dimanche 8 septembre 2013

Cadeau : ce pauvre Vivaldi !

Quand je sors des entrailles de Paris à la station Strasbourg St Denis, il n'est pas rare que sa musique, par le truchement de mon baladeur, m'accompagne, me permettant de parcourir d'un pas alerte la distance qui me sépare de mon point de chute (j'ai lu en effet qu'il était bon pour les artères de descendre à la station précédant sa destination).
Un commentateur, un tantinet "baroqueux" pourtant, m'écrivait il y a peu que la possession de disques du "prêtre roux" (surnom que lui donnaient les vénitiens) serait mal vue dans certains cercles de mélomanes dogmatiques.
Le compositeur de ces "4 saisons" magnifiques, hélas dévoyées en musique d'attente téléphonique et en pizza, fut relégué aux oubliettes avant que son cadavre ne fût tout à fait refroidi.
Sa disgrâce dura donc de sa mort (1741) à la seconde moitié du siècle suivant.

On sait (ou pas, y'a pas mort d'homme !) que c'est Mendelssohn qui réhabilita J.S. Bach (pas moins !) à cette époque dite "romantique"; vu que le père de tous les musiciens (amen) avait fait quelques emprunts au "prete rosso", on commença alors à fouiner dans les bibliothèques musicales pour découvrir que ce compositeur ne fut pas le Clayderman violoneux qu'on croyait, mais bel et bien un immense musicien, auteur d'une œuvre pléthorique, cette reconnaissance trouvant son apogée au XX ème siècle (il était temps !).
Si l'on veut faire la fine bouche, on trouvera que le vénitien (qui est allé mourir à Vienne on ne sait pas pourquoi, il y a un livre à écrire) s'auto-parodie parfois; mais quand on a écrit des centaines de concertos, sonates, messes, opéras et autres broutilles, on a le droit d'avoir des réminiscences, non ?
Alors, pour découvrir cette œuvre pléthorique et conséquente, lumineuse, on a l'embarras du choix entre Beatus Vir et Stabat Mater sacrément, euh, sacrés.
Bien sûr sa cité, Venise, exploite de façon parfois éhontée la gloire du musicien : pendant les régates historiques du premier dimanche de septembre (où il faut jouer les anguilles pour apercevoir le Grand Canal tant la foule est dense), une sono digne de Bercy déverse du Vivaldi à pleines croches et "ils" ne se gênent pas pour mixer avec l'immonde "Rondo Veneziano"; de même, à Venise, tous les concerts dans les églises proposent "du Vivaldi" aux touristes heureux d'ajouter cette touche culturelle à leur parcours balisé "Rialto-San Marco-Pont des soupirs". Ces concerts, on l'a vu ici il y a peu, peuvent réserver cependant d'agréables surprises.
Ce grand compositeur laisse une œuvre immense, empreinte de gravité mais aussi d'une gaieté "populaire" qui en fait la "star" qu'il est aujourd'hui.
Et c'est mérité.

Tiens, si ça ne vous donne pas des frissons, je me teins en roux et j'entre dans les Ordres :

6 commentaires:

  1. waooh!..quelle culture, Silvano!...On est jamais déçu de venir faire un tour chez vous.
    Merci de prendre tout ce temps pour partager votre savoir et vos émotions qui nourrissent les nôtres.
    Marie

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  2. De Vivaldi on dit aussi qu'il ne créa pas cent concertos mais qu'il recomposa cent fois le même ! et comment ne pas joindre à cette sentence celle d'un musicien français actuel qui pour excuser certaines ressemblances entre les oeuvres musicales - qui parle d'emprunt plagiaire?- déclara que finalement toute notre musique ne repose que sur 7 tons et 5 demi ton et que donc cela n'offrait pas tant de possiblilités (je suppose qu'il n'avait jamais entendu parler de la valeur de la factorielle 12... et 13 si on y joint l'octave )

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  3. Bravo Silvano!!!

    Viva Vivaldi.

    N'ouble pas Juditha Triumphans!!!

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  4. @Marie : je vous en prie, vous êtes chez vous.
    @Joseph : ce "on dit" a été démonté par plus spécialistes que moi. Je l'évoque dans ce billet si vous avez tout lu.

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  5. Et l'opéra, avec Farnace, pour lequel il assista de son vivant, là encore, au désintérêt pour la musique vénitienne face à l'arrivée de la musique napolitaine.
    Dur...

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  6. Ph. Jaroussky n'arrive pas à m'émouvoir, quelque soit le répertoire. Dans cette immense tristesse d'une mère je le trouve beaucoup trop précieux. Ce même Stabat Mater chanté par James Bowman (The Academy of Ancient Music)nous agenouille au pied de la croix, crucifiés nous aussi.

    Pierre

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