mercredi 5 novembre 2014

Vincent Dedienne : oui, il se passe quelque chose !

D'entrée de (bon) jeu, Vincent Dedienne annonce la couleur : "je suis un peu homosexuel".
Et l'on s'apercevra, spectacle faisant, que ce "un peu" est euphémisme.
Si Dedienne se raconte tout au long (un peu trop : il gagnerait à le resserrer) de son spectacle, il brosse quelques portraits hilarants, de sorte qu'on est à cent lieues des "stand up" qui font l'ordinaire du "théâtre d'humour" à la mode du temps. Vincent Dedienne, ce n'est pas son moindre mérite, ose, prend tous les risques, enchaîne (parfois trop vite) les situations, ne recule devant aucun écueil, nous bluffe en insérant des "tunnels" à déstabiliser les plus aguerris, pour mieux rebondir, habile, facétieux, in-te-lli-gent !
L'homme est cultivé, on le constate à chaque virgule d'un texte bien écrit (une rareté de nos jours !) où les références - cinématographiques entre autres - se succèdent, en hommage à ceux et celles (surtout) qui ont déclenché sa vocation dès la plus tendre enfance. On est heureux de croiser Annie Girardot, de saluer avec lui Muriel Robin qui, il y a (déjà !) deux décennies, fit s'écrouler de rire la France entière avec les textes aux petits oignons du sous-estimé Pierre Palmade. On apprécie la révérence à Sylvie Joly, que les moins de vingt ans (les pauvres !)...
À l'heure où la facilité encombre le champ (ou le terrain vague, plutôt) "humoristique", Vincent Dedienne choisit un terrain plus ardu où il fait refleurir un "esprit" digne d'illustres prédécesseurs et nous rassure. Non, ce n'était pas "mieux avant" : le renouvellement arrive, ouf !
D'un enthousiasme à toute épreuve, Dedienne, parfois se disperse, emprunte des routes secondaires superflues, perd un instant son public, qu'il retrouve sans vraiment "ramer" au carrefour suivant. Ce sont là péchés de jeunesse qu'il saura sans aucun doute faire oublier. L'homme est bien entouré et conseillé : c'est Laurent Ruquier qui, en vigie attentive, a décelé ce talent, comme il découvrit Gaspard Proust.
Certains seront décontenancés, comme le furent (j'y étais) les premiers spectateurs de ce même Proust lors d'une de ses premières prestations, à Cannes, dans une obscure MJC : personne, même parmi ceux qui n'y comprenaient rien, n'osa quitter la salle, sentant qu'il se passait un truc, un je-ne-sais-quoi annonciateur d'un phénomène à venir !
J'ai un peu retrouvé ce climat dans la salle du Petit Hébertot l'autre soir : donc, ça promet !
Parisiens, partez à la découverte de ce véritable comédien (son sketch de la vieille actrice oubliée est un vrai grand moment !). Pour les provinciaux, pas de panique : une tournée est déjà prévue.
Silvano Mangana 

Jusqu'au 3 janvier 2015
Du mercredi au samedi à 21 h et le dimanche à 15 h.
Le Petit Hébertot, Paris 17ème
Location sur le site du théâtre : clic

Vincent Dedienne tient également chronique (La bio interdite) dans l'émission Le Supplément (Canal +, tous les dimanche à partir de 12 h 55. 


Vincent Dedienne : même ses parents exultent !


4 commentaires:

  1. J'ai beaucoup aimé sa chronique avec Eva Joly : merci pour le conseil, je vais y aller avec A.

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  2. Des parents très sympas. Je les veux !

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  3. @Arthur : je suis heureux que vous y alliez avec A., si, si !
    @Celeos : oui, on peut l'envier.

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  4. Je ne manque jamais ses bios dans le Supplément de Canal Plus. Il est très brillant et très drôle.

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