Le désir que nous avions l'un de l'autre se fit impérieux.
Nous quittâmes la petite fête juste après le gâteau d'anniversaire.
On nous avait présentés l'un à l'autre, mais nous avions oublié nos prénoms.
Cette chose qui palpitait, masculine et singulière, nous dictait la conduite à tenir.
Nous sortîmes précipitamment dans la rue où l'enseigne bleue d'un hôtel borgne nous appelait.
Le taulier nous a dit :
" Pour un rendez-vous, c'est cinquante euros."
Il avait des heures de vol, comme on dit.
La chambre était de celles qu'on n'ose plus proposer de nos jours : moquette vert-bouteille labourée par des milliers de talons-aiguille, papier à fleurs bleues que le temps avait décoloré, couvre-lit en tuft où devait grouiller une armée d'acariens...
Notre étreinte fut brève, d'une intensité qui nous laissa pantelants, vidés, rassasiés.
Nous nous séparâmes rapidement car il fallait retrouver le cours de nos vies.
Je ne saurai jamais son prénom.
Mais j'ai en moi, et pour toujours, l'odeur de sa peau.
(c) Silvano- Gay Cultes 2016
(c) Silvano- Gay Cultes 2016
Cher Silvano, il fut un temps où vous me conseilliez la tenue d'un blog tant j'avais de souvenirs à évoquer, mais je n'ai pas votre talent littéraire ni votre sagacité à trouver des images qui plaisent, et c est une des raisons qui explique mon absence de commentaire car trop souvent à propos de photographie et à un trait de caractère que je ne peux nier :"la susceptibilité"; et pourtant ce titre de chambre bleue évoque encore une fois un souvenir de collège ,quand pour me garantir des rayons assez aveuglants d'un soleil de mai juin en pleine période d'études "à fond la caisse" car les examens étaient là, j'avais reçu de mes parents des tentures d'un bleu roi qui faisait baigner ma chambrette dans une lumière bleutée telle que le responsable en soutane du dortoir des ainés avait surnommé mon lieu de repos et d'étude " La chambre bleue" (ouf comme disait parfois un lecteur de Marcel Proust)
RépondreSupprimerOui Joseph : superbe accord entre la photo et le texte!
RépondreSupprimerMerci Hadrien !
RépondreSupprimer:)