Il suffit d’un instant de paix pour révéler,
au fond du cœur, l’angoisse,
limpide comme le fond de la mer
par un jour de soleil.
Tu en reconnais,
sans la ressentir, la souffrance,
là, dans ton lit, poitrine, cuisses
et pieds relâchés, tel un crucifié – ou tel Noé
qui rêve en son ivresse, et, naïf, ignore
la joie de ses fils, tandis que ceux-ci,
si puissants, si purs, se moquent de lui…
le jour est désormais sur toi,
dans la pièce, comme un lion dormant.
Par quels chemins le cœur
peut-il goûter une parfaite plénitude, en ce
mélange de béatitude et de douleur ?
Il suffit d’un instant de paix pour que s’éveillent
en toi la guerre, en toi Dieu. À peine les passions
se sont-elles apaisées, à peine s’est fermée
une fraîche blessure, et déjà, tu prodigues
une âme qui semblait entièrement prodiguée
en des actions de rêve, qui ne mènent
à rien…
Pier Paolo Pasolini
Extrait de ‘‘Les Cendres de Gramsci’’, traduit de l’italien par José Guidi.
Photo : Will McBride - Visiteur, Casoli Italy, 1980.
J'apprécie beaucoup les changements que vous apportez à la teneur de gay cultes, merci. Notre amant de Saint-Jean revient bientôt ?
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