Jérôme Garcin (l'Obs et Le masque et la plume) a totalement raison : Peter von Kant, le nouveau film de François Ozon relève du théâtre de boulevard et de la cruauté.
Vous lirez dans vos gazettes habituelles ce qu'en pense la critique, majoritairement louangeuse. Ou négative comme le sont celles de Libé, du Monde et des Cahiers du cinéma. Je suis de ceux que cette tragédie où l'on rit a enthousiasmés. Les intentions du cinéaste me sont apparues lumineuses : l'excessif est ici de mise et je dirai obligatoire. Ce qui ne manquera pas d'en déconcerter quelques un(e)s.
L'extraordinaire composition de Denis Ménochet en cinéaste qui rappelle drôlement ou pathétiquement la Gloria Swanson de Sunset Boulevard confirme le talent de cet immense acteur. Et puis on assiste à la résurrection à l'écran d'Isabelle Adjani telle qu'on l'adore : délicieuse de fourberie, belle, fulgurante par moments en star cocaïnomane sur le retour, elle fait exister une femme vide de tout contenu ; déjà un ectoplasme en somme. Hanna Schygulla, qui fut Petra von Kant dans le Fassbinder original, apparaît ici en hommage au cinéaste de Querelle auquel Ozon voue sans nul doute une profonde admiration. Le film nous fait découvrir un Stefan Crepon étonnant dans le rôle de Karl, le secrétaire-majordome-esclave de Kant. Cet acteur de vingt-six ans donne au personnage, muet du début à la fin, un relief particulier. Ozon l'a sans doute dirigé en ayant à l'esprit le grand cinéma allemand d'un Fritz Lang ou d'un Friederich Murnau. C'est saisissant.
Enfin, bien sûr, il y a la révélation Khalil Gharbia, jeune acteur de vingt-trois ans qu'on ne s'étonnerait pas de trouver dans les nommés des César 2023, je ne crains pas de le prédire : beau, sensuel à couper le souffle, il marque le film dans ce rôle de muse, faussement (?) ingénu - peut-être l'est-il, du moins, pendant le premier tiers de l'histoire.
Denis Ménochet, Khalil Garbia et Stefan Crepon |
Isabelle Adjani la reprend pour le film de François Ozon :
Voilà qui résume bien le film.
"Chacun tue l'objet de son amour" est extrait de La balade de la geôle de Reading
RépondreSupprimeruvdp : et bien, vous en savez des choses, vous !
RépondreSupprimer:)
...les lâches avec un baiser, les braves avec l'épée.
RépondreSupprimerSilvano : je ne sui qu'un pauv vieu ignoran de la granmaire et de la horthographe a la mémoir ki defaill, mais je sais faire des recherches avec google
RépondreSupprimerBelle chronique. Le film fera mon dimanche. L'amant de Saint-Jean revient lundi ?
RépondreSupprimerAntoine D : sauf accident, oui !
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RépondreSupprimerKhalil Gharbia est plus que fascinant.
Le court métrage qui précède ( aussi de Ozon ) est délicieux. Le garçon à vélo n'en est pas moins fascimant.
Bonjour,
RépondreSupprimerJ'irais peut-être voir ce film pour le plaisir de revoir Isabelle Adjani bien trop rare.
Par contre, je n'avais pas du tout aimé "Querelle".
Agréable journée à vous.
Jacques : pardon, mais c'est un peu confus. De quel court-métrage parlez-vous ? De quel "garçon à vélo" ?
RépondreSupprimerJe pense que Jacques a dit parle du film "une robe d'été".
RépondreSupprimerPour Silvano.
RépondreSupprimerJ'ai vu le film Peter van Kant à Valence; il était précédé d'un court-métrage intitulé "une robe d'été", de F.Ozon. Je pensais que la distribution était partout la même. Excusez moi.
Jacques : "Une robe d'été" date de 1996. Vous êtes tout excusé, bien sûr.
RépondreSupprimerChambre 1050, album d'Ingrid Caven (actrice fassbinderienne, évidemment) chante cette chanson en anglais. Quelle chance de l'avoir vue et entendue en 2000 sur les scènes du théâtre de l'Europe et du Rond Point (Yves saint Laurent était dans la salle) habillée de la fameuse robe qu'YSL lui avait coupée à même le corps 30 ans plus tôt. Elle m'avait impressionné par une reprise d'Are you lonesome tonight ? d'Elvis absolument magique. J'ai même eu mon exemplaire d'Ingrid Caven (prix Goncourt 2000)de Jean-Jacques Schuhl son compagnon. J'avais pris mon exemplaire pour le concert du Rond point, au cas ou ainsi qu'un stylo. Chose incroyable à la sortie du concert, dans le hall, j'étais seul à avoir reconnu Jean-Jacques Schuhl qui se tenait seul en retrait, debout avec sa canne. J'ai avancé en le regardant droit dans les yeux pour lui dégainer mon exemplaire accompagné du stylo. Il était sidéré mais pas suffisamment pour oublier de me demander mon nom. Souvenir inoubliable.
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