Claude Debussy, Hommage à Rameau
Il faut s'y faire, les jeunes pianistes asiatiques déboulent depuis quelques années déjà sur le "marché" des bureaux de concerts, en nombre presque proportionnel à celui leurs compatriotes squattant les gondoles vénitiennes et autres incontournables touristiques. Il y a évidemment à boire et à manger dans cette auberge qui n'a rien d'ibérique : on haussera les épaules sur le dernier exploit discographique calamiteux (ah, Amélie Poulain, symbole de la musique française de bon goût !) de Lang Lang, on sourira des jupes fendues de Yuja Wang aux qualités exceptionnelles pour se permettre de provoquer les hurlements du loup de Tex Avery, on se souviendra des Chopin magiques de Yundi Li, et on saluera ici ce Debussy interprété par le Coréen du sud Seong-Jin Cho qui n'a rien à envier aux interprétations des plus grands pianistes occidentaux.
Seong-Jin Cho |
Il y a donc, n'en déplaise à ceux dont le champ d'écoute veut se limiter absolument à Horowitz, Rubinstein et autres grands noms du passé, pléthore de nouveaux interprètes asiatiques, russes et - mais oui ! - français pour raviver sans cesse la flamme.
Plus préoccupante est la moyenne d'âge des différents publics de concerts, malgré les efforts de structures comme notre Philharmonie ou de passionnés comme René Martin (La folle journée de Nantes, le Festival de la Roque d'Anthéron) pour attirer de nouveaux publics. Las, l'époque n'est pas à la culture, bien au contraire, et je crains l'épuisement pour ceux, dont je suis dans une moindre mesure, qui se sont donnés pour mission de transmettre, et partager leur sens de la beauté.
Merci pour ce beau cadeau dominical, Maître. Je l'écoute avec une pointe d'orgueil, car c'est une des rares pièces de Debussy que je parviens à jouer. Il y contredit son horreur du développement, et, ironie, dans un hommage à un compositeur qui, comme Marivaux, travaille souvent par séquences courtes.
RépondreSupprimerPour le surplus, "mon bon seigneur, ne vous désolez pas ainsi" quand vous écrivez "Plus préoccupante est la moyenne d'âge des différents publics de concerts". Ces publics se renouvellent et croissent à mesure que l'espérance de vie augmente. L'avenir est aux vieux. Ajoutez la mondialisation de la musique dite classique, dont votre cadeau témoigne.
À ce propos, ayons une pensée pour Qabus ibn Saïd, sultan d'Oman pendant près d’un demi-siècle, qui vient de nous quitter. Au lieu d'exploiter son peuple comme papa, il n'a cessé de le favoriser. Organiste et amateur d'opéras, il a fait construire dans sa capitale un vaste complexe culturel comprenant plusieurs salles, un grand orgue, et même une garderie d'enfants afin que les jeunes couples puissent assister aux spectacles sans se soucier de leur progéniture. Ouiki vous dira davantage, y compris sur sa vie privée.
Merci Pippo pour cette leçon d'optimisme. Un réserve toutefois : il est tellement agréable de croiser des jeunes gens cultivés dans les salles de concerts et dans les musées! Ce qui arrive trop peu souvent, soupiré-je.
RépondreSupprimerMerci également d'avoir appelé mon attention sur le sultan d'Oman décédé il y a peu. Je vais m'y intéresser de plus près.
Très beau morceau. J'aime de plus en plus le piano.
RépondreSupprimerJules