Parcourant Ferrara d'un pas languide il y a peu, je ressentis à nouveau cette jouissance qui naît en moi quand je suis en Italie. Ce simple fait, oui, d'être en Italie, d'y respirer ses odeurs, d'y goûter sa cuisine, d'adopter une démarche de passeggiata, de savoir à portée d'yeux tant de chefs-d'oeuvre, de prévoir que partout où j'entrerai, église, mairie, immeuble aux grilles ouvertes (ici, on ne se calfeutre pas), je trouverai de quoi étancher ma soif de beautés.
Il y a aussi le plaisir des longues stations en terrasse, l'observation des passants, de ce peuple si divers, vêtu d'élégance ou de banalité, soigné ou négligé, capable du meilleur comme du pire, dont la confiance placée en des gourous de nature à le mener au précipice.
Je vais relire Voyage en Italie de Jean Giono que je considère comme un écrivain - mieux, un conteur ! - majeur du siècle passé. Car, voyez-vous, Giono et moi, excusez cette prétention, sommes cousins en matière d'Italie. Dans son Voyage, qui n'est pas au bout de la nuit et se déroule dans les années 50, l'écrivain provençal part avec sa femme et des amis (si je me souviens bien) pour un périple à travers la péninsule à bord d'une 4 chevaux Renault qui ne trouve d'équivalence, d'ailleurs, qu'en la mythique Fiat 500 sortie des usines piémontaises à la même époque, petites voitures dites populaires que l'on chargeait jusqu'à la gueule pour les départs en vacances.
Le sentiment de bien-être, ou mieux, de félicité, que Giono* éprouve à Brescia (qui donc irait à Brescia ? et bien, lui et moi !) et dans chaque ville du parcours, y compris une Venise que le tourisme de masse n'avait pas encore dévorée, est semblable au mien, que je n'ai su expliquer à ce garçon aimé qui, il y a cent ans déjà, je crois, me demandait pourquoi il fallait s'arrêter si souvent.
Pour jouir, aurais-je dû lui répondre.
Bologne, seulement ça |
À Ferrare, il joue des heures sans discontinuer. Il est heureux. |
Comme une gâce, mon cher Silvano. Je lis vos mots sur la pureté du clavecin offert plus haut. Et vos mots et la musique dansent ensemble dans une joyeuse légéreté.
RépondreSupprimerJ'entends toujours la musique dans vos mots et j'aime.
(Mais pas à la manière d'un like qu'il faudrait accumuler, comptabiliser pour être riche:)
Marie
Marie, comme à chaque fois, vos mots atteignent mon cœur.
RépondreSupprimerComme je vous envie que, tout comme Dominique Fernandez ou René de Ceccatty, vous connaissiez de l'Italie jusqu'au moindre gravier.
RépondreSupprimerOlivier Martinez dans le Hussard sur le toi....doux Jésus !
RépondreSupprimerL'Italie, un amour que nous partageons... Un des charmes et non des moindres de ce pays et de ceux qui l'habitent est leur irrépressible besoin de sortir et de se mélanger, ce que la culture architecturale de la place sert et suscite depuis 2000 ans. Chaque place italienne est un petit ou grand théâtre,on ne maîtrise hélas pas toujours ce qui s'y joue mais cela fait du bien quand même...
RépondreSupprimerQuant à Jean Giono, les amateurs d'anges, déchus ou non, se régaleront de "La chute des Anges" dont Hélène Martin nous ravit https://www.youtube.com/watch?v=YGq3fpExRsQ et dont je crois vous avoir fait cadeau Silvano, il y a longtemps...
Pierre Sand
Pierre, je me souviens très bien de ce cadeau. J'y pensais, figurez-vous, après avoir écrit ce billet, mais sans retrouver la référence. Hélène Martin, bien sûr, sa voix, et sa très belle partition ! Merci de m'avoir entendu.
RépondreSupprimerVive la grève qui me permet de réviser mon blog favori !
RépondreSupprimerJules