Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.
Photo en-tête Mina Nakamura
"La gravité est le plaisir des sots"
lundi 1 décembre 2025
mardi 14 octobre 2025
lundi 28 juillet 2025
On choisit pas
vendredi 25 juillet 2025
L'accroche-cœur
![]() |
| Peinture du XIIIᵉ siècle digitalisée |
mardi 1 juillet 2025
Longtemps après que le poète a disparu
De la chanson française, il reste le plus grand.
Ce film documentaire est une vraie réussite.
Sur l'histoire dite "de mœurs" qui lui valut l'ostracisme
de nombreuses personnalités du métier,
on sait aujourd'hui qu'il fut victime d'une injustice révoltante.
qui savent ce qu'ils doivent à cet artiste exceptionnel.
Charles Trenet mérite amplement sa place au Panthéon des poètes.
lundi 23 juin 2025
Pasolini : rien de vint comme espéré
(La meilleure jeunesse, Poèmes à Casarsa, trad. Nathalie Castagné, Dominique Fernandez © poésie/Gallimard, 1995)
lundi 12 mai 2025
Qu'être entouré de chairs merveilleuses...
Ni qu'à présent plus de jeunesse ou de vieillesse ;
Et jamais il n'y aura plus de perfection qu'à présent,
Ni qu'à présent plus de ciel et d'enfer.
*
Que m'arrêter avec les autres à l'étape du soir me suffisait,
Qu'être entouré de chairs merveilleuses, curieuses, respirantes et riantes me suffisait...
Il n'y a pas d'autre joie pour moi, je m'y baigne comme dans l'océan.
Quelque chose se passe dans le contact suivi avec les hommes et les femmes, leur spectacle, leur présence, leur parfum, qui séduit si fort l'âme,
Car l'âme prend plaisir à tout, mais surtout à ces éléments.
Walt Whitman
lundi 7 avril 2025
" Une nuit "
La chambre était pauvre et vulgaire,
cachée à l'étage de la taverne louche.
Par la fenêtre, on voyait la venelle,
sale et étroite. D'en bas
montaient les voix de quelques ouvriers
qui jouaient aux cartes et s'amusaient.
j'avais à moi le corps de l'amour, j'avais
les lèvres roses et voluptueuses de l'ivresse-
roses d'une ivresse telle que même en ce moment
où j'écris après tant d'années !,
je m'enivre à nouveau dans ma maison solitaire.
Constantin Cavafy
(traduction Ange S. Vlachos)
mercredi 2 avril 2025
Un faux très répandu
celui qui ne voyage pas,
celui qui ne lit pas,
celui qui n’écoute pas de musique,
celui qui ne sait pas trouver
grâce à ses yeux.
Il meurt lentement
celui qui détruit son amour-propre,
celui qui ne se laisse jamais aider.
Il meurt lentement
celui qui devient esclave de l’habitude
refaisant tous les jours les mêmes chemins,
celui qui ne change jamais de repère,
Ne se risque jamais à changer la couleur
de ses vêtements
Ou qui ne parle jamais à un inconnu
Il meurt lentement
celui qui évite la passion
et son tourbillon d’émotions
celles qui redonnent la lumière dans les yeux
et réparent les cœurs blessés
Il meurt lentement
celui qui ne change pas de cap
lorsqu’il est malheureux
au travail ou en amour,
celui qui ne prend pas de risques
pour réaliser ses rêves,
celui qui, pas une seule fois dans sa vie,
n’a fui les conseils sensés.
Vis maintenant !
Risque-toi aujourd’hui !
Agis tout de suite !
Ne te laisse pas mourir lentement !
Ne te prive pas d’être heureux !.
(Journaliste et femme de lettres née en 1961 à Porto Alegre)
Ce texte a circulé sur Internet au moyen du système de « Chaînes de Lettres», en tant que poème de Pablo Neruda, atteignant une diffusion inespérée. Le faux texte de Neruda a eu des traductions multiples et une diffusion planétaire malgré les protestations et réclamations de nerudistes de plusieurs pays. Le texte a poursuivi sa cyber existence et connut une propagation dans le Cyberespace. Huit ans plus tard, l’auteur a appelé la Fondation Neruda à Santiago du Chili pour éclaircir le sujet et pour réclamer la maternité du texte en question et pour mettre fin à l’histoire. La fondation Néruda aurait admis que le poète Chilien n’en était pas l’auteur.
![]() |
| Martha Medeiros | Pablo Neruda |
lundi 24 mars 2025
Ivresse
lundi 10 mars 2025
Gris (Cavafis, 1917)
ΓΚΡΙΖΑ Κυττάζοντας ένα οπάλλιο μισό γκρίζο Για έναν μήνα αγαπηθήκαμε. Θ' ασχήμισαν — αν ζει — τα γκρίζα μάτια· Μνήμη μου, φύλαξέ τα συ ως ήσαν. |
GRIS En examinant la nuance grise d'une opale, Nous nous sommes aimés pendant un mois. Ils ont dû se ternir — s'il vit encore — ces yeux gris ; Toi, ma mémoire, conserve-les tels qu'ls étaient. |
lundi 20 janvier 2025
vendredi 10 janvier 2025
Toi, mon amour
“Pourquoi ressembles-tu à un ange ? Pourquoi as-tu réveillé ma chair ? Pourquoi je t'aime tellement ? Que m'as-tu fait ? Pourquoi maintenant mes mains cherchent-elles ton corps ? Pourquoi ai-je toujours envie d'être sous toi sur toi à toi ? Pourquoi la nuit ai-je envie de crier tant ma peau a besoin de la tienne ? Pourquoi ne puis-je plus dormir ? Pourquoi m'as-tu fait connaître l'amour ? Pourquoi me domines-tu de tout toi ? Pourquoi ne puis-je vivre sans toi ? Pourquoi ai-je besoin de ton odeur ; de ta voix pleine d'amour ? Pourquoi ai-je envie de me jeter nu(e) contre ton corps nu ? Pourquoi ai-je envie d'avoir mal par toi ? Pourquoi les angoisses et les joies de mon cœur ? Pourquoi es-tu mon maître ? Pourquoi ne puis-je être heureu(x)(se) que par toi ? Pourquoi ce gouffre devant moi quand tu n'es pas là ? Pourquoi t'es-tu fait aimer autant par moi ? Pourquoi ?… Pourquoi ?… Pourquoi ?… Parce que tu existes et que sans toi je serais mort(e) sans connaître l'amour ? Et puis aussi parce que tu es merveilleux ? Oui mais… pourquoi m'aimes-tu, toi ?”
| — | Edith Piaf, Toi mon amour |
| (cf. la compilation des lettres d'amour d’Édith Piaf parue aux éditions Grasset sous le titre Mon amour bleu.) |
lundi 16 décembre 2024
"Boucles noires", mort à la guerre
Vénéré de nos jours en Italie comme chanteur-poète majeur, Fabrizio de Andrè (1940-1999), anarchiste convaincu, influencé, disait-il, par Brassens ou Bob Dylan, lutta toute sa vie, à travers ses œuvres, pour combattre toutes les exclusions.
Avec la magnifique chanson Andrea, il chante la douleur d'un garçon qui a perdu son Ami soldat à la guerre, tué dans les montagnes du Trentin lors de la "grande" guerre.
Cette chanson courageuse, l'une des rares à célébrer une relation amoureuse entre hommes dans un pays réputé très homophobe, a finalement trouvé un public sur YouTube où le nombre de "vues" et les témoignages émus lui rendent justice.
La sincérité finit toujours par emporter l'adhésion.
Voici une traduction quelque peu approximative de ce très beau texte qui se réfère sans doute, donc, à la guerre des Alpes 1915-18 (l'Italie avait déclaré la guerre à l'empire austro-hongrois) qui fit environ 140 000 victimes, en particulier autour de la montagne appelée Cima Palon (Monte Pasubio).
Andrea est l'une des chansons de l'album Rimini (1978)
Rediffusion d'un billet de février 2018
Note ce jour, 16 décembre 2024
Le refrain de la chanson a été repris, note pour note, pour la chanson Je ne suis que de l'amour, chantée par Nicole Croisille sur un texte de Delanoë, "musique" de Pierre Bachelet (BO du film Histoire d'O). Dans les crédits, aucune mention de De Andrè, lequel, anarchiste, libertaire, n'était pas du genre procédurier. Pourtant, le plagiat est flagrant.
lundi 9 décembre 2024
Paul, Arthur et Marco
(Félix Maritaud et Hugo Michalet)
Exposition collective Verlaine 180
MarcoQuand Quand Vers des cieux connus quiconque écoutait Quand | Quand Marco pleurait. Quand Marco dansait, sa jupe moirée Allait et venait comme une marée. Et, tel qu'un bambou flexible, son flanc Se tordait, faisant saillir son sein blanc : Un éclair partait. Sa jambe de marbre. Emphatiquement cynique, haussait Ses mates splendeurs, et cela faisait Le bruit du vent de la nuit dans un arbre, Quand Quand Mais quand elle aimait, des flots de luxure |
lundi 2 décembre 2024
Il ragazzo della Piazza del Popolo *
![]() |
| Rome, février 2012 - Silvano |
La table voisine.
Il doit avoir vingt-deux ans, pas plus.
Et pourtant, j'en suis sûr, il y a presque le même nombre d'années, oui, j'ai possédé ce corps-là.
Il ne s'agit nullement d'une exaspération du désir. Je viens, du reste, à peine d'entrer dans le casino ; je n'ai pas eu non plus le temps de beaucoup boire. Ce corps-là, moi, je l'ai connu.
Et que je ne me rappelle pas où – cela n'y change rien. Ah, voilà, maintenant qu'il s'est assis à la table voisine, je reconnais ses moindres gestes – et sous les vêtements,
je revois nus les membres bien-aimés.
Constantin Cavafis
J'avais pris cette photo depuis le Caffè Canova, là où se rencontraient autrefois Pier Paolo Pasolini, Alberto Moravia, et Federico Fellini, entre autres inoubliables figures.
Sous l'image, j'avais écrit le texte suivant :
lundi 25 novembre 2024
"Angoisses et autres"
J'ai peur que tu ne t'offenses
lorsque je mets en balance
dans mon cœur et dans mes œuvres
ton amour dont je me prive
et l'autre amour dont je meurs
Qu'écriras-tu en ces vers
ou bien Dieu que tu déranges
Dieu les prêtres et les anges
ou bien tes amours d'enfer
et leurs agonies gourmandes
Justes rochers vieux molochs
je pars je reviens j'approche
de mon accessible mal
mes amours sont dans ma poche
je vais pleurer dans une barque
Sur les remparts d'Édimbourg
tant de douleur se marie ce soir
avec tant d'amour
que ton cheval Poésie
en porte une voile noire
Photo Sergey Vinogradov
lundi 18 novembre 2024
N'écris pas.
N'écris pas, je suis triste et je voudrais m'éteindre
J'ai refermé mes bras qui ne peuvent t'atteindre
Et frapper à mon cœur, c'est frapper au tombeau
Ne demande qu'à Dieu, qu'à toi si je t'aimais
Au fond de ton silence, écouter que tu m'aimes
C'est entendre le ciel sans y monter jamais
Elle a gardé ta voix qui m'appelle souvent
Ne montre pas l'eau vive à qui ne peut la boire
Une chère écriture est un portrait vivant
Il semble que ta voix les répand sur mon cœur
Que je les vois briller à travers ton sourire
Il semble qu'un baiser les empreint sur mon cœur
Ne demande qu'à Dieu, qu'à toi si je t'aimais
Au fond de ton silence, écouter que tu m'aimes
C'est entendre le ciel sans y monter jamais
Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859)
Julien Clerc a composé une très belle mélodie sur ce poème :
lundi 11 novembre 2024
Poésie d'automne
Già mi parla l’autunno. Al davanzale
buio, tacendo, ascolto i miei pensieri
piegarsi sotto il vento occidentale
che scroscia sulle foglie dei miei neri
alberi solo vivi nella notte.
Poi mi chiudo nel letto. E mi saluta
il canto di un ragazzo che la notte,
immite, alleva : la vita non muta.
L’automne me parle déjà.
À la fenêtre sombre j’écoute dans le silence mes pensées fléchir sous le vent d’ouest
qui ruisselle sur les feuilles de mes arbres
noires présences seules vivantes dans la nuit.
Puis je m’enferme dans mon lit.
Salué par le chant d’un garçon que la nuit,
violente, amplifie : la vie ne change pas.
Sandro Penna (1906-1977)
« Sandro Penna, ce Cavafis italien, net, pur, tendre et sentimental comme un paysage de son Ombrie natale, François d'Assise égaré dans le monde des jeunes garçons, passait au large, sa bouteille de lait sous le bras, dès qu'il apercevait un de ses confrères que sa modestie foncière et son horreur d'être pris pour un homme de lettres obligeaient à fuir. »
Dominique Fernandez in Le piéton de Rome (Philippe Rey, éd)
![]() |
| Sandro Penna et Pier Paolo Pasolini Ph. © Mario Dondero |
lundi 4 novembre 2024
Déjeuner du matin
![]() |
| * |
Dans la tasse
Il a mis le lait
Dans la tasse de café
Il a mis le sucre
Dans le café au lait
Avec la petite cuillère
Il a tourné
Il a bu le café au lait
Et il a reposé la tasse
Sans me parler
Il a allumé
Une cigarette
Il a fait des ronds
Avec la fumée
Il a mis les cendres
Dans le cendrier
Sans me parler
Sans me regarder
Il s’est levé
Il a mis
Son chapeau sur sa tête
Il a mis son manteau de pluie
Parce qu’il pleuvait
Et il est parti
Sous la pluie
Sans une parole
Sans me regarder
Et moi j’ai pris
Ma tête dans ma main
Et j’ai pleuré
Jacques Prévert
Pas à vous, n'est-ce pas ?
Le poète avait tellement d'humour qu'il m'étonnerait qu'il en fût choqué.













_-_Ritratto_di_Max_Jacob_(1876-1944)_2.jpg)


