Ciné malade

 Les efforts déployés par un ami vivant en belle région montagneuse pour voir le film Ennio, encensé ici même il y a peu, pour arriver finalement, après un véritable parcours du belligérant*, devant une salle de cinéma close pour travaux, ont rappelé à mon souvenir le très beau court-métrage de Guy Gilles Ciné Bijou (1965). La disparition des salles obscures, cinémas de quartier évoqués dans ce film, mais plus encore cinoches de province, conséquence de l'arrivée progressive de la télévision dans les foyers, résonne particulièrement aujourd'hui, où, après la période "Covid", pendant laquelle les exploitants ont dû se soumettre aux ordres et contrordres des autorités (fermeture, réouverture, fermeture, masque obligatoire et puis non finalement !), le cinéma connaît une désaffection inquiétante pour son avenir. De plus, des plateformes comme Netflix, qui doivent beaucoup aux confinements, produisent - et s'assurent l'exclusivité de leur diffusion - des films importants (La main de Dieu ou Don't look up l'hiver dernier) ou, coupant l'herbe sous le pied des exploitants, des "blockbuster" dont ces derniers faisaient leur miel les années précédentes, le dernier exemple en date étant The Gray Man, gros film dans la veine des Mission Impossible et autres James Bond. 
Dans un tout autre style, on appréciera ce Ciné Bijou au sujet duquel j'écrivais lors d'une première diffusion ici : YouTube soit sanctifié (cherchez le paradoxe !), qui nous permet de découvrir ce court-métrage consacré en 1965 déjà à la disparition des cinémas de quartier, sujet qui m'a toujours tenu à cœur. La promenade se déroule en compagnie de Patrick Jouané qui fut le comédien-fétiche du cinéaste. Et qui n'était pas vilain, loin de là :

* Ah, pourfendre par coquetterie les lieux communs, que c'est plaisant !