Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


lundi 28 octobre 2024

Désarroi


Cette fois, il l'a vraiment perdu. Et le voici qui cherche
sur les lèvres de chaque partenaire de rencontre
ses lèvres à lui ; dans l'étreinte avec chaque
partenaire de rencontre, il cherche à se convaincre
qu'il s'agit de son ami, qu'il s'abandonne à lui.

Il l'a vraiment perdu, comme s'il n'existait plus.
Parce que lui - à l'entendre - il voulait se sauver
de cette infamie, de cette volupté morbide ;
de cette infamie, de cette volupté de la honte.
Il était encore temps - ce sont ses mots - de se sauver.

Il l'a vraiment perdu, comme s'il n'existait plus.
Par l'imagination, l'égarement des sens
sur les lèvres des autres, ce sont ses lèvres qu'il recherche ;
il essaie de sentir à nouveau son amour.

Constantin Cavafis

En attendant les barbares et autres poèmes (Nrf - Gallimard | Traduction Dominique Grandmont)

Illustration : Anatola Soungouroff (1911-1982) : Portrait de jeune homme au foulard. Huile sur toile , 1952.


3 commentaires:

uvdp a dit…

Cafavis dans un brouillon de moi seul connu avait d'abord écrit :
"Il l'a vraiment perdu , mais il existe toujours .
Par l'imagination, sur les visages des autres, il retrouve ses lèvres , ses yeux , son sourire ...
il est heureux de sentir à nouveau son amour."

Eric D a dit…

Comme ces mots expriment bien les maux!

Anonyme a dit…

Une traduction personnelle?

Seb