Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


jeudi 29 février 2024

Regards suspects

 

Feuilles mortes de combat

Excellent pianiste, qui accompagna "sérieusement" de grands artistes,
Victor Borge triompha surtout dans des prestations dans lesquelles son humour "clownesque" fit merveille. Ci-dessus, un échantillon, avec le chanteur Robert Merril. Vous trouverez sur YouTube de nombreux extraits de ses hilarantes prestations, dont l'une des plus célèbres est celle-ci :

Perroquets gays

Publicité mensongère

 

lundi 26 février 2024

Près des étangs

August Macke, vers 1904. © Macke-Archiv, LWL-LMKuK, Münster.

Mon amant de Saint-Jean | Épisode 84 : Aimables conversations

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Au cours de l'été 1938, Claude Bertrand, le narrateur, 16 ans, a séjourné à Palavas-les-Flots en compagnie d'André et de Marcel, qu'il a surnommé "Les Nathanaël", deux amants qui habitent à Montpellier, où le jeune homme poursuit ses études. Il passe le reste des grandes vacances à Saint-Jean, où l'attendait Jules, le "garçon de sa vie".

    
    

    « J’aime ton corps de haut en bas, tu sais ?
— Ma peau est aussi douce que celle d’Émile ?
— Pas vraiment, non. Mais elle a meilleur goût, avais-je dit en étayant mon propos d’un coup de langue dans le creux de ses reins. Je suis gourmand de toi. Rien ne remplace ta saveur, pas même celle du gâteau de famille de ma mère, je te jure ! Ta crème est meilleure, aussi.
— Tu m’as dit malgré tout qu’il avait un cul à damner un saint.
— Tes fesses sont plus rondes, plus massives, plus fermes, elles me rassurent, oui, elles me rassurent, c’est ça.
— J’ai des fesses rassurantes, s’esclaffa-t-il, c’est la meilleure ! Et sa queue, elle est comment sa queue ?
— Plus longue, moins épaisse que la tienne. Ma main en fait plus facilement le tour. Mais elle est jolie, quand même.
— Ce que tu dis de lui me fait penser à Andrzej. Mais moi, je ne l’ai jamais vu tout nu. Je baisse son pantalon de travail, je trifouille un peu pour voir s’il bande et on fait ça en dix minutes, comme des bêtes. Je crache sur ma bite, et hop ! Alors, la saveur de sa peau et sa douceur, tu vois… Ce n’est pas de l’amour. Ce serait comme comparer la chicorée au café. Toi, tu fais l’amour à ton lycéen, et dans ces moments-là, j’existe plus.
— Ne sois pas triste, tu existes plus que tout, et tu le sais bien. » 
     C'est ainsi que nous devisions en ces débuts de soirées d’été quand Jules m’avait rejoint, fuyant prestement les odeurs de cette encre violette dont le savon de Marseille et la brosse de crin ne parvenaient à effacer totalement la trace sur ses doigts raidis d’avoir soustrait, additionné ou divisé toute la journée. Monsieur Majurel doit cent francs ; il faut faire la facture pour les bancs de la salle des fêtes ; compter, enfin, ce qu’on avait gagné cette semaine et affronter la mauvaise humeur du paternel si les chiffres faisaient la gueule.
    Il quittait à six heures pile l’obscure officine où on l’avait confiné pour le punir de sa vivacité, de son insolence, de sa propension à la rêverie. En quelques tours de roues, il savait pouvoir me retrouver près de notre étang exsangue en ce mois d’août implacable, où nous guettait un bataillon de moustiques, étrangement mis au fait que nous allions nous débarrasser frénétiquement de tous nos vêtements pour nos enlacements. Nous nous en amusions, tant notre soif de l’autre nous rendait invincibles, comme préservés de la voracité des insectes femelles par une impalpable forteresse. Peut-être, plaisantions-nous, qu’elles se passaient le mot : « Ah non, pas eux, on a déjà goûté ! »
    Mon infinie tendresse faisait de son mieux pour le ramener à la lumière, pour le bercer de murmures propres à lui faire oublier le tintamarre quotidien des marteaux et des scies, les vociférations de Goupil à l’encontre de l’apprenti malhabile qui encaissait les coups-de-pied au cul dont on le préservait par miracle, dès lors qu’il avait fait preuve d’une réelle aptitude dans le maniement de ces chiffres qu’il exécrait.
    Parfois, quand il était trop fatigué, nous nous caressions du bout des doigts – « Oh oui, j’adore, ça fait froid, soupirait-il ! » – et laissions nos mains nous amener au plaisir sans autres ébats. Seuls au monde, nous évitions les conversations qui auraient eu l’indécence d’altérer notre bonheur. Il serait bien temps, lors de mon retour en ville, d’affronter la réalité d’une humanité au bord du gouffre.

(À suivre)   ©  Louis Arjaillès - Gay Cultes 2022-2024  
Épisodes précédents : cliquer
Si vous êtes perdu (e) : repères

Photo : 
Yannick Abrath et Andrew Westermann photographiés par Pierre Debusschere


dimanche 25 février 2024

Demain, le retour des amants

Photo Bruce Weber

 
On m'a pressé par deux fois, cette semaine, de reprendre la publication de mon feuilleton, Mon amant de Saint-Jean. Les arguments, développés par des personnes que j'estime, étaient tels qu'ils m'ont convaincu de retrouver mes jeunes personnages.
Depuis août dernier, où je les ai délaissés, j'ai lu et relu les 83 épisodes auxquels j'ai apporté quelques modifications. J'y ai trouvé du "pas mal" et du "mauvais" : la pression qui s'exerçait sur moi pour assurer une publication hebdomadaire m'avait conduit à bâcler, parfois, la production à laquelle je me contraignais semaine après semaine. J'expliquai, jeudi dernier, à un lecteur fidèle, qui a déjà publié nouvelles et romans, que je savais où j'allais, mais que la rédaction d'un texte qui couvre plusieurs années exigeait de moi des recherches que freinaient mes activités professionnelles et les divers aléas de l'existence. Je publierai donc, dès demain, un nouvel épisode et le ferai, par la suite, sans m'astreindre à la régularité, et uniquement quand je jugerai que mon travail mérite d'être diffusé. Une "saga" où s'entremêlent l'Histoire, la grande, et celle de la condition des homosexuels pendant l'une de ses périodes les plus troubles : je n'ai pas choisi la facilité, vous en conviendrez.
À demain,
Silvano/Louis A.

Collation du dimanche *

 

Ça donne faim, mais de quoi ?


* Pour les lecteurs anglo-saxons : "brunch"

Hymne



La divine Shirley Bassey interprète (ici en 1996) l'air principal de la comédie musicale
de Broadway La cage aux folles, inspirée de la pièce de Jean Poiret.
I Am What I Am devint un véritable hymne de la communauté gay.

En voici la version "disco" de 1984 par Gloria Gaynor dans un très bon "live" :

À perdre la raison

samedi 24 février 2024

vendredi 23 février 2024

Nu sépia


Sous moi donc cette troupe s'avance, Et porte sur le front une mâle assurance.

Photo Winter Vandenbrink, photographe du mois.

 J'aime les troupes pacifiques.

Cure de cinéma. À mon humble avis :

Je n'ai pas beaucoup de temps.
Je me contenterai donc de distribuer mes étoiles (5 au maximum) et de commenter en quelques mots : 

Vif, intelligent, drôle, jubilatoire !
Acteurs à leur meilleur.
**** (et demie)

J'ai pensé à Un été 42, le film de Robert Mulligan
qui relate la liaison qui unit un adolescent à une femme mûre.
Parallèlement, c'est la musique du film Le messager de Joseph Losey
qui rythme le film de Todd Haynes (ah, Loin du Paradis !),
musique dont on peut dire qu'elle est... sciante !
Bon film, et ces deux actrices, fichtre !
*** (et un peu plus)

Une idée scénaristique formidable !
À quelques mètres de l'horreur absolue, 
la vie heureuse de la famille du commandant
du camp d'Auschwitz-Birkenau.
Admirablement filmé et 
interprété.
Poignant.
*****



Daaaaaali ! peut désarçonner, surtout si on a vu le précédent Dupieux, Yannick.
Délire "dupiesque" qui n'aurait pas déplu au flamboyant Salvador.
Baer est parfait et Jonathan Cohen nous épate de film en film.
Anaïs Demoustier est bien jolie.
Pio Marmaï fait le job, comme dans chacun de ses films mensuels.
Lellouche, bof.
On "rirote" quelquefois, après un début hilarant, dur à égaler par la suite.
***

C'est l'affiche américaine, bien meilleure que la française,
plus évocatrice, de Sans jamais nous connaître.
J'ai dit tout le bien que j'en pense ici : clic
Exceptionnel.
Bouleversant.
*****


Lion d'Or à la Mostra 2023.
Yorgos Lanthimos, cinéaste très "tendance" fait souffler un maelström cinématographique éreintant.
Emma Stone est mieux que bien. Ruffalo mérite une plus grande visibilité : c'est un grand acteur, mais je le savais. On aime ou on déteste ce film dans lequel se font sentir les influences de Tim Burton, Wes Anderson ou Damien Chazelle.
Bref, j'ai trouvé ça outrancier.

*** tout de même

Une vraie comédie musicale "à l'ancienne", effets spéciaux mis à part.
C'est vif, coloré, merveilleux au juste sens du terme.
Timothée Chalamet confirme ses multiples talents, chantant admirablement, menant le film
avec grâce et vivacité, entouré d'une pléiade d'acteurs efficaces, dont un surprenant Hugh Grant.
À voir avec nos yeux d'enfants.
****


jeudi 22 février 2024

samedi 17 février 2024

J'ai un petit creux


 

"Sans jamais nous connaître" : l'amour est universel

Peu importe que les deux amants du film d'Andrew Haigh soient gays : loin des œuvres cataloguées LGBT, celle-ci bénéficie d'une sortie confortable qui lui vaut un public plus large. Quel que soit son genre ou son orientation sexuelle, comment ne pas être bouleversé par cette histoire qui évite les sentiers battus de la romance, sonde les êtres jusqu'aux tréfonds de l'âme : inspiré du roman Présences d'un été, de Taichi Yamada, All of us strangers (titre original), nous laisse bouleversés, heureux et malheureux à la fois, hagards, presque, lors du retour à la vie "normale" à la sortie de la salle obscure. Longtemps nous hanteront les fantômes qui font du film sa particularité : si Andrew Scott et Paul Mescal sont prodigieux en amants désespérés cherchant tous deux la consolation, Claire Foy (The Crown) et Jamie Bell (oui, Billy Elliot !) imprègneront longtemps notre mémoire cinéphile. Il en est de même pour la bande-son, avec les "tubes" du temps passé, de Pet Shop Boys au magnifique Power of love de Frankie Goes to Hollywood qui pourrait être le titre de ce film indispensable.


Note pour les Parisiens et visiteurs : le film est projeté, entre autres, dans le Publicis Cinéma des Champs-Élysées qui offre des conditions techniques (image et son) optimales.

Consolation


Sans jamais nous connaître (voir billet suivant)

vendredi 16 février 2024

Ectoplasme

Je pense souvent
à mes
amours anciennes.

Note à midi et quelques :
pour évoquer les fantômes, je ne pouvais prévoir, en programmant cette photo, que j'irais voir Sans jamais nous connaître. Petite chronique, demain, sur ce film qui m'a particulièrement ému.

Appel à témoins

 


Piano du matin : Sibelius m'était conté



jeudi 15 février 2024

Qué belleza !

Nacho Penin par Gioconda & August

Encapuchonné

photo Winter Vanderbrink

Allons au cinéma !

 En salles actuellement :
 


Le synopsis (ci-dessous) m'incite à mettre ce film au programme de mes vacances, malgré la grosse faute de français dans les sous-titres de la bande-annonce ci-dessus. Vous l'avez remarquée, bien sûr !

À Londres, Adam vit dans une tour où la plupart des appartements sont inoccupés. Une nuit, la monotonie de son quotidien est interrompue par sa rencontre avec un mystérieux voisin, Harry. Alors que les deux hommes se rapprochent, Adam est assailli par des souvenirs de son passé et retourne dans la ville de banlieue où il a grandi. Arrivé devant sa maison d'enfance, il découvre que ses parents occupent les lieux, et semblent avoir le même âge que le jour de leur mort, il y a plus de 30 ans.

mercredi 14 février 2024

mardi 13 février 2024

"L'âge de la colère" : troubles ados


   Les Espagnols sont passés maîtres dans l'art des séries ados "muy caliente". Le beau Manu Rios, souvent célébré dans ce journal, a quitté Elite après une quatrième saison où il enflammait corps et âmes masculins. On le retrouve dans cette courte série actuellement visible sur France Télévisions, un "teen drama" où il est accusé de parricide.
   L'histoire, adaptée du roman La edad de la ira de Nando Lopez, dépeint l'adolescence à travers le thriller pour aborder les complexités sociales qui affectent cette nouvelle génération de jeunes. Le public suit le récit initiatique et la quête d'identité de ces quatre adolescents, entre découvertes sexuelles, premières amours et relations familiales complexes. L'homophobie et l'acceptation de soi sont également des thèmes importants dans cette série. Chaque épisode est dédié à l'un des quatre personnages principaux.

C'est très réussi, plus érotique, moins "porno-soft" qu'Elite. Il serait dommage de s'en priver. On peut voir les quatre épisodes en "replay" sur France TV, ici : clic

Manu Rios au cœur du trio amoureux

Bande-annonce :

Craquant Manu
Marcos et Raùl