mardi 8 mars 2016

Roma | Rome, impressions (3)

Viatiques

Ce sont des impressions en vrac que je vous livre aujourd'hui ; des instantanés :

Le smartphone, nouveau talisman, doudou de nos contemporains en régression, a remplacé l'antédiluvien appareil-photo : on y regardait à plusieurs fois avant de prendre le cliché-souvenir de nos voyages. Aujourd'hui, du fait que l'on peut effacer l'image imparfaite, on peut photographier en rafales sans se préoccuper de gaspillage de pellicule. C'est bien. Mais voilà, l'homme ne connaît pas ses limites, fait un usage souvent irraisonné des progrès de la technique. Ainsi, s'amusera-t-on (à Rome, on est toujours d'humeur guillerette) de le voir fixer dans la mémoire de son téléphone - lequel, me dit-on, sert de plus en plus rarement... à téléphoner ! -  tout et n'importe quoi. Observez, c'est marrant comme tout !
À Rome, en l'occurrence, ce fut flagrant : l'arrivée de cette extraordinaire avancée technologique que représente la perche-à-selfie prête à se gausser du comportement de ceux qui, ayant la flemme d'en extraire leur "précieux", nous vaut le burlesque d'apprécier nos congénères en balade, tenant à bout de bras leur canne-à-photo, que la direction de nombreux musées a eu la sagesse d'interdire : on imagine l'inconséquent armé de son deuxième bras éraflant par mégarde un chef-d’œuvre du Tiziano miraculeusement conservé jusqu'alors !
Si, comme c'est prévisible, cet outil se multiplie à foison, on peut craindre, si l'on n'y prend garde, des atteintes à notre intégrité physique : l'arrivée aux urgences des hôpitaux de malheureux amochés par une perche scélérate est désormais plausible.
C'est rigolo, et, finalement, c'est bien fait, na !
Ça permettra en tout cas aux compagnies d'assurance d'augmenter leurs tarifs en matière de responsabilité civile.


Comme je l'écrivais hier, j'ai pris un grand plaisir à me promener en des quartiers où le touriste lambda n'aurait pas l'idée de mettre ses tongs (je rêve d'été brûlant, en ces temps de froidure !).
S'il se plante devant le Palais Farnese, territoire français, et en admire vaguement l'architecture, il pense rarement à contourner l'édifice pour arpenter la Via Giulia, l'une des plus agréables rues du "centro storico".
N'y croisant, l'autre jour, que des "locaux", j'en jouis littéralement d'aise. On y trouve cette admirable fontaine que je pris en photo (sans perche), car, bien que m'étant familière, je ne l'avais jamais fait jusque là.

J'aime aussi la Via Margutta, non loin de la Place d'Espagne où les célèbres escaliers qui mènent à la Trinita dei Monti sont désormais inaccessibles, car en travaux.
C'est dommage, car on y croisait jusqu'à présent de beaux anges en goguette, et, à une époque que je n'ai pas connue, ces ragazzi un peu louches que décrit Tennessee Williams dans The Roman Spring of Mrs. Stone : leur sont consacrées les premières images de l'adaptation cinématographique de 1961, un "must" du mélo !

Opéra Bouffe*

C'est le genre d'établissement que l'on craint de retrouver un jour dans l'un de ces sites où les voyageurs donnent leur avis sur les restaurants qu'ils ont visités, tant on peut redouter une affluence de nature à en altérer les mérites. C'est un bistrot qui vous offre (c'est le mot) un repas complet (jusqu'à satiété même !) pour la modeste somme de dix euros ! On y croise une belle clientèle locale, soignée, deux ou trois étrangers de hasard ou, c'est mon cas, un petit veinard qu'une âme généreuse y mena pour la première fois il y a quelques mois.
Idéal pour faire une halte entre deux longues marches (ou cheminements) dans l'antique cité. On est en terrain "culturel" au beau sens du terme : dans les étagères murales des livres, des cassettes VHS d'un autre temps, des objets en mélange hétéroclite, des photos de gens connus et inconnus, font que votre regard ait toujours où se poser, tranquillement, malgré les va-et-vient du "cameriere" attentif et empressé, aimable. Ici, c'est un copieux buffet qui vous permettra de vous sustenter d'abondance. Mais ici les convives sont gens bien élevés, et l'on ne se désole pas d'y voir des troupeaux de goinfres s'empiffrer comme dans les clubs de vacances ; ici, on ne gaspille pas. Mais si vous avez un appétit d'ogre, comme certains jeunes gens de ma connaissance, on vous servira et resservira avec un large sourire.
Pour un petit billet, vous aurez droit, en sus, à une bouteille d'eau avec ou sans bulles : en Italie, on remarquera que, même en terrasse, ou au restaurant, l'eau minérale est toujours facturée à son juste prix, à la différence de nos estaminets et gargotes.
Je me régalai l'autre jour d'antipasti généreux, d'une porchetta de juste cuisson accompagnée de pommes de terre au four parsemées de romarin, recette toute simple mais savoureuse que nos restaurateurs gaulois semblent avoir oubliée en des temps où tout devient plus cher et moins bon.
À un amoureux de l'Italie, surtout s'il est gourmand et un peu fauché, je confierai les coordonnées par mail, bien que, depuis peu, un garçon fasse quelque retape dans la ruelle. Si ça lui procure un emploi, on trouvera l'initiative sympathique.
J'insère ci-dessous une photo prise depuis ma table. Je pense que mes lecteurs romains reconnaîtront.
Demain, je râle un peu sur une étrange tablée anglo-saxonne qui perturba quelque peu ma "cena" dans une trattoria proche de Termini.
Mais, pour compenser, je vous emmène en l'un des plus beaux lieux d'Ombrie qui valait bien que je prenne l'un de ces trains italiens qui ne sont jamais vraiment à l'heure, ce qui n'est pas si grave quand ils vous mènent à pareille merveille
.

 * Ce titre peut être un indice...

Mes lecteurs romains reconnaîtront

Demain, je vous emmène...

À demain,
Silvano 

3 commentaires:

  1. Chic demain on voit une ficelle italienne (clin d'oeil d'un lyonnais)

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  2. Belles impressions, Silvano. On vous suit pas à pas...

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  3. Merci Celeos ; c'est vous, dans certains cas, qui montrez le chemin.
    Eric D., je sais maintenant, grâce à votre mail, ce qu'est une "ficelle".

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