Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.
Photo en-tête Mina Nakamura

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


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jeudi 23 décembre 2021

De-ci, de-là

Natalophobie

Ça finit toujours mal, ces trucs-là !

L'excellent (et bel être humain) Alex Vizorek, dont il faut voir le nouveau spectacle (Théâtre de l'Œuvre, puis en tournée), évoquait l'autre matin sur Inter, sa natalophobie (phobie de Noël), mal dont souffrent, pour maintes raisons, de multiples individus. Me concernant, je n'ai guère de souvenirs d'heureux Noëls, à l'exception d'agapes amicales ces dernières années, mais point celle-ci : le groupe festoyant habituel a vu ses membres s'égailler pour la période. Demain soir, toutefois, repas en duo avec un ami auquel je prête avec plaisir mes fourneaux : c'est un fort bon cuisinier qui saura nous régaler. Mais avec lui en cuisine, Noël s'invite souvent à ma table.

Entre blogueurs

Elie Grekoff pour Tirésias de Jouhandeau

Il y a peu, j'ai eu le plaisir de rencontrer l'auteur du "blog ami" Bibliothèque gay : c'est un collectionneur avisé, cultivé, avec lequel j'eus une conversation des plus intéressantes dans un café du quartier où nous voisinons. Je sais que vous regardez scrupuleusement la colonne de droite, mais au cas où vous seriez un internaute pressé (un pléonasme par ces temps qui ne s'attardent sur rien) je vous recommande hautement ce blog qui permet de découvrir les trésors de la littérature et de l'iconographie gays, dont de nombreuses raretés, fidèles à cette "profession de foi" en exergue du blog : Amateur de beaux livres, passionné par la culture homosexuelle, je partage ma passion sur ce blog. Je propose une promenade au sein d'une bibliothèque personnelle, en espérant que cela créera de l'échange et fera découvrir à certains la richesse de la culture littéraire homosexuelle. J'espère vous offrir de nombreuses découvertes dans l'immense continent de la littérature et de l'histoire homosexuelles, notre patrimoine commun.
Lorsque l'amour des livres rencontre l'amour des garçons !

C'est par là : clic

Une absence

Je lui ai dit que ce que je n'aime pas de lui, ce sont ses départs.
 Mais alors, tu apprécieras davantage mon retour.
Il m'a pris dans ses bras, j'ai savouré l'étreinte et j'ai tourné les talons illico presto.
Sur le départ, il est revenu à l'improviste, pressé, sac au dos et sa guitare dans une main ; dans l'autre, un bouquet de fleurs et un livre, pour moi. Il y a quelques mois, j'avais dit dans une conversation que je ne comprenais pas pourquoi on n'offre des fleurs qu'aux femmes.
Dans le livre, il a écrit " Chi trova un amico trova un tesoro".
Je sais qu'entouré d'une famille aimante, de celles qui font les Noël heureux, il m'enverra des signes d'affection. 
Pendant deux longues semaines, voici à quoi ressembleront mes moments de solitude :

Victor M. Alonso

lundi 13 janvier 2020

D'hiver ( 2020 /1)

Le monde d'aujourd'hui


Je m'évertue, jour après jour, à distribuer ici un peu de bienveillance, d'y souffler quelques bulles de savon, je m'y repose avec vous du climat délétère qui nous asphyxie crescendo, de ce mouvement que rien ne semble pouvoir arrêter. Alors, comme beaucoup sans doute, je freine comme je peux, des deux pieds, je trouve de-ci de-là un beau visage, une attitude, une oeuvre d'art, voire une paire de fesses rebondie à souhait. Je nous offre quelques petits bonheurs qui permettent d'estomper un moment ce qui nous agresse, j'écoute quelque musique céleste née de l'un de ces trop rares bienfaiteurs de l'humanité que l'on appelle génies pour oublier le fracas, les fantoches qui gouvernent et jouent à se faire peur jusqu'au moment où tout peut s'effondrer.
Stefan Zweig
Je m'accorde aujourd'hui d'être plus sombre qu'à l'accoutumée, tant l'entassement des problèmes de toutes sortes que nous vivons atteint à présent des sommets qu'on n'aurait pu imaginer à l'époque bénie où ceux de ma génération d'entre-deux vivaient une période en parenthèse enchantée - et l'expression revêt en l'occurrence toute sa signification.
Mais nous n'avons pas fait grand chose, voyez-vous : on regardait ailleurs, comme l'avait dit tel dont on peut douter des convictions en la matière, et quand on lit le mépris et les haussements d'épaules de nombre de ceux qui portent la parole médiatique devant la colère de cette gamine venue du froid - et l'on dira demain "du tiède" -, ça résume très exactement où nous en sommes.
On lira et relira Le monde d'hier de Stefan Zweig, qui parle tout d'abord des temps heureux pour nous faire assister au glissement progressif vers l'horreur.
Jamais écrits n'ont été autant d'actualité.

Un café, avant de retourner chez les fous ?


Vienne : le Café Central de nos jours
Le même au temps de S.Zweig . Très masculin, non ?


Il est peut-être une institution du monde de Zweig qui n'a pas changé : les cafés de Vienne. S''ils sont rafraîchis périodiquement, le temps semble s'y être arrêté, si ce n'étaient les smartphones des touristes qui traînent sur les tables quand ils ne sont pas rivés tels des prothèses à l’œil de leurs propriétaires.
Les Viennois s'en distinguent, qui les gardent dans leur poche intérieure en mode silencieux ou vibreur et sortent pour prendre un appel important : la politesse, quoi ; encore une notion disparue.
On sourira tristement, pensant à nos cafés d'ici où "faut consommer !", de leur description par l'écrivain dans le livre évoqué plus haut :
« Le Kaffeehaus représente une institution d'un genre particulier, qui ne peut être comparée à aucune autre au monde. C’est en fait une sorte de club démocratique ouvert à tous pour le prix abordable d’une tasse de café où chacun peut s’asseoir pendant des heures, discuter, écrire, jouer aux cartes, s’occuper de son courrier et surtout consulter un nombre illimité de journaux et de magazines. Chaque jour, nous étions assis pendant des heures, et rien ne nous échappait. »


L'homme est un loup pour l'homme


À l'assaut ! 
Et c'est peu de le dire !
Comme on le sait, ce sont les "parisiens-têtes-de-chiens, parigots-têtes-de-veaux" qui ont le plus à souffrir des grèves dans leur vie quotidienne.
Hormis les inconvénients subis par les usagers (qu'ils soutiennent ou non le mouvement actuel), ce sont les incivilités les plus crasses qu'ont à endurer ceux qui tentent d'emprunter un bus ou un métro, lesquels circulent rarement quand le trafic n'est pas carrément suspendu.
C'est la jungle, qui me fait penser à la catastrophe historique du "Bazar de la charité" dont on sait que la majeure partie des survivants furent des hommes qui piétinèrent sans vergogne femmes et enfants lors de l'embrasement.
Ces événements  permettent de constater le piteux état de notre société, dont cette "médiocratisation" galopante (le vocabulaire, par exemple, c'est effrayant !), en contrepoids malheureux  à l'extraordinaire progrès que devait permettre la révolution numérique et ce que l'on nomma autrefois "autoroutes de l'information" devenues pistes d'assaut en mode Mad Max virtuel tout aussi violent et néfaste... C'est à des pugilats qu'assistent à longueur de parcours les personnes qui ont choisi de se déplacer dans Paris à deux ou quatre roues (certains amis en font le compte quand ils me rejoignent à Vespa), c'est d'une mini-guerre civile que fut le spectateur cet ami devant absolument prendre un bus le jour de Noël, qui m'adressa en bout de parcours ces quelques mots clavés :  "je suis en larmes de ce que j'ai vu". 
Ainsi est, aujourd'hui, la "douce France" du poète, lequel, aujourd'hui, aurait droit au lynchage des réseaux "sociaux" pour cette affaire de prétendu mineur détourné qui lui valut quelques ennuis dans les années soixante...
Mais ce sera l'objet du prochain articulet.
Pour nous consoler quelque peu (tout n'est donc pas perdu ?), cet homme auquel on tendait un micro en région : "Non, ça va, les plus à plaindre, ce sont les Parisiens."
Sans ajouter "têtes de chiens".


Les moins de 16 ans



Je me souviens très bien de cette édition  d'Apostrophe où Denise Bombardier dit son fait à Gabriel Matzneff. Nous étions ce soir-là réunis chez un ami où nous avions l'habitude de regarder l'émission de Pivot-le-prescripteur grâce à laquelle nous pouvions établir nos listes de lectures à venir sans grand risque d'être déçus.
Je me rappelle notre réaction de jeunes gens modernes et libérés devant la colère teintée de stupéfaction de la Québécoise, qui pourrait se résumer à un "mais qui c'est, cette connasse ?".
Le temps a fait son oeuvre qui m'a rendu peut-être un peu moins con, un peu moins enclin à l'indulgence vers ce qui, étant transgressif, devrait mériter louanges ou, au pire, indifférence. 
Non, le comportement de Matzneff, prédateur s'affichant comme tel, n'est pas le moins du monde excusable et oui, on tombe des nues en découvrant que l'homme a encore aujourd'hui chronique ouverte dans un magazine à grande diffusion et reçoive encore des prix et les honneurs, sous forme de subsides, de la république.
Une couverture des années 30. Inconcevable aujourd'hui.
J'ai lu par ailleurs - mais je répugne à "balancer", comme le veut la mode du temps -, des lignes pour défendre cette "paroisse" des ogres, proclamant qu'un Tony Duvert, grand consommateur de chair fraîche était un grand écrivain, tout le reste n'étant, bien sûr, que... littérature.
Certes, l'attirance éprouvée jusqu'à consommation envers les mineur(e)s par de grands noms (Gide et Montherlant ne sont pas les moins illustres) et par d'autres de moindre importance (Peyrefitte et son enfant de "cœur" célébré dans Notre amour) n'est pas une révélation de nature à les mettre au ban de la littérature... du moins jusqu'à présent. Si le simple fait d'imaginer un homme mûr copulant avec un enfant me donne la nausée, je trouve toute forme de lynchage indigne d'une société civilisée. D'autre part, le retrait de la vente d'ouvrages sulfureux sans aucune forme de procès par des éditeurs qui les ont autrefois reçus, lus, publiés et promus et, soudainement, ces autodafés virtuels où l'on jette une oeuvre, si indigne soit-elle, sont (encore) un signe des plus inquiétants sur la tournure que prend l'esprit du temps. 



Lu hier dimanche

Les thèmes des "romans-jeunesse" évoluent de manière appréciable : ainsi, je suis le point de terminer Romance (!) d'Arnaud Cathrine (Robert Laffont), sorte de journal intime d'un adolescent gay de notre temps. C'est à la fois touchant, sincère, moderne. 
Une sorte de Tombe, Victor ! d'aujourd'hui... qui ne me rajeunit pas. 
Mais c'est grave passionnant !
Attention aux résumés sur les sites, qui divulgâchent à mort ! Cela dit,on se doute, à mi-parcours de ce qui va se produire. Le bouquin donne envie de mieux écouter et d'échanger avec de jeunes gays pour combattre "âgisme" et "jeunisme" (on peut combattre les barbarismes, aussi).
De plus, jolie couverture, objet agréable au toucher.

Note vers 14h45, lundi 
J'ai fini ma lecture pour le dessert.
Je m'attendais quelque peu à cette fin.
Elle n'a rien cependant de convenu, et
confirme que Romance est un roman 
exaltant, excitant voire, sur l'adolescence.



Si vous voulez commenter,
merci de citer le titre
du paragraphe concerné.




lundi 26 décembre 2016

D'hiver et varié - 1 -

Flipissimo



Avant de partir, j'ai dû subir une batterie d'examens destinés à surveiller mon "palpitant" - comme on dit chez Audiard -, car je pensais souffrir d'une affection bénigne... ou gravissime selon la lecture que je faisais des sites dont on dit qu'il ne faut jamais les visiter, mais que l'on fait quand même, en hypocondriaques avérés.
Abstenons-nous des "Toubibssimo" de toutes sortes dont la toile nous abreuve, et on n'en ira que mieux. Le résultat des courses étant que, selon la Faculté, j'ai un cœur et des artères de gamin ; ce qu'un ami résume gentiment par un aimable texto où il prétend que j'ai bon cœur, et que le cardiologue ne nous apprend rien.
C'est gentil.

Milano, j'arrive !



Comme je l'écrivais récemment, je n'ai jamais séjourné à Milan, où, me rendant sur les lacs à diverses reprises, je n'ai fait que de courtes haltes, ne visitant au pas de course que la Galleria Vittorio Emanuele, le Duomo - sans monter sur la terrasse, ce que l'on me souffle comme étant exceptionnel - et la placette où l'on peut admirer le grand Leonardo et ses aides, dont on sait à présent qu'ils ne furent pas seulement ses disciples ; n'est-ce-pas Salaï ?
Pourtant, Salai ne fut pas un saint...
Salaï, dont on prétendit un temps qu'il servit de modèle à la fameuse Joconde (Mona Lisa pour l'état civil) ; ce dont il est de nos jours permis de douter.
En revanche, c'est bien cette petite gouape - c'est la réputation collée à ses basques - que l'on admire incarnant Saint Jean Baptiste dans l’œuvre fameuse ci-contre.
Même si ça nous fait hyper-mega-over plaisir, on évitera de prendre pour argent comptant les assertions de Sophie Chauveau qui nous dépeint la vie sexuelle du Maître comme un roman gay mettant en scène une foule de gitons ayant animé avec frénésie la couche du génial personnage.
Même Dominique Fernandez dans ces Amants d'Apollon que j'évoquai la semaine dernière, se fait - étonnamment - prudent sur la question.
Reste que L'obsession Vinci, de Madame Chauveau (femme charmante et cultivée au demeurant), est un bouquin très -pardonnez cette trivialité - euh, bandant.
Je prendrai donc l'ascenseur qui mène sur l'indispensable terrasse du Duomo, c'est promis.


Ragazzi (et comtesses sans âge)


Bon, va pour la doudoune !
Cette saison - Milan "jouit" peu ou prou, en hiver, des mêmes températures que Paris - ne se prête guère à l'observation énamourée des ragazzi, tels qu'on peut les admirer lors de la période chaude, et dont j'ai pris l'habitude, rusant quelque peu avec quelque complice bienveillant, de rapporter quelques photographies. Ceux que je verrai sur mon chemin seront à coup sûr emmitouflés dans leur doudoune dernier cri (n'oublions pas que Milan est le paradis du "bling-bling" vestimentaire). Peut-être aurai-je le plaisir , néanmoins, d'y croiser, à l'état naturel, de ces modèles qui font la joie des magazines de mode, et, parfois de la rubrique "Anges" de ce journal numérique.




Carla Erba Visconti di Modrone


Au concert de l'Auditorium, où j'irai entendre une Neuvième que j'espère d'excellence, ce sont plutôt des comtesses viscontiennes d'âge canonique que j'aurai l'heur d'observer, jumelles en main, comme dans les films du Maestro.




Bonus


Garçon d'Italie | Herbert List 1961