Il se rue sur la couche... |
À la différence des minets qui guettent les apparitions des chanteurs en vogue, toujours « bien sapés », à la télé, compulsent
Salut les Copains ou les pages de papier glacé de Vogue Homme, Yann ne porte
pas de pantalons à pattes d’éléphant ou, plus « in » encore,
"à pont", comme ceux des marins, bien peu pratiques quand survient une envie pressante.
Ses Levis de velours noir finement côtelé sont coupés droit, serrés à l’extrême,
qui soulignent ses jambes de coureur de fond et le galbe de ces fesses de
pur-sang qui aimantent le regard des filles et des garçons comme moi.
Aux Grandes Rives, à peine jailli des vagues et prestement
séché, il enfile son pantalon noir, même pas la chemisette blanche
cintrée qui va bien, et rejoint de sa démarche de guépard le bar où
le juke-box égrène les hits du moment, Umberto Tozzi, Elton John, Abba, Julien
Clerc, ou, sa préférence à lui, d’anciens Doors qu’il écoute les yeux au ciel,
faussement extatique.
J’ai le privilège de connaître un Yann qui ne frime pas,
celui qui peut débouler chez moi à toute heure du jour et de la nuit, qui
fouine dans la bibliothèque, tente un « Oh, Sartre, quelle merde ! »,
guettant mon regard réprobateur avant de s’esclaffer « Je préfère San Antonio ! » et se pâme sur le dernier album de Marie Laforêt qu’il
tourne et retourne sur la platine. Voyant que, n’y tenant plus, j’ai déplié le canapé-lit et m’y suis engouffré,
il chante « Je...viens, viens » en caricaturant la voix larmoyante et
rauque de la chanteuse.
Il se rue sur la couche ; et moi :
– Du calme, tu vas me le défoncer un jour, ce canapé !
– Je vais pas défoncer que le canapé !
À suivre (sans doute)
© Louis Arjaillès pour Gay Cultes, novembre 2020
Les pantalons à pont, d'accord ce n'était pas pratique mais ça avait bien du charme...Nostalgie...
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