Aujourd'hui plus que jamais, lire, c'est résister à la médiocrité qui plombe l'époque que nous traversons.
Celle de la facilité, de la connaissance qui s'acquiert d'un clic et s'oublie aussitôt.
Celle des chaînes dites d'information en surenchère, où les divagations d'un Zemmour font "un carton" diraient les tenants d'audience à n'importe quel prix. L'un de ces canaux, celui où sévit cet olibrius, assume un populisme en gémellité avec la chaîne américaine qui encensa à longueur d'émissions le sinistre Trump.
Ailleurs, la tendance est désormais à la dérision de tout sujet qui demande un minimum de sérieux, à la dégénérescence d'une langue française qui fut autrefois admirable, respectée de par le monde. Le règne du "quoi", ce pronom interrogatif qui conclut à présent les questions de journalistes dont on se dit qu'ils ont oublié les préceptes enseignés dans leurs écoles.
Pour fuir ces nuisibles écrans, notre seule voie de salut est la lecture. Par elle, un condamné à la mort par décérébration peut s'échapper.
Je lis - trop peu - à un tempo adagio ; au lit, souvent, avec une préférence pour les auteurs qui usent du... point-virgule.
Je plaisantais, quoique...
Mes lectures d'avril-
mai :
Connue, reconnue, pour ses Variations Goldberg et son Clavier bien tempéré du Dieu Bach, son livre est bouleversant de bout en bout.
C'est l'histoire d'un amour impossible entre le narrateur, Leo Gazzara, milanais installé à Rome, vivant de petits boulots, dont des piges pour un journal de sports, et une belle jeune femme inconstante qui ne saura le sauver de l'ennui d'une existence aléatoire dans une capitale qui lui paraît hostile : de rencontres mondaines sans intérêt, d'errances dans la ville tour à tour suffocante et glaciale selon lui, l'homme se réfugie dans l'alcool et renonce à la "réussite".
Un roman du désenchantement admirablement écrit.
Conversations... sur mon balcon. |
Il faudra donc savoir lire entre ces lignes toujours pudiques. On ne s'étonnera pas que j'aie immédiatement été aimanté par la nouvelle intitulée Un pianiste (la dernière), l'avantage du genre étant que l'on peut vagabonder d'un récit à l'autre.
Nous gardons dans l'oreille la version "gouldienne" des Goldberg. Ici, c'est une redécouverte. Merci de l'avoir partagée. Je suis d'accord à cent pour cent avec votre ressenti de l'époque. J'en discute fréquemment avec mes étudiants. La majorité d'entre eux sait ce que lire veut dire : tout n'est pas perdu, luttons !
RépondreSupprimerJe partage avec effroi vos remarques concernant l’olibrius. Il incarne la pointe d’un furoncle rempli de haine, c’est effrayant, Pourtant des chaînes comme France 5 et Arte nous rappellent souvent l’histoire et la fragilité de nos démocraties. Même France 2 a diffusé ce dimanche 23 mai un documentaire remarquable sur l’histoire de la toile « Guernica » (4 épisodes successifs de 13h15 le dimanche).
RépondreSupprimerVos conseils de lecture me donnent envie de relire « Lettre à un jeune poëte » de Rainer-Maria Rilke ainsi que toute l’oeuvre de Hermann Hesse, sur fond des Variations Goldberg.
Merci, bonne journée
Merci pour ces idées de lecture !
RépondreSupprimerSeb
Tengo muchas versiones de las "Goldberg". Esta de Zhu no ocuparía puesto entre las diez mejores.
RépondreSupprimerSi le petit Godberg avait joué avec cette énergie , je doute que son royal quoique insomniaque auditeur se fût endormi; Mais peut-être n'était-ce pas là l'effet escompté par le souverain : on dit que le petit claveciniste était fort gracieux...
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