Photo Saverio Cardia |
mercredi 31 août 2022
L'émotion du Maestro
https://fb.watch/fhLPjnHSoV/
Actualité de Gay Cultes
Triste nouvelle
Les vendredis très déshabillés, c'est fini.
Bonne nouvelle
Les images de messieurs nus, dorénavant, c'est tous les après-midis à six heures.
Et on commence aujourd'hui !
mardi 30 août 2022
lundi 29 août 2022
Mon amant de Saint-Jean | Chapitre II - Épisode 25 : Des nouvelles du pays
(...) torse nu, en plein travail... |
Octobre 1937
Pour un premier samedi soir de loisir après sa première semaine au lycée de garçons de la ville, Claude, le narrateur, est allé au cinéma Odéon avec ses deux "protecteurs" montpelliérains voir le film de Jean Renoir La grande illusion. Les décors en extérieurs ont ravivé les souvenirs d'un séjour de scouts en Alsace de Marcel, au cours duquel il a pris sous son aile un garçon plus jeune, Roland, avec lequel il n'a cessé de correspondre. Depuis une lettre où Roland, l'Alsacien, lui confiait à demi-mots ses penchants homosexuels, qu'il voulait dissimuler pour "rentrer dans le rang", et malgré sa réponse, plus aucun courrier n'est parvenu de Neuf-Brisach. Le lendemain, Claude va fêter en famille son seizième anniversaire au bord du Lez où son grand-oncle lui offre un déjeuner qui s'annonce plantureux.
Elle ajouta qu’un chambard de tous les diables avait ameuté fin septembre le bon peuple devant la maison du Maire, Viguier. On ne sut pas de quoi il retournait, mais toujours est-il que Pierrette, la fille de l’édile, avait-été mise en pension chez les bonnes-sœurs de Ganges, dont la seule évocation faisait frémir d’effroi les gamines du village. Les nonnes de Sainte-Marie n’étaient pas des parangons de douceur. Elles avaient recours aux châtiments corporels, dont le moindre était le piquet, à genoux sur une règle en fer. Elles avaient recours à des sévices qui justifiaient leur réputation, au nombre desquels des stations debout dans la cour, qu’elles infligeaient aux « sales petites morveuses », de préférence au plus froid de l’hiver, sous la pluie ou, mieux encore, pour satisfaire leur sadisme, sous les bourrasques de neige de janvier. « Si tu ne te tiens pas correctement, je t’envoie à Ganges ! » était une menace proférée couramment par les parents à court d’arguments quand leur progéniture leur donnait quelque souci. Mon père, toujours prêt à moquer ceux qu’il appelait culs-bénits, utilisait l’expression pour plaisanter, la chantonnant comiquement quand je mettais les coudes sur la table ; et ça suffisait pour que je rectifie la position en riant. J’avais réprimé un frisson à l’évocation de celui qui ne quittait pas mes plus tendres pensées. Quant à la fille du Maire, je pouvais supposer sans craindre de me tromper que « Clarabelle », dont on se souvient des agissements peu catholiques, avait fait l’objet de colportages malveillants parvenus aux oreilles de son père, ou, pire, qu’elle avait été prise en flagrant délit.
Pour finir, maman m’informa que ma sœur Madeleine, de trois ans mon aînée, « fréquentait ». L’élu de son cœur n’était autre que Jean-Paul Raynal, avec lequel je l’avais surprise l’été dernier en posture équivoque dans la grange qui jouxtait la bergerie. « Ce sera un beau couple » affirmai-je doctement, songeant qu’accouplement il y avait eu, et sous mes yeux, encore ! En dépit de cet empressement à prendre une avance sur la nuit de noces, c'était un bon garçon, robuste, qui ne rechignait pas à l’effort. Il travaillait pour la commune, en indispensable factotum, sciant, clouant, maçonnant, jardinant, quel que soit le temps. Il assurait l’entretien de la Mairie et de la salle communale où il participait à l’organisation de manifestations variées. Il prêtait la main, bon an mal an, à l’organisation de la fête votive sans pour autant fréquenter la paroisse. C’est en employé municipal que mon futur beau-frère y participait, chargé notamment de monter l’estrade pour l’orchestre et de préparer le traditionnel feu d’artifice. Sans pouvoir revendiquer le qualificatif de « bon parti », le jeune homme gagnait de quoi faire vivre un ménage. Etienne Jacob l’ayant aperçu un matin torse nu, en plein travail, nous avait dit dans un soupir le trouver fort à son goût.
(À suivre)
© Louis Arjaillès - Gay Cultes 2022
dimanche 28 août 2022
Taorminstagram
Voici quelques années, j'avais passé une belle journée à Taormina, cette petite cité célébrée à la fin du dix-neuvième siècle par la bonne société homo de l'époque, Oscar Wilde en tête, qui venait y admirer et acquérir les photographies du baron von Gloeden qui fixa pour l'éternité la nudité des jeunes (un peu trop, souvent !) siciliens. J'avais le souvenir d'une jolie bourgade arrosée d'un soleil d'avril suffisamment dispensateur d'une chaleur supportable. Quelle vespa* m'a piqué pour que je choisisse, cette année, d'y séjourner en août ?
Là, comme ailleurs, le tourisme dit "de masse" fait des ravages qui semblent irréparables : Corso Umberto ou Via del Teatro, où se côtoient boutiques de souvenirs "made in China", magasins de fringues hors de prix, trattorie attrape-touristes affichant pour la plupart les mêmes spécialités locales à des prix variant du simple au double selon que l'établissement dispose d'une vue sur la mer - sur les immeubles de béton de Giardini-Naxos -, la foule se presse de jour comme de nuit, rappelant au Parisien les heures de pointe de la fameuse ligne 13 du métropolitain. Il faut une belle sagacité pour dénicher le havre de paix qui permet de promener son regard sur le plus beau ciel du monde et se dire "je suis en Italie". Heureusement, les jardins de la Villa Communale le permettent, où j'ai passé quelques heures précieuses à lire loin du vacarme incessant des motos pétaradantes, des bus (ah, les circuits touristiques de ces autocars rouges "hop on off", les mêmes que dans toutes les villes à pigeons !), des scooters, des terrasses et de leur rumeur assourdissante. L'époque étant au narcissisme, les gens font des photos. Photos de tout, photos de rien, photos d'eux-mêmes, surtout. Un matin, une armée de jeunes faisait le siège d'une boutique branchée pour y acquérir, apparemment, quelque nouveau produit (le mot est bien choisi) ou pour y profiter d'une offre spéciale, peut-être pour d'immondes chaussures que l'on admirera plus bas. Certain(e)s devaient être là depuis l'aube comme en témoignaient les sièges pliants dont ils s'étaient munis !
... une armée de jeunes... |
Comme je l'écrivais plus haut, quelle difficulté pour dénicher l'estaminet tranquille où l'on peut déguster un arancino vraiment "maison" et boire une eau pétillante à prix raisonnable (1€50, ça va, et c'est nettement moins ruineux qu'un "Perrier" en France). Heureusement, on repèrera les lieux incontournables que contournent les voyageurs de ce temps : la naumachie romaine et ses environs, aux immeubles sicilianissimes, et on grimpera (en bus) jusqu'à Castelmola, joli village préservé qui offre un point de vue extraordinaire sur l'Etna. On pourra, sur la place du Duomo manger une vraie pizza napolitaine croustillante chez Ciccino, et faire une halte au bar Turrisi, véritable musée du pénis (!) qui attire évidemment de nombreux visiteurs (photos à venir). Joie absolue, au cours de ce séjour, les "spaghetti al ricci" (aux oursins) de Da Nino, l'oursin étant, à Paris, une friandise réservée aux bourses (c'est Turrisi qui m'inspire !) bien garnies. Pour résumer, un pèlerinage à Taormina n'est pas à négliger, mais une journée suffit et, de préférence, hors saison touristique.
L'hôtel Victoria où descendait Oscar Wilde, est toujours là. Jusqu'à quand ? |
L'Etna au crépuscule, depuis Castelmola |
Arcobaleno (rainbow, arc-en-ciel) : un symbole ? |
J'ai déjà fini les oursins ! |
Chaussures "fashion" très jolies, non ? |
Bon dimanche !
Photo Eber Figueira |
Je suis de retour et ce journal reprend sa fréquence de publication habituelle.
Traversant Paris en voiture, hier en fin d'après-midi, j'ai pris conscience de la beauté de notre capitale.
L'air était doux et le ciel d'un bleu couleur pastel. Les foules n'étaient pas encore revenues de leurs vacances d'été.
J'ai choisi cette photo parce que j'ai le même maillot. Je suis tout de même mieux gaulé que ce gringalet.
samedi 27 août 2022
vendredi 26 août 2022
jeudi 25 août 2022
mercredi 24 août 2022
Le noir et blanc, ça vous a une de ces gueules*
* Je suis sûr d'avoir entendu la seconde partie de la phrase-titre dans une chanson. Mais laquelle ?
mardi 23 août 2022
lundi 22 août 2022
Mon amant de Saint-Jean | Chapitre II - Épisode 24 : La grande illusion
(...) son désarroi de ne pouvoir être ce qu’il était. |
Montpellier, octobre 1937
Pendant que Jules, son amoureux, se morfondait à Saint-Jean, leur village de l'Aveyron, Claude, le narrateur, est entré au lycée de garçons où il a cru déceler en Émile Boisselier, un camarade de classe, les mêmes inclinations que les siennes. Boisselier est également le nom de Désiré, peu avenant personnage, réputé adepte des théories de l'extrême droite, qui s'était présenté, peu avant, à la table d'un café où avaient pris place Claude et ses deux "protecteurs". Mais pour l'heure, la fin de cette première semaine de classe est consacrée aux divertissements, d'autant plus que le dimanche est celui du seizième anniversaire de Claude.
Après
trois jours de terribles atermoiements où j’avais eu à endurer, dans ses
regards embués, la tristesse d’Émile - et la mienne de ne pouvoir, ou de ne vouloir tout à fait, assumer
l’attirance qu’il exerçait sur moi -, vint le samedi. Nous avions hésité entre Pépé
le moko et La grande illusion. C’est Marcel qui trancha, plaidant qu’il avait quelques raisons de voir un film qui avait été tourné dans cette
région d’Alsace où il avait séjourné autrefois avec les Éclaireurs. Et puis,
dit-il pour achever de nous convaincre, Renoir était le cinéaste le mieux
accordé à nos convictions, tandis que l’autre film se déroulait dans une France
coloniale qu’il condamnait. Le film était projeté finalement à l’Odéon. Pendant le passionnant documentaire de première partie sur
l’épuration des eaux d’égout, Marcel attira mon attention sur le promenoir où
tournait le manège des hommes entre eux. Je lui dis que je trouvais cela
sordide. « Les coups,
ici, sont parfois de foudre. » répliqua son alter ego. Je me souvins qu’ils m’avaient conté leur
rencontre décisive en ce lieu et m’enfonçai, contrit, dans mon fauteuil.
Pendant le film, Fabre me poussa du coude pour me chuchoter qu’il connaissait
bien le château-forteresse du Haut Koenigsbourg où sont reclus les prisonniers
de guerre français. Nous sortîmes du cinéma dans un très vif état d’exaltation.
Sur le chemin du Faubourg où l’on me raccompagnait, nous nous remémorions ce spectacle empreint d’humanisme, pacifiste.
Je vantai le jeu des acteurs, dont celui de Gabin, qui incarnait Maréchal, l’aviateur
prolétaire, avec cette gouaille qui en avait fait la vedette masculine préférée
de tous les gagne-petit qui se reconnaissaient en lui. La figure d’ordinaire joviale de
Marcel s’assombrit quand il évoqua ce « petit frère » qu’il avait
rencontré lors de son séjour alsacien. Ils avaient correspondu ensuite
régulièrement, jusqu’au dernier courrier expédié par lui et resté sans réponse.
Il fit état de la dernière lettre du jeune Roland Sieffert qui exprimait son
désarroi de ne pouvoir être ce qu’il était : « Tu te rends compte ? Alors que nous sommes
censés reconnaître cette chose chez autrui, je n’avais rien décelé. » Je
m’inquiétai de savoir si, chez moi, ça se voyait, s’il me
« reconnaissait ». Ce à quoi il répondit que ses instruments de
mesure étaient faussés par la présentation qui lui avait été faite par Etienne
Jacob avant mon arrivée en ville. Mais il
affirma très sérieusement que j’avais des côtés « chochotte » qui ne
pouvaient échapper à la sagacité des initiés. J’en fus vexé, ce qui déclencha
un éclat de rire simultané de mes deux compères. « Petit Claude, tu n’es pas seulement gracieux, tu es le contraire d’un rustre, mais ton accent te protège de toute
suspicion ! ». Arrivé à ce qui était désormais ma maison, je tombai
sur Magali : « La grande illusion, quelle chance ! Je
voulais aller le voir avec une amie qui m’a dit que ce n’était pas un film pour
les femmes. C'est complètement idiot. Nous sommes allées au Régent voir Mayerling
avec Danièle Darrieux, un mélo prétendument historique ; quelle barbe !
Heureusement qu’il y avait Charles Boyer ; à fondre ! On célèbre tes seize
ans, demain, gentil cousin. Sais-tu que tu as le droit de dormir jusqu’à point
d’heure, si tu veux ? Je te réveillerai en temps utile pour nous rendre en
voiture à la guinguette. Marcel Fabre n’est pas invité, que je sache. » Je
relevai l’ironie malicieuse de la dernière phrase. « Oh, tu sais, je le
vois tous les jours. Je n’en suis pas plus contrarié que toi. »
répliquai-je, mordant à mon tour. Nous nous quittâmes très en joie et mon
sommeil fut peuplé de rêves où des militaires allemands et français
s’embrassaient passionnément.
(À suivre)
© Louis Arjaillès - Gay Cultes 2022
1/ Photo d'Herbert List
2/ Via le site Où sortir en Alsace
3/ Pierre Fresnay et Erich Von Stroheim (image extraite du film)
Les extérieurs de La grande illusion ont été tournés à la caserne de Colmar, à Neuf-Brisach/Volgelsheim, sur les hauteurs de Fréland, et bien-sûr au château du Haut-Koenigsbourg.
dimanche 21 août 2022
Soupirs d'aise
C'est Yann Faucher qui a fait cette photo.
Bon dimanche !
Je pars pour la Sicile demain.
Votre feuilleton sera au rendez-vous, néanmoins.
samedi 20 août 2022
Centenaire
Belle affiche du Festival de cinéma de La Rochelle, qui a eu lieu du 1er au 7 juillet. Le festival a rendu hommage au poète assassiné, né en 1922, avec six films. L'affiche officielle du festival utilisait une photo du jeune et beau Delon des années soixante. Je préfère cent fois celle-ci. Le 7 août, j'écrivais ces pensées venues à moi lors d'une halte au Palais Royal : [ Je lis, j'écris. Plutôt mal que bien, mais j'écris. Je suis musicien. Je réfléchis tout le temps, aussi. Pour beaucoup, je suis donc un intellectuel. Je suis destiné au bûcher.]
Pasolini au bûcher ferait un bon titre pour un hommage.
Un Oratorio, par exemple, non ?
La chambre de Giovanni
Ça me permet simplement une allusion à un grand roman de la littérature américaine.
Vous avez la référence, bien sûr, cultivés (vrais) lecteurs.
vendredi 19 août 2022
jeudi 18 août 2022
Qu'est-ce qu'une bonne chanson* (et une belle vidéo) ?
Silvano in Paris
Prenant un verre l'autre après-midi Place de Valois, je fus intrigué par la succession de touristes prenant en photo cet immeuble. Mon compagnon de table, un tantinet midinette, me dit : "Mais comment, tu connais pas ? C'est l'immeuble où bosse l'héroïne d'Emily in Paris, la série "culte" ! - aujourd'hui, tout est culte, sauf la culture - de Netflix. J'avouai mon ignorance, puis, menant l'enquête, j'ai découvert que l'Office du Tourisme parisien avait créé un parcours* pour les aficionados (aficionadas, plutôt) de cette saga qui fait vibrer, paraît-il, les instagrameuses du monde entier. N'écoutant que ma témérité, j'ai regardé quelques épisodes (une vingtaine, pas plus !) de cette merveilleuse série, où, entre deux panoramiques "carte postale", les parigots en prennent pour leur grade - ah, ma surprise de voir cette boulangère acariâtre jouée par l'une de mes amies ! -, mais, néanmoins, où les représentants du sexe mâle bleu-blanc-rouge sont "very exciting" et assurent vachement au lit. On se cultive tous les jours.
* Toi aussi, vis le Paris d'Emily : clic
Merci qui ?
mercredi 17 août 2022
Avec le sourire, c'est mieux
La photo du billet précédent, avec un Tom Holland contusionné, m'a causé quelques remords.
Soyons positifs.
Spiderman cherche de l'air
Les réseaux sociaux et leurs conséquences
L'acteur Tom Holland a annoncé qu'il avait désinstallé Instagram et Twitter afin de se concentrer sur sa santé mentale. « Je suis rattrapé et je tourne en spirale quand je lis des choses sur moi en ligne. Et finalement, c’est très préjudiciable à mon état mental. J’ai donc décidé de prendre du recul. Et de supprimer l’application ».Mystère de l'amour
Cette chanson de Sufjan Stevens berce Call me by your name.
Mystery of love épouse parfaitement, ici, les images extraites de l'émouvant Center of my world.
mardi 16 août 2022
lundi 15 août 2022
Mon amant de Saint-Jean | Chapitre II - Épisode 23 : Nathanaël
Jusqu'à m'oublier moi-même. |
Lors de sa première journée au lycée de garçons de Montpellier, Claude Bertrand, le narrateur, a fait la connaissance d'Émile Boisselier, un beau camarade de classe ; lequel, apparemment, a les mêmes inclinations que lui. Le doute s'installe : Claude s'étonne de la soudaine admiration qu'il éprouve pour ce garçon, non dénuée d'arrière-pensées d'ordre peu orthodoxe. Rappelons qu'à Saint-Jean, son village de l'Aveyron, l'attend Jules, auquel il est lié par un pacte amoureux "à la vie, à la mort". À l'approche de son seizième anniversaire, Claude s'efforce de lutter contre une sensualité quelque peu débordante.
La
prestance, le soin qu'il apportait à son apparence
vestimentaire, la juste longueur, comme étudiée, de sa blonde chevelure, les quelques
centimètres carrés de son corps offerts, peut-être savamment, à ma juvénile
concupiscence, avaient eus pour conséquence d’exciter ce qu’il y avait de plus
masculin en moi. Était-ce la honte ou le désir de garder un secret des plus
intimes ou, plus sûrement, la crainte de sa réaction à la simple évocation
du nom de Boisselier, qui m’interdirent de mentionner cet épisode quand je rendis
compte de cette première journée à Marcel ? La nuit, je dus attendre
longtemps que le sommeil consente à venir m’apaiser. Je m’étais rendu à l’évidence
que tout au long de cette journée, ce diabolique voisinage m’avait fait oublier
Jules, Saint-Jean, mes parents, ma sœur et ma vie d’antan. Jusqu’à m’oublier
moi-même. Pour me distraire de pensées par trop lancinantes, j’allumai la
bougie qui permettait de désobscurcir ma chambre – on ne devait tourner l’interrupteur du
plafonnier qu’avec parcimonie – et tentai vainement de parcourir mon livre d’histoire.
Je m’endormis enfin à une heure avancée et présentai le lendemain à mes
convives du déjeuner la triste figure que je n’étais pas parvenu à défroisser.
Mélanie me demanda si j’avais encore lu toute la nuit : « Quand je
passe le balai dans votre chambre, Claude, je sais bien, à l’usure de la
bougie, si vous avez dormi comme on le doit ! ». Mon grand-oncle m’annonça
gaiement que nous fêterions mes seize ans dimanche au bord du Lez, où l’on
pouvait faire bombance et danser au bal musette. J’aurais dû être comblé,
car, avec sa permission, j’irais la veille au soir au cinéma, avec Marcel. Et André,
dont seule ma cousine connaissait l’existence.
Il ne faut pas tenter le
diable. Au lycée, ce jour-là, feignant
la distraction, je me suis débrouillé pour changer de place et m’installai au
fond de la salle. Tout au long de la semaine, « Émile- Olivier »,
à quatre rangs de ma table désormais, se retournait de temps à autre et me lançait à la dérobée des regards mouillés de dépit. Je retardais ma sortie de midi de
façon à ne pas le croiser à l’extérieur du bâtiment. Je m’efforçais d’être fier
de mon attitude. Mais j’avais le cœur au bord des larmes.
Le jeudi, je pris une collation de midi
au Peyrou avec mes deux amis montpelliérains. Fabre avait subtilisé chez son père
une bouteille d’un vin rouge capiteux que nous dégustâmes dans les timbales de
fer blanc qu’il avait apportées. Le breuvage fit son effet, qui me grisa en peu
de temps. J'avais décidé, ce jour-là, pour leur plus grande joie, de les marier en
un nom unique : « Dorénavant, quand je parlerai de vous deux ensemble, je vous
réunirai en un seul nom, Nathanaël ! » J’obtins aussitôt leur adhésion. Gide – encore lui ! – était politiquement des nôtres. Et pas seulement
politiquement. Je tins bon et me gardai bien de faire allusion aux accointances
« gidiennes » qui m’avaient rapproché du jeune Boisselier. Le lecteur
est désormais averti que, par la suite, le prénom Nathanaël sera toujours suivi d’un
pluriel. Car pluriels ils étaient. Et ne faisaient qu'un.
(À suivre)
© Louis Arjaillès - Gay Cultes 2022
(...) le soin qu'il apportait à son apparence vestimentaire... |
dimanche 14 août 2022
Pretty de Pretto
C'est un gentil voisin avec lequel je converse de temps à autre.
L'autre soir, un jeune et joli copain "à garçons" attablé à l'air libre
d'une aire très libre de mon quartier
était tout chaviré de l'avoir vu passer.
Il a dit : "Je le trouve joli, de Pretto".
J'ai dit "oui, appelons-le Pretty de Pretto désormais".
Cette chanson me touche.
Je pense à mon père qui me voyait suivre une autre route que lui :
Jose de Barcelone
De plus, il n'a pas de barbe et il sait lire.
sera fidèle à son rendez-vous hebdomadaire