dimanche 4 mars 2018

Rome sans chaleur

Il s'agit bien sûr de l'air du temps, au sens propre, et non de la cordialité des autochtones croisés au cours de ce bref séjour. Notamment de ce barman de l'hôtel très étoilé où m'a conduit une alléchante promotion d'hiver, hôtel bien trop "sofitélien", hélas, qui se pousse du col, se la joue grand luxe, s'essaie à un design minimaliste sans y parvenir le moins du monde, le mauvais goût qui sévit parfois en Italie reprenant le dessus en boursouflures de nature à étouffer dans l’œuf tout sens de l'épure.
Ce fut autrefois l'un de ces pseudo-palaces touristiques qui bordent la Via Nazionale : boiseries, porte-à-tambour, chasseur, oui, ah oui, ce chasseur magnifique qui se prêta aimablement à la pose, fier, visiblement, de son uniforme, chasseur dont j'eusse aimé être la proie !
C'était en 2005, dans l'antiquité, donc... - Photo Silvano GC
C'était en 2005, dans l'antiquité, donc, avant les "lounge bar" et les petits-déjeuners assourdis d'une musak électro qui fait tellement regretter ce séjour napolitain plus récent où le fond sonore bel canto vous conduisait à fredonner dès potron-minet (avec un minet assez poltron, d'ailleurs !) les grands airs du répertoire, à quelques encâblures du San Carlo, rien que ça !   
Mais le virus italien m'ayant été inoculé dès que je m'intéressai à la musique - il y a fort longtemps, donc -, je suis prêt à absoudre beaucoup des péchés congénitaux de ce peuple aux pulsions parfois (souvent !) incompréhensibles à qui se prétend cartésien : ainsi, les élections qui se déroulent aujourd'hui, qui risquent de remettre en selle le "cavaliere" Berlusconi, flanqué de la pire coalition de fascistes (dont certains assumés) qui soit, union de circonstances xénophobes entre ce qui reste de la démocratie chrétienne, la ligue du Nord, qui désormais, se nomme tout simplement "la ligue" pour gagner du terrain au sud et les adorateurs de Mussolini !
Mais je m'ingère, je m'ingère - citoyen européen, je peux m'en arroger quelque peu le droit, non ? - , et néglige, ce faisant, de dire combien la villa Borghese enneigée est tout aussi sublime que sous la lumière incandescente de juillet, que la Galleria du même nom, visitée autrefois au pas course, me prodigua un après-midi de délices inoubliables, que la Villa Farnesina, découverte enfin, est toute entière une ode à une sensualité exacerbée, que la "grappa bianca" offerte traditionnellement par la patronne de Da Ricci (Est Est Est) est la meilleure du monde parce qu'elle me dit que je suis séduisant, ce que je dois uniquement, à cette heure, à ma faconde et à ma bonhommie.
Comble de plaisir, j'ai rencontré à Rome un lecteur de longue fidélité dont j'apprécie les commentaires dispensés avec quelque parcimonie, mais toujours pertinents, personnage très intéressant de par son parcours, dont il se dégage une bonté de nature à me donner l'envie de le connaître mieux. Mais voilà, ce soir-là il gelait à pierre fendre, et mon enthousiasme naturel me fit envisager une nouvelle rencontre mal programmée que je dus annuler, ou, pour le mieux, différer à ma prochaine visite.
... la villa Borghese enneigée est tout aussi sublime que sous la lumière incandescente de juillet.
De plus, un livre m'accompagnait à Rome, envoyé avec une dédicace touchante par un lecteur qui laisse ici, souvent, de jolis avis, et écrit, fort bien en l'occurrence, sur un thème qui m'est cher. Je suis flatté que des écrivains de métier m'apportent leur soutien, leur amitié, comme ce fut le cas, également, avec Alexandre Glikine qui, je l'ai vu, continue à vagabonder par ici de temps à autre.
L'amour de la musique, des anges, des subtiles gourmandises de la vie et de l'Italie est le plus beau des dénominateurs communs.

"... une ode à une sensualité exacerbée." Les noces d'Alexandre et de Roxane, du Sodoma - Villa Farnesina | Photo d'un Silvano ébloui.

  

4 commentaires:

  1. Merci infiniment, Silvano, pour ces carnets de voyages toujours intéressants. Quand on est rivé à son travail, ça permet de s'évader.
    Jules

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  2. Merci de vos éblouissements...
    La Farnesina,je suis sans voix!!

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  3. Merci pour votre boneur verso l'Italia, mais il y a tristesse pour le resultate politique:la restauration avance. Ne resterà que sperere sur l'Europeo. Le racism e, le fascism e le oomphobie semblance avoided oublie'Le passe' du rinascimento Lors on produicait le Beau da la Farnesina et to us que l'Italia a exporte'a touted le mode.Merci e core pour votre boneur,
    Catania

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  4. Merci Catania pour votre fidélité.

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