Cette fois, il l'a vraiment perdu. Et le voici qui cherche
sur les lèvres de chaque partenaire de rencontre
ses lèvres à lui ; dans l'étreinte avec chaque
partenaire de rencontre, il cherche à se convaincre
qu'il s'agit de son ami, qu'il s'abandonne à lui.Il l'a vraiment perdu, comme s'il n'existait plus.
Parce que lui - à l'entendre - il voulait se sauver
de cette infamie, de cette volupté morbide ;
de cette infamie, de cette volupté de la honte.
Il était encore temps - ce sont ses mots - de se sauver.
Il l'a vraiment perdu, comme s'il n'existait plus.
Par l'imagination, l'égarement des sens
sur les lèvres des autres, ce sont ses lèvres qu'il recherche ;
il essaie de sentir à nouveau son amour.
Constantin Cavafis
En attendant les barbares et autres poèmes (Nrf - Gallimard | Traduction Dominique Grandmont)
Illustration : Anatola Soungouroff (1911-1982) : Portrait de jeune homme au foulard. Huile sur toile , 1952.
Cafavis dans un brouillon de moi seul connu avait d'abord écrit :
RépondreSupprimer"Il l'a vraiment perdu , mais il existe toujours .
Par l'imagination, sur les visages des autres, il retrouve ses lèvres , ses yeux , son sourire ...
il est heureux de sentir à nouveau son amour."
Une traduction personnelle?
SupprimerSeb
Comme ces mots expriment bien les maux!
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