Un lecteur (de hasard, sans doute) commentant un billet de 2011 (!) où j'offrais (oui, c'est ma rubrique Cadeau, vous savez ?!) cette sublime mélodie de Monteverdi en version féminine, me donne gentiment liens vers trois autres versions.
Dont celle, ci-dessus, qui a ma préférence.
On est loin, ici, des "prouesses" vocales d'un Jaroussky ou d'un Villazon dans la même aria : Marco Beasley la chante dans toute sa simplicité, sans effets inutiles, rendant justice à l'épure "monteverdienne", faisant entendre le texte dans sa douloureuse limpidité.
Traduction :
... ni joie ni paix ne descendront sur moi. |
est si doux
que je vis comblé
pour une cruelle beauté
Dans le ciel de beauté
la cruauté peut bien augmenter
et la pitié manquer,
tel un écueil,
ma fidélité se maintiendra
dans l'océan d'orgueil
Le fallacieux espoir
peut bien me revenir
ni joie ni paix
ne descendront sur moi
Et la cruelle que j'adore
peut bien me refuser
un juste réconfort,
ma fidélité vivra
entre douleur infinie
et espoir trahi.
Je ne trouve de repos
ni dans le feu, ni dans le gel ;
je connaîtrai le repos
au port du ciel
Si une flèche acerbe
m'a frappé au cœur
d'un coup mortel
je changerai mon sort
et soignerai mon cœur
avec le trait de la mort
La version de Raquel Andueza avec Jesús Fernández Baena (guitare) :
Bon, d’accord, si on exclut les dames, Villazón fait du bel canto et avec Monteverdi, ça ne passe pas. Jarousski est un peu trop précieux dans son registre séraphique pour être crédible dans la déploration de la perte de sa bien-aimée. Je passe sur Franco Fagioli insupportable dans cet extrait. Reste Nicholas Spanos peut-être un peu moins angélique que Jarousski mais plus sobre. Quant à votre préféré, il ne me convainc pas : trop « naturel » justement. J’entends moins sa douleur que sa résignation. Et même un peu macho, m’a-t-il semblé. Pour moi j’hésite entre Karim Sulayman, très viril mais visiblement atteint au cœur et le jeune Oscar Verhaar qui expédie la belle absente en deux minutes et semble prêt à passer à autre chose mais avec une bien jolie voix, un joli minois et beaucoup de musicalité. Silvano, avec vos cadeaux du dimanche vous nous plongez dans de tragiques abimes de réflexions et de tergiversations musicologiques !!! Mais on vous pardonne tout.
RépondreSupprimerJe note vos deux suggestions, Ludovic.
RépondreSupprimerN'ayant pas entendu ce Monteverdi dans une émission culte qui me captive chaque dimanche en comparant sept à huit versions d'une même oeuvre avec commentaires de critiques musicaux de renommée , je ne me permettrai un avis face à ces puits musicaux, juste que en tant que musicien amateur - dans les deux sens du terme- il m'arrive de penser que les coups de cœur d'un jour peuvent être balayés lors d'une écoute dans de meilleurs ou moins bonnes conditions personnelles ! mais des avis éclairés sont toujours bienvenus lorsque des restrictions budgétaires vous obligent à des choix cruels- Soyez en remerciés mille fois
RépondreSupprimerAprès avoir écouté ces différents interprètes, j'opte pour celle de Karim Sulayman, la plus convaincante à mon sens, bien que je ne sois pas un patricien d'un quelconque instrument, ni ne connaisse grand chose en solfège ; abonné à l'opéra de ma ville où je réside, j'aime beaucoup la voix comme expression musicale. Bonne soirée à tous et bonne reprise pour le travail !
RépondreSupprimerMarco Beasley... cruel et délicieux tourment en effet. Merci Silvano pour ces suggestions toujours aptes à bouleverser les cœurs et montrer qu'il y a encore tant à sauver dans l'humanité.
RépondreSupprimerDominique
Oui, la version de M. Sulayman est si belle belle que l'on pourrait sous-titre "Sulayman le Magnifique" !
RépondreSupprimerDominique, vous avez raison : ce sont toutes ces émotions qui donnent des raisons d’espérer en l'Homme.