mardi 20 août 2013

Une journée salvatrice


Je croyais haïr les 15 août.
Il resplendit à nouveau sous un ciel d'un bleu exceptionnel.
Cette année, une humeur en forme de soulagement m'a permis d'aborder ce jour dit "férié" avec un regard différent. Le quartier est désert que baigne un belle lumière matinale. 
Je soigne les fleurs du balcon qui ont gravement pâti de mon absence. Mes réserves de tendresse accumulée m'ont permis de sauver ce magnifique laurier blanc que j'avais trouvé exsangue à mon retour. Il resplendit à nouveau ce matin sous un ciel d'un bleu exceptionnel, presque italien. Pour la première fois depuis le début de l'été, je peux savourer un café sur le balcon, livre en mains (Camus), sans que rien ne vienne troubler ma lecture ; pas de cris, d'avertisseurs stressés, de perceuse, d'aspirateurs chez les voisins. Je ne mets pas de musique. J'ai rendez-vous pour un déjeuner tardif au Carreau du Temple, à l'orée du Marais ; pas le Marais où pullulent mes congénères, non, le vrai, l'historique, celui où, il y a bien longtemps, je fis mes premiers pas dans la capitale, jugée d'emblée hostile, que j'ai mis tant d'années à apprivoiser. L'ami est ponctuel, qui m'offre un foulard de soie rapporté d'Inde à mon intention ; gratitude éperdue : j'aime les cadeaux hors des fêtes obligatoires, rares, précieux, gages d'amitié véritable. Terrasse, couple charmant en voisinage, restaurant "italien" très parisien, mais d'excellent niveau, pinot griggio en carafe : ici, on n'arnaque pas. Je n'avais pas dégusté d'arancini depuis mon séjour à Catania, en Sicile, il y a quelques mois déjà. Là-bas, avec générosité, ils accompagnaient un simple apéritif d'une soirée de printemps, non loin du monument dédié à Bellini où sont gravées les premières mesure de Casta Diva.
C'est croquant, puis fondant, doux...
 Je savoure : c'est croquant puis fondant, doux, relevé toutefois d'une sauce légèrement pimentée qui fait apprécier pleinement l'acqua frizzante et le vin blanc suave. Confidences échangées doucement sur cette placette ombragée, conseils attentionnés du convive : "maîtrise-toi, calme tes colères comme tu dois réfréner tes bienveillances, pense à toi plus souvent...". Tout est dit en peu de mots, dans une parenthèse, sans qu'il soit nécessaire de s'y attarder davantage.
Promenade digestive, ensuite, dans ce joli quartier hors du temps. On musarde, faisant une halte dans un square, bassin, canards, jeunes gens ; une femme soliloque sur son banc, vindicative. En termes d'une grossièreté devenue, hélas, langage courant, elle bave sa haine de la société, seul point d'ombre de cette lumineuse après-midi. 

Nous rejoignons la Place de la République vers cinq heures. Je suis heureusement surpris des nouveaux aménagements de cette immense agora que les citoyens se sont appropriée, dans le meilleur sens du terme : enfants jouant sur le parterre d'eau sous de bienveillants brumisateurs, danseurs de tango, jeunes planchistes dont l'un n'est autre que le fils d'un "ami" d'antan, heureux de me voir là, beau jeune homme au sourire tendre, barbe naissante sur un visage d'enfant. Congratulations, échange de coordonnées, sourire fondant à nouveau, bises sincères, baume. Belle journée qui mériterait presque que je me répande en actions de grâce.

Moi, j'aurais fait le tour - Photo David Timide

Photo Michal Cizek

2 commentaires:

Bonjour. Ce blog rédigé bénévolement ne fait pas partie de ces réseaux "sociaux" où, sous couvert d'anonymat, on vient déverser ses petites ou grosses haines. Les commentaires "ronchons" ou égrillards ne sont pas publiés, de même que ceux dont le pseudo contient un lien menant vers un blog ou site pornographique. Signez d'un pseudo si vous voulez, sans en changer, de façon à ce que nous puissions sympathiser, merci !