Mon joli garçon sensible,
tu montes chez moi : le locataire du dessous s'arrête sur le seuil de son appartement pour te regarder ; nous en rions : je le soupçonne, à raison sans aucun doute, de jauger ton fessier en connaisseur.
Le gratin de chou-fleur attendait poliment le coup de sonnette pour glisser dans le four ; tu le dégusteras du bel appétit des jeunes gens qui ont couru Paris toute la journée.
Auparavant, pianotage et Spritz sur le balcon. Il fait presque aussi doux que toi.
Quelques verres d'un vin capiteux, sudiste en diable, pendant le repas-confidences où l'on s'en dit tant et tant ; en fond sonore - on a mis le volume au minimum - musique énervante sur Radio Classique qui ne connaît rien de plus que le sempiternel concerto pour violon et orchestre de Mendelssohn, ou, voulant se la jouer "pointu" à une heure avancée, déjà, distille numériquement un opéra improbable. Doux secrets échangés, souvenirs de Toscane. En routard chevronné de l'amour, je prodigue conseils et encouragements : j'aimerais que, comme sur cette photo, tu trouves le bonheur que tu mérites, joli garçon sensible, droit, intègre, provincial qui te défies avec raison des mirages de Paris.
Tu dis : "je dirai à ma mère que c'est si bon, le gratin de chou-fleur au chorizo".