Il était une fois à Rome
Fin d'après midi : on accorde le Steinway de concert. |
Ennio Morricone, 89 ans aux prochaines châtaignes, se produisait au Foro Italico vendredi dernier, devant une foule de mélophiles, ou de cinémanes, comme on voudra, public italien fidèle et dévoué au Maestro, lequel, désormais, dirige assis le grand orchestre symphonique et des chœurs dignes de la 9ème de Beethoven.
C'était une raison suffisante pour prendre l'un des chemins qui mènent à Rome : la voie des airs, en l'occurrence.
La tournée européenne du compositeur a pour titre 60 ans de cinéma. Elle permet de dérouler en musique une carrière bien remplie, où le cinéma politique (La bataille d'Alger ou Enquête sur un citoyen au dessus de tout soupçon, par exemple) alterne avec un cinéma-spectacle de haute volée (Il était une fois en Amérique et tous les Sergio Leone). Le concert de deux heures ne peut offrir la totalité d'une œuvre pléthorique, engendrant quelques frustrations : quelques mesures de "l'Amérique" qui compte pourtant cinq thèmes magnifiques, quand on se passerait du Professionnel, scie qui m'évoque une publicité pour aliments destinés aux toutous. Mais, enfin restituées telles qu'elles furent orchestrées pour les films (l'harmonica de Bronson, lancinant, ou les chœurs latino de Mission) les œuvres de ce musicien auquel le cinéma doit tant sont à la fois "classiques" et d'une inventivité sonore prodigieuse.
Rome à bout de nerfs
Pour le concert, la nuit s'était faite toute douce autour de ce Foro Italico si difficile à atteindre par transports en commun quand on réside à l'autre bout de la ville.
J'ai noté avec bonne humeur - pour les Italiens, je suis toute indulgence - que, malgré les annonces prohibant la prise de photos ou de vidéos, des centaines de smartphones captaient la soirée sans vergogne. Je suis évidemment contre ces captations sauvages qui abondent sur YouTube, qui transforment de purs moments de bonheur musical en cauchemar acoustique et visuel. C'est ainsi de nos jours : chaque possesseur de machins à X pixels, se prend pour Kubrick et répand sa daube sur Internet, dévalorisant le talent qu'il veut faire partager : tu parles d'un partage, ce n'est que de l'ego "eh, t'as vu, j'y étais, Moi !".
Qui me suit de plus ou moins près sait mon amour pour Rome.
Juillet n'est pas la meilleure période pour y séjourner : la chaleur accablante rend toute démarche digne des travaux d'Hercule.
De plus, l'ambiance n'est pas au beau fixe chez nos amis les Romains, lesquels semblent se mordre les doigts d'avoir porté à la tête de la commune une avocate issue du parti "populiste" 5 Stelle.
Il semblerait que ces gens fassent preuve en matière de gestion de la capitale de l'Italie d'une incompétence crasse.
Il suffit pour s'en aviser de se rendre dans l'autrefois si pittoresque Trastevere, dorénavant envahi par des hordes de touristes, un enfer ! La piazza Santa Maria in Trastevere est désormais la proie de margoulins qui exécutent de hideux tableaux à l'aide de bombes hautement polluantes (finition au chalumeau, s'il vous plaît), pendant que se succèdent dans les ruelles des troupes d'ados (même pas envie de les regarder, tiens !) de cinquante à soixante têtes de bétail par troupeau.
Par ailleurs, les lieux, dès l'arrivée par le tram, sont jonchés d'immondices divers, de matières plastiques accumulées le long des édifices. J'y vois, médusé, un quidam laver sa chemise dans la fontaine sous l’œil indifférent de touristes lobotomisés tout à leur perches-à-selfies.
J'en parle au charmant réceptionniste de l'hôtel, qui lève les yeux au ciel et me dit que depuis l'arrivée des nouveaux édiles, c'est de pire en pire, et que la police municipale fait mine d'ignorer ces flagrantes agressions à l'hygiène la plus élémentaire.
De nombreuses associations se sont liguées pour organiser une manifestation qui a eu lieu le mois dernier et a réuni une foule impressionnante sur la place du Capitole.
Il subsiste quelques affiches appelant à cette protestation. Les photos peu ragoutantes (agrandir l'image) donnent une idée de l'ampleur des dégâts.
Le thème de la manifestation était "Dalle stelle alle stalle !" en référence au mouvement "5 stelle" qui gère (si l'on peut dire) la ville.
Ballets bleus vaticanesques
San Giovanni in Laterano |
Un site d'informations précisait que les orgies entre hommes ne sont point interdites mais que c'est la quantité de drogues diverses découvertes sur les lieux qui engendrera des poursuites pénales.
Quant aux sanctions papales, ça n'a pas traîné : curé-secrétaire viré, et cardinal prié de prendre une retraite anticipée.
On attend, chez nous, la réaction de Crétine Boutin à ces "abominations".
Gourmandises d'origine
C'est chez Pompi que l'on trouve le meilleur Tiramisù de Rome, si !
C'est Via Albalonga 7, tout près de San Giovanni, et encore plus près de la Piazza Re di Roma. On peut s'y attabler (glaces délicieuses également, tavola calda, panini...) ou emporter son précieux gâteau (4 euros mérités !).
Je crois qu'il y a d'autres adresses à Rome.
Pas de chance : vous ne les voyez pas dans leur intégrité, tels que je les vis, déambulant dans le Palazzo delle Esposizioni qui présente une très belle exposition de photos des "Icônes de Hollywood". Mais ces deux garçons ni barbus ni tatoués étaient beaux à en chavirer. J'en ai cassé mon éventail.
Audrey, bien sûr ! |
Un peu de tout
Dans sa roulotte bien équipée, ce gentil cordonnier effectuera une réparation express et vous pourrez aller danser sur A far l'amore comincia tu de Raffaela Carrà, comme dans La grande bellezza.
Ici, même les poubelles font dans le mystique..
Ce musicien, vraisemblablement Roumain, accorde son cymbalum après un magnifique Libertango d'Astor Piazzola.
Ce petit ensemble de musiciens anime la Via del Corso non loin de la Galleria Alberto Sordi (le vrai Roi de Rome !).
D'ailleurs, c'est dans un trattoria toute proche, que je retrouve la photo du grand acteur romain aux côtés de Lea Massari, dans Una vita difficile de Dino Risi, qui est sans doute l'un des dix plus beaux films du monde à mes yeux.
Il en faut parfois peu pour être comblé.
Ciao !
De plus, c'est l'une des plus belles scènes de ce chef-d’œuvre. |
Sur les égarements vaticanesques rappelons nous : il Vangelo ci insegna a perdonare.
RépondreSupprimerSur le meilleur tiramisu de Rome, vous vous attendez bien à ce que quelqu'un vous dise : Pompii()no, ah si ! Ça aura été moi le premier.
Merci pour ce petit voyage.
Franck
Quel festival, Silvano !
RépondreSupprimerÇa, pour un retour, c'en est un !
RépondreSupprimerJe m'y rends lundi, caro Silvano !
RépondreSupprimerJules
"villa fournaise" : magnifique, je m'incline !
RépondreSupprimerMerci pour le beau reportage, et pour le titre aussi, en effet !
RépondreSupprimerje rêve d'un jour découvrir ce berceau de la civilisation mais je crains d'être déçu tant les beautés et les lieux fréquentables que vous nous décrivez avec talent ont crée un décor trop "Cinecitta" esque que pour être vrai ! pour Ennio Morricone ,je ne saurais en aucune manière émettre une critique car je suis trop fan pour une audition objective de ses nombreuses pépites sonores!
RépondreSupprimerJules, bon séjour !
RépondreSupprimerJoseph, il faut donc découvrir les lieux infréquentables.