mercredi 25 août 2021

Portrait de groupe avec anges et digressions silvaniennes

Photo de moi-même à Trieste

Le Venises de Paul Morand a pour seuls intérêts la passion qu'éprouvait l'auteur pour la Sérénissime et les descriptions qu'il en fit. "Venezia" ne voulut lui faire l'honneur d'accueillir sa dépouille à San Michele, l'île-cimetière où reposent Diaghilev, Stravinski et Pound.
L'homme n'ayant décidément pas de bol ne put loger non plus dans le caveau de Yerres, charmante bourgade bourgeoise dont l'ancien Maire et à présent Député n'est autre que ce pauvre Nicolas Dupont-Aignan. À Yerres, on peut visiter la Propriété de famille du peintre Gustave Caillebotte, ce qui tend à prouver que l'art et la culture peuvent coexister avec la bêtise.
Puisque nous sommes en terrain "réac", revenons à Trieste-la-mélancolique, où les cendres du sieur Morand furent finalement déposées à côté de celles de sa sœur dans un grandiloquent mausolée (notre photo, comme on l'écrit dans la Presse Quotidienne Régionale).
Par l'une de ces incongruités de l'Histoire, celui qui fut nommé Ambassadeur de France en Roumanie sur recommandation du sinistre Pierre Laval, collabo (ici, le terme est à sa place) en chef sous l'occupation nazie (là aussi, la croix gammée et l'étoile jaune, revêtent tout leur sens), après une dizaine d'années passée en pénitence en Suisse (pas à Sainte Hélène, tout de même), revint en douce France qui lui octroya un fauteuil en son Académie en... 1968.
Homophobe invétéré, mais fréquentant assidument Proust et Cocteau (les phares attirent les phalènes, c'est bien connu !), l'homme avait eu droit, lors de l'épuration, à cette saillie de Louis-Ferdinand Céline, qui s'y connaissait en matière d'ordures :
"Et Paul Morand donc ! Même pas inculpé ! Qui se balade fort librement en Suisse ! Charmant Jean-foutre deux fois ambassadeur de Pétain ! Grands seigneurs évidemment… auxquels la loi rigoureuse ne s'applique pas comme aux voyous de mon espèce !"
Dans les dernières pages de son Venises, Morand s'en prend aux Hippies 
(a-t-on connu moins méchants, depuis ?) qu'il traite de "pouilleux".
L'un d'eux, maugréant, lui "chie dessus" (in extenso).

La discrète sépulture de Paul Morand à Trieste

Pour revenir à beaucoup mieux, un "petit" Caillebotte.
Mon correcteur me souffle "caillebotis" : où va le monde ?

Gustave Caillebotte : Baigneurs au bord de l'Yerre (1878)

3 commentaires:

  1. Merci Silvano. Morand fut en effet une franche crapule. J'ai quand même pris intérêt et plaisir de lire deux fois ses Souvenirs d'un Premier Attaché d'Ambassade où l'atmosphère de Paris pendant la Grande Guerre est bien décrite, où il explique le fonctionnement de la censure, où il campe des personnages pittoresques tels Misias Sert ou Violetta Trefusis, qui a permis à maman et moi de visiter les jardins de sa villa sur les hauteurs de Florence.
    Belle journée.

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  2. Ah ah, Dupont machin ! Ce type me répugne. J'ai lu "L'homme pressé" de Morand mais c'était une lecture imposée.
    Jules

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  3. Dans la séquence sur Paul Morand, on lit que ses cendres furent enterrées à côté de celles de sa soeur. Or, dans sa biographie ( la Pleiade ),on indique que ses cendres furent mélangées avec celles de sa femme, la princesse Hélène Soutzo, décédée un an plus tôt, dans le caveau familial de Trieste.

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