pas toute ma vie, mais quelques morceaux de ma vie, sans lien entre eux, les rides de l’eau s'effacent, les miennes, pas.
Paul Morand (Venises - L'imaginaire Gallimard)
Personnage douteux, convaincu de collaboration avec l'occupant, réputé antisémite et homophobe (ce qui n'apparaît pas dans cet ouvrage, loin de là !), entré à l'Académie Française en 1968 après que le Général de Gaulle a levé son veto, Paul Morand signe un très grand livre, sans doute ce qui m'a été donné de lire de plus passionnant sur la cité des Doges.
Mais l'ouvrage ne se réduit pas à cela : c'est un formidable panorama sur les grandeurs et misères de la première moitié du 20ème siècle, toujours rapportées à la Sérénissime où l'auteur, comme aujourd'hui Philippe Sollers, vient et revient se reposer des tumultes de l'époque.
Seule réserve, tout finit mal : le "vieux con" apparaît dans les dernières pages :
ah, ce monde moderne ! Ah, ces hippies noirs de crasse qui souillent le paysage ! Ah, Venise accessible à tous !
Indispensable néanmoins.
D'après Morand, Daniel Schmid avait réalisé Hécate qui n'était pas un chef d'œuvre.
RépondreSupprimerMais Giraudeau y était lumineux.
Celeos
Vous savez, vous aussi, nous communiquer la passion de Venise ; je suis contaminé !
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