Dans ce village reculé de l'Aveyron, deux adolescents, Jean Goupil et le narrateur, Claude Bertrand, on une relation qui n'a plus rien d'amicale. Ils doivent cacher leur passion interdite, bénéficiant de la complicité d'un vieil excentrique qui abrite leur amour dans sa maison refuge, loin du village. Les deux garçons ont deux autres complices au village : Clément Chaumard, discriminé pour d'autres raisons, et Solange Gleize, une quasi-clocharde qu'ils ont d'abord pensé leur être hostile. Solange, ivrogne invétérée erre toute la journée dans le bourg. Elle en connait tous les secrets. Elle a raconté aux deux amis celui de Pierrette Viguier, la fille du Maire, qui se livre régulièrement à un petit jeu des plus surprenants avec des garçons du pays.
Pierrette Viguier avait de gros seins qui faisaient loucher tous les
garçons du village. Goupil l’avait sarcastiquement surnommée Clarabelle.
C’était le nom de la vache des dessins animés que projetait l’opérateur du
cinéma ambulant avant le grand film. Nous avions longuement débattu sur ce
surnom. Je penchais plutôt pour « labourage et pâturages » en
référence à Sully, plus savant à mon goût, pour reconnaître que Clarabelle
était finalement plus cocasse. Les faits que nous avaient relatés la Solange avaient tout lieu de nous surprendre. Aussi, un dimanche après-midi, nous étions-nous
postés à couvert derrière la salle municipale. Il fallut attendre près de deux heures pour que notre attente soit récompensée. La friponne entra, suivie du fils
Bastide puis de Léon Quatrefages, le fils du « roi du pâté de foie »
que l’on dégustait chez nous les jours d’opulence. Arrivèrent ensuite, avec une
allure de conspirateurs, ce salopiaud de Verdeille et Maxime Légier, lequel se
distinguait des autres par un incurable bégaiement qui lui avait valu le
sobriquet de « Mama ».
Clarabelle |
Nous aurions pu tenter une incursion, mais nous craignîmes de mettre un terme à l’action par nos éclats de rire.
C’était assez pour se convaincre que ce village bien tranquille n’était pas exempt de turpitudes. Et nous qui avions toujours pensé que la fille Viguier, qui ne manquait jamais une messe, était un modèle de vertu !
Une sainte-nitouche, oui !
« Tu crois qu’ils la paient ou lui font des cadeaux ? » s’enquit mon comparse.
« Sans doute qu’ils se branlent » avais-je répondu sur un ton désinvolte qui le fit pouffer.
« Ou elle s'en charge, mais ça doit être plus cher ! » persifla-t-il.
Il en fallait moins, à notre âge, pour faire naître d’irrépressibles pulsions.
Nous décidâmes d’aller à notre tour frapper à une porte, celle de Jacob Epstein.
(À suivre)
© Louis Arjaillès - Gay Cultes 2022
Illustrations : 1 Photo extraite de la série Merli/Philo (Netflix)
2 Disney
Clarabella est aussi le nom d'un jeu d'orgue peu discret, placé au XIXe siècle dans certains instruments des États-Unis...
RépondreSupprimerAinsi tout est musique, n'est-ce pas, cher Silvano.
Clarabella: ce jeu d'orgue est proche de la Flûte, ou plutôt de la Hohlflöte (Flûte creuse) , plus de détail : http://www.organstops.org/c/Clarabella.html
RépondreSupprimerD'où la petite voix flûtée de Pierrette Viguier.
RépondreSupprimerLe niveau d'érudition des lecteurs de ce blog m'étonnera et me ravira toujours à l'égal de la faculté de certains de ses fidèles d'identifier au vu de la courbe d'une chute de rein ou d'un sourire ravageur tel modèle angélique fût-il aujourd'hui barbu, tatoué voire quinquagénaire. On comprend bien pourquoi l'entreprise de notre vénéré Sivano devait être reconnue d'utilité publique et largement subventionnée sur les deniers de l'Etat.
RépondreSupprimerMerci à Ludovic, mais je dois reconnaître m'être gourré. Je pensais cette Clarabella tonitruante, telle une anche forte.
RépondreSupprimer(Curieusement, Mr Google ignore ce terme.)
Belle soirée.
Clarabella est aussi une chanson de Franck Pingatore, reprise par les Beatles :)
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