lundi 1 août 2016

L'eau était chaude



L’ange s’est aussitôt plongé dans son élément favori. L’espace d’un instant, je l’ai vu tel un aigle royal, prendre son envol et fendre l’air en piqué vers les abîmes sans fond, évoluant ensuite avec grâce, mi-homme, mi-dauphin, dans le scintillement des vagues, heureux, invincible, magnifique.
L’eau était chaude où je l’ai rejoint peu après, avec des prudences de vieille fille. Angelo ne s’est pas moqué de ma gaucherie, comme Victor n’eût pas manqué de le faire. Il m’a attendu, et jamais l’expression « une patience d’ange » n’aura autant signifié. Jeux aquatiques, cris, jappements, baisers salés, peaux ruisselantes épousées, fluides échangés tout au bout du plaisir : bénis soient le chemin périlleux, la mousse traîtresse sur les rochers aux arêtes acérées, les buissons calcinés, et les angoisses fugitives d’être découverts, nus l’un contre l’autre, ivres d’un bonheur interdit ; béni sois-tu, ange-brugnon que chaque jour qui passe m’apprend à aimer davantage, qui, de chaque instant partagé fait une jouissance. 

In Tombe, Victor ! Louis Arjaillès
Edilivres 2016

1 commentaire:

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