mercredi 8 avril 2015

À Verona (Vérone), la tentation bourgeoise (rediffusion)

... anciennement vassale de la Sérénissime... (Silvano)
À deux heures de train (omnibus) de Venise, Vérone, bien qu'anciennement vassale de la Sérénissime, est d'une toute autre Italie. Certes, les foules de visiteurs du mois d'août arpentent, cornet de glace en main, les rues et venelles du centre historique en direction du "balcon de Juliette", lieu symbolique mais fallacieux, qui n'est qu'un hommage rendu par la ville à l’œuvre de ce cher William. Les couples d'amoureux mal informés badent la -jolie, au demeurant- loggia, persuadés que les amants célèbres ont vraiment roucoulé dans ce cadre prétendument historique. Certains s'attendent peut-être à voir apparaître Leonardo Di Caprio ou Leonard Whiting (selon les générations) qui incarnèrent Romeo à l'écran. Un mur a été tout spécialement prévu à l'intention des graffiteurs. Si l'inscription dépasse l'emplacement réservé, le coupable risque les pires ennuis. Car Vérone est une ville soucieuse de préserver sa grâce.
La Piazza  delle Erbe et ses marchands du temple, mais ces façades !
Pas assez cependant, puisqu'elle a laissé s'installer, sur la somptueuse Piazza delle Erbe, les marchands du temple,  leurs blanches toiles mercantiles faisant affront aux murs séculaires ornés de fresques médiévales. Pour relativiser, c'est bien pire à Florence, où les vendeurs de gadgets touristiques occupent un espace public où l'on est obligé de jouer des coudes pour progresser jusqu'au Duomo. Pourquoi ai-je ressenti -dès mai dernier où je la découvris- ce coup de cœur pour la cité du Veronese ? Pour cette impression que la vie y est douce ? Pour un coucher de soleil sur le Ponte Pietra ? Pour le soin qu'apportent à leur apparence vestimentaires les indigènes, jeunes ou moins jeunes ? Pour la qualité de ses vins (suave "Soave") et de ses nourritures terrestres ? Pour la douceur de ses jardins ?

Giardini (jardins) à Vérone (en mai) Silvano
Vérone est une ville bourgeoise, certes, mais sans l'ostentation qui caractérise certains quartiers de Paris ou telle ou telle cité du Sud de la France (le summum étant, pour moi, Cannes (pour la partie qui s'étend autour de la rue d'Antibes jusqu'à la Croisette s'entend) où le tape-à-l’œil va de pair avec la fatuité des adeptes du bling-bling. A Vérone, un certain chic est de mise qui va de soi, naturel, en respect de soi et du regard d'autrui (que l'on ne cherche pas à épater, cependant). J'ai cherché (vainement), Porta Nuova, un panneau "tongs interdites en ville" ou "attitude négligée prohibée". Et de fait, tous, touristes compris, semblent s'être donnés le mot : pour déambuler, ou s'attabler sur l'une des terrasses qui regardent l'Arena (les fameuses arènes), on a pris soin de son aspect.

Premier séjour en mai 2013 - Silvano


Vérone la nuit - Wikipedia
Notes au 6 avril 2015 : un billet, dans Véhèmes, sur le Roméo et Juliette de Franco Zefirelli, m'a ramené à Vérone, sur laquelle j'avais écrit le texte ci-dessus en août 2013, période de l'année où Gay Cultes est moins fréquenté. J'ai eu envie, donc, de le publier à nouveau. D'autant que j'ai appris depuis, à mon grand désappointement, que la ville est administrée par une municipalité étiquetée "Ligue du Nord", parti d'extrême-droite. On peut penser que le "ménage" a été fait et que ce qui m'apparut comme "clean", n'est en fait que... policé.
Cependant, le maire de Vérone, Flavio Tosi, a été exclu du mouvement populiste par son président, l'ultra-droitier Matteo Salvini. Tosi semble en désaccord avec la radicalisation de ce parti. En juillet 2014, le maire a, par ailleurs, démissionné de son mandat de député européen.
On se souviendra que Vérone est située à quelques kilomètres du Lac de Garde, où s'établit, à la fin de la période fasciste, sous la protection des nazis, la tristement célèbre République de Salò qu'illustra, si je puis dire, Pier Paolo Pasolini dans son dernier film.
Après la guerre, les fascistes fondèrent le MSI, lequel s'est à présent agrégé à... la Ligue du Nord.

Mussolini et l'un des derniers soldats de la République de Salò : on pense à Pasolini


3 commentaires:

  1. En voyant cette photo , je me demande si Bilal ne s'en est pas inspiré pour sa "partie de chasse" ? (quand je vous disais Silvano que vous nous faisiez voyager dans le présent tout en ravivant nos souvenirs...)

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  2. Silvano, nous sommes nombreux à aimer l'Italie, du nord jusqu'au sud. Et pourtant son histoire resurgit, comme elle le fait en France, et c'est un déchirement de constater que les idées nauséabondes se répandent sans plus de réflexion dans la population européenne. Peut-être faut-il rappeler que l'amour de la beauté ne peut se conjuguer avec la culture de la haine et de la xénophobie. Être gay ne nous permet pas de nous en dispenser. Gaycultes, Véhèmes, d'autres amis blogueurs essayons de le dire, et il ne faut ni baisser les bras, ni se lasser de rappeler que les démocraties se construisent dans la curiosité des autres, et avec toute la générosité que nos sociétés peuvent toujours se permettre, en gardant l'esprit ouvert.

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  3. "Peut-être faut-il rappeler que l'amour de la beauté ne peut se conjuguer avec la culture de la haine et de la xénophobie. Être gay ne nous permet pas de nous en dispenser." Certes non,Celeos, et le côté artistique de GC ne m'a pas empêché de le rappeler ça et là ; il m'arrive de recevoir des commentaires émanant de tenants de ces idéologies polluantes. C'est toujours anonyme, évidemment, avec lien de redirection vers des sites ou blogs vomitoires. Je ne les publie pas, bien évidemment, et ne m'épuise plus à répondre à ces salauds.

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