Martini sur le balcon, crostini, premières chaleurs. Pasta al tartuffo ensuite, vin capiteux, mozzarella di bufala et huile d'olive de Nice, propos passionnés sur la montée de ce que les médias, le favorisant pourtant, nomment "populisme", la haine des élites par le bon peuple désorienté, la musique, Shirley Bassey sur FIP (Goldfinger), limoncello-limoncino après le chocolat glacé, et, en conséquence, parler de l'Italie, de nos projets toscans, Siena, Lucca, Fiesole, de l'art de vivre transalpin, de Taormina, d'Oscar Wilde, de Krupp, du scandale des soldats-tantes en Prusse, de Capri où il faisait si chaud l'été dernier sur la pente qui mène au salto di Tiberio, ce Tibère jouisseur qui donnait son sexe à téter à minettes et gitons, ivresse, regards entendus, complicité avec l'autre qui "n'en est pas" mais rit de bon cœur de nos allusions salaces, allant même jusqu'à les devancer, "duomo, doux homo" dit-il. La dulcinée l'attend patiemment : "je viendrai plus tard, je suis trop bien ici", tapote-t-il sur le smartphone. Et soudain, embrasant le ciel, le déchirant de lames fauves, l'orage qui sourdait vous scotche à la fenêtre, fascinés. Le "petit" fait des photos, je m'attendris, "on s'aime beaucoup" pensé-je. Rires, émotions, Oscar Peterson, "oh, ne partez pas si vite !". Ils partent. A cette heure avancée, je fais du ménage, je range, reçois un texto qui dit "merci, c'était top !", compile du Mina pour le novice, ne trouve le sommeil que fort tard, quand j'ai un rendez-vous matinal. Il faut accorder un piano deux fois l'an : aux premiers frimas, après que l'on a remis en service le chauffage, et en juin, quelques semaines après l'avoir arrêté. J'ai peu dormi, je suis étrangement alerte, moi qui disais hier encore "je suis vieux maintenant", provoquant des sourires moqueurs. Faux : transfusion.
Tibère (menue monnaie de l'époque) |
Joli partage émotionnel, glissant sur l’onde informe de la nuit qui voit tout, bercé d’un roulis attendrissant et d’une brise soupirante.
RépondreSupprimerIl s'est mis à pleuvoir, très fort. Il était tard, la bouteille de vin blanc vide. Il m'a proposé de rester dormir. J'ai accepté. Juin orageux, juin amoureux. Très beau texte Silvano, merci.
RépondreSupprimerClément
Votre style se modernise. C'est touchant de sincérité.
RépondreSupprimerUn coup de foudre amical, en somme! Intéressant!
RépondreSupprimerE-xac-te-ment, Sapere Aude.
RépondreSupprimer