samedi 16 juillet 2022

Ennio au plus haut des cieux

 L'hommage définitif à Ennio Morricone nous vient de Giuseppe Tornatore avec lequel il collabora sur quelques films, dont l'inoubliable Cinema Paradiso. Devant la caméra du cinéaste, le maestro, disparu le 6 juillet 2020, s'est livré comme jamais il ne le fit, lui qui nous avait laissé l'image d'un homme pudique, voire austère. Le documentaire est une mine d'or où alternent les témoignages de confrères (Hans Zimmer, John Williams), de cinéastes (Joffé, Bertolucci, Tarantino...), de musiciens et de personnalités du monde du spectacle comme Bruce Springsteen. Des documents jusqu'alors invisibles sur sa collaboration avec Sergio Leone (De Niro disant combien le fait de tourner avec la musique déjà enregistrée avait inspiré son jeu) émaillent ces deux heures et quarante minutes de bonheur total dont on voudrait qu'elles se prolongent encore. Tornatore nous ramène aux débuts laborieux du jeune compositeur, de ses études à l'Académie Sainte Cécile de Rome sous l'autorité de son maître Goffredo Petrassi, des panouilles de trompettiste aux premières orchestrations pour les vedettes de la chanson comme Mina (Se telefonando), Jimmy Fontana (Il mondo), Paul Anka et beaucoup d'autres. Il signe sa première musique de film en 1961. Il marquera de son style inimitable plus de cinq cents longs métrages, créant un son bien particulier, utilisant des "instruments" jamais entendus dans ce domaine convenu jusqu'alors : guimbardes, sifflements, guitares électriques, grandes orgues, chœurs saturés et, plus classiquement, envolées de cordes lyriques et voix de soprano comme dans Il était une voix dans l'ouest dont il crée, entre autres trouvailles de ce western-opéra, une scène d'ouverture d'anthologie où gouttes d'eau, grincements, arrivée du train, ont été écrits, faisant partie intégrale de la partition ! Dans ce film indispensable, ce sont les extraits d'œuvres cinématographiques si diverses (de La bataille d'Alger au Clan des Siciliens, jusqu'au dernier Tarantino) qui remuent tout amoureux du cinéma qui se respecte, au point qu'on a envie de revoir toutes ces pellicules inoubliables, qu'on est pris d'une boulimie de septième art irrépressible !

À voir toutes vacances cessantes.

Bonus
Pendant le confinement, au-dessus de la Piazza Navona déserte, le jeune guitariste Jacopo Mastrangelo, un ange, joue un extrait de la bande originale du film de Sergio Leone Il était une fois en Amérique. La musique du Maestro résonne au cœur de toutes les générations, empruntée ("samplée") par les musiciens de tous styles, comme on le voit dans le film de Tornatore. Frissons.

7 commentaires:

  1. La musique : Au plus haut du ciel , je vous laisse adapter les paroles Silvano .

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    1. Changé par Soeur sourire, c'aurait été encore plus drôle... (la pauvre... :-(

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  2. Un documentaire effectivement magnifique et passionnant sur l’homme qui a réellement inventé la musique de film.
    estèf

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  3. uvdp : merci pour ce moment d'hilarité.
    estèf : "réinventé", me semble plus juste, tout de même. Il y eut de grands compositeurs, dont Bernard Herrmann ou Lalo Schiffrin, par exemple.

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  4. J'ai hésité sur la formule, et préféré précéder de réellement, sous-entendant qu'il y avait bien quelque chose avant, mais n'était-ce pas surtout de l'accompagnement ? Mais je n'ai pas votre culture musicale...

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  5. estèf : il y a eu de très grands thèmes et certains ne se sont pas bornés à accompagner ou à souligner. Souvenez-vous de la musique d'Herrmann pour les films d'Hitchcock (Psychose !) ou pour "Taxi Driver" de Scorsese. Mais, comme je l'ai écrit, Morricone a apporté un nouveau son, c'est indéniable, jusqu'à sa dernière composition pour Tarantino (Les 8 salopards), quasiment d'avant-garde.

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  6. Le 33 tours de Il était 1x dans l'ouest faisait partie des disques que j'ècoutais en boucle, à 14-15 ans (avec Deep Purple en concert, à londres, et la musique d'Orange mécanique...) j'ai toujours le 45 tours d'enquête sur un citoyen de tout soupçon. Mes parents aimaient bcp Ennio Morricone.

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