Une découverte
Il faut marcher sur les attributs du taureau : ça porte bonheur ! |
Merveilleuse découverte de Milan(o), dont je gardais le souvenir d'une soirée ratée qui se termina dans un abribus sous une pluie glaciale, en novembre, il y a longtemps.
Je me souviens aussi de cette villa de Meina, sur le lac Majeur, où, avec C., nous avons poussé la porte d'une pièce "interdite", dans laquelle, au-dessus d'un bureau d'époque, trônait une immense photo du "Duce" encadrée des "faisceaux", symbole du régime. L'anecdote date des années 80 !
Je n'avais pas eu (ou pas pris) le temps de découvrir la capitale du nord de l'Italie, gêné aux entournures par quelques a priori : c'est une capitale économique (l'économie et moi...), c'est la capitale de la mode (rien ne me déplaît autant que le bling-bling version Prada ou D&G), cernée par les tenants de la Ligue du Nord ou de Beppe Grillo, bien que les électeurs aient résisté à la poussée populiste en élisant, en juin dernier, un maire centre-gauche...
J'ai découvert, sous un soleil printanier, en cette fin décembre, une ville agréable, aisée à parcourir à pieds pour les visites inscrites à mon programme.
Certes les environs du Duomo sacrifient au culte de la consommation à outrance, symbolisé par les divinités Gucci, Rolex, et autres Louis Vuitton.
Cheminant, je me dis qu'il y a ici quelque chose du centre de Paris, et, à Paris, quelque chose de Milan.
C'est un peu hâtif, comme me le démontreront, en cinq journées bien remplies, les nourritures culturelles et spirituelles qui vont faire de ce séjour un banquet artistique apte à rassasier les plus gourmands, dont je suis.
Pinacothèque Brera
C'est le Napoléon, presque nu, de Canova, qui nous accueille à la Pinacothèque. |
Deux musées le même jour (Pinacothèque Brera et Museo del Novenceto) dont le premier est absolument incontournable, furent visités, à pas mesurés - quand on a le temps, prenons-le ! - le même jour, me laissant une agréable fatigue. Rentré de bonne heure à l'hôtel, le soir, je dînai au restaurant d'un risotto "milanese" accompagné d'un Pinot Grigio et dormis comme je ne dors jamais à Paris : d'un sommeil profond et réparateur.
C'est, je crois une bonne idée, dont, si ce n'était ma légendaire modestie, je pourrais me féliciter, que d'avoir inscrit à mon programme ces deux visites consécutives.
Je passai ainsi des époques Renaissance et Baroque à celle, toute récente, d'un vingtième siècle qui compte quelques chefs-d’œuvre, que ce "Museo" a su mettre admirablement en valeur, beau symbole, en soi, d'architecture "moderne-style" permettant, après la Brera, un passionnant voyage dans le temps.
Finissant mon parcours, je ne puis m'empêcher (vous me direz ce que vous en pensez) de conclure que l'époque baroque était plus proche de nos intimes sensibilités, exaltant le corps masculin, quand, à notre époque, peintres et sculpteurs ont idéalisé le corps de la femme.
Ces considérations entre parenthèses refermées, quand j'écris que la Pinacothèque est incontournable, c'est peu dire : on se grise de cette succession d’œuvres essentielles que je ne peux citer toutes.
Les pièces des plus grands, des meilleurs, se succèdent : des fresques attribuées à Giotto (dont une Crucifixion sidérante) ornent la salle 1 où s'est reconstituée la Chapelle de Mocchirolo. Ensuite, on découvre les Vénitiens, dont Mantegna et Bellini, puis le Titien, le Tintoret, le Veronese. Puis, après un détour par la collection Jesi (époque contemporaine), on replonge littéralement dans l'école baroque et émilienne (Raphaël), avec, en points culminants (et non "point d'orgue", j'y tiens !), Le souper à Emmaüs du Caravage et, un peu avant, l'incroyable Vierge à l'enfant de Piero Della Francesca
Avant d'aller faire un tour dans les XVIIIè et XIXè siècle (de Canaletto au fameux Baiser de Francesco Hayez), on aura admiré quelques œuvres des grands flamands (dont Rubens et Van Dyck) et l'on notera l'influence que la Renaissance a eue sur ces grands Maîtres.
Ouf !Il faut bien une matinée pour contempler à loisir tous ces trésors accumulés qui valent, à eux seuls, le déplacement à Milan... qui réserve cependant d'autres surprises.
Face B | Sympa, le Napo ! |
Mais pourquoi donc m'abstiens-je de montrer des photos des œuvres ?
Parce que vous pouvez en voir à profusion sur le Net, prises dans les meilleures conditions.
Et puis me revient cette phrase de Paul Morand dans son Venises :
" Ces Leica, ces Zeiss (appareils photos ndla); les gens n'ont-ils plus d'yeux ? "
S'il revenait aujourd'hui, à l'ère du "je photographie tout et rien"...
S'il revenait aujourd'hui, à l'ère du "je photographie tout et rien"...
Après la Pinacothèque je me sustente dans une trattoria romaine (si !) sise dans le quartier, une vraie de vraie, bruyante, où le patron et le personnel s'agitent avec efficacité pour satisfaire une clientèle affamée, nombreuse, en file d'attente sur le trottoir ; je parviens à trouver une place au milieu d'un beau maelström : ici, pas de français, pas de japonais, mais une clientèle locale qui s'interpelle gaiement, les décibels vocaux rivalisant avec ceux de la musique que l'on a cru bon d'ajouter au vacarme. Certes pas reposant, mais diablement sympathique, et je pleure le garçon qui, déjà, règle son "conto" à la caisse quand arrive mon plat de pasta all'amatriciana. J'en fais une photo lointaine et presque floue. L'émotion, que voulez-vous ?
Ah, c'est bien le moment de nous quitter ! |
Je découvre ici que mon téléphone sait faire des vidéos.
Ambiance :
tu hai onorato la mia città. Grazie, caro Silvano italiano e milanese!
RépondreSupprimerMilanese ! Come Stendhal, che onore Silvano !
RépondreSupprimerFranck
Merci pour ces partages d'émotions, Silvano.
RépondreSupprimer....et le pauvre taureau, je présume que cela lui fait un effet boeuf!
RépondreSupprimer