Photo Pierre Alivon - DR |
Dix-huit ans. Et voilà où Victor Panella en est de l’amour. C’est le même Panella qui, en une indélébile après-midi de printemps, avait ébloui mes quinze ans dans un champ, là-bas, à l’orée du cap ; je l’avais tant aimé, et j’avais gardé le secret comme il me l’avait fait jurer, quand j’aurais voulu crier mon amour jusqu’aux confins de l’univers. On avait recommencé encore et encore en des lieux où vont les jeunes qui n’ont pas de maison pour abriter leurs fièvres, maison en ruine, terrain vague, caves humides où notre amour se faisant éclipsait les odeurs de pisse de chats, et cette cabine de projection où j’officiais alors, étroite, juste assez de place pour une étreinte, avec, pour fond sonore, le ronronnement du Hortson à croix de Malte et les « Marcello ! » d’Anita Ekberg dans le haut-parleur de retour.
Victor voulait jouir mais ne voulait pas m’aimer. Ce n’était pas d’un homme, vous comprenez. Et moi, j’avais interprété que cette histoire, c’était "en attendant" ; parce que, être un homme, sans aucun doute possible, c'était descendre la rue de la République avec, à son bras, une nana à laquelle on va rouler des pelles au cinéma Rex pour que les potes se poussent du coude : il s’en fait pas, dis donc, Victor. Mais en attendant, c’est moi qui n’avais pas attendu, et j’avais rencontré un ange qui ne se faisait pas prier pour dire « je t’aime » et m’embrassait sur la bouche, et lui, ça le dégoûtait pas, au contraire. Et j’avais arrêté cette histoire. En saignant, oui, mais je ne savais pas gérer cette situation, j’étais sans expérience. Mais j'étais sûr d'une chose : l’amour ce n’est pas ça.
(c) Louis Arjaillès - Gay Cultes 2017
et j'avais rencontré un ange... | Photo Hedi Slimane |
C'est une véritable joie que de vous lire.
RépondreSupprimerD'être, d'un battement de paupière, transposée dans un autre monde ce que seul le rythme d'une belle écriture a le pouvoir de réaliser.
Et seule une belle écriture ne peut le faire, il faut encore qu'elle soit habitée ; qu'elle porte la vie, en quelque sorte.
Vous avez ce don, Silvano.
C'est un privilège de vous lire.
Marie
Chaude entrée en matière !
RépondreSupprimerLa suite, en guise de résumé, est très habile.
Ne nous laissez pas sans suite, cette fois.
Merci.
Marie : je vais continuer pour vous.
RépondreSupprimerAlex H : j'ai déjà écrit six lignes...
:)
Eh oui, la suite se fait désirer : refaites-nous le feuilleton du lundi.
RépondreSupprimerCeleos, je m'y attelle, promis.
RépondreSupprimerEt je crois bien que c'est parti.
RépondreSupprimerBravo et merci.
RépondreSupprimerTout vient à point à qui sait attendre ! :)
Bonjour Silvano,
RépondreSupprimerJe me réjouis de lire la suite de Tombe, Victor le premier extrait est plus que prometteur. Toutes mes félicitaions pour cette belle écriture. Marc Genève