Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


mercredi 30 octobre 2024

Humide ou torride ?


 

Gabriele a vingt ans

 

Gabriele Pizzuro, l'un des deux magnifiques acteurs du bouleversant  Stranizza D'Amuri (Fireworks) vient d'avoir vingt ans. Un tantinet fantomatique sur cette photo prise à Rome le jour de son anniversaire, on est loin du personnage du film :

Dans Stranizza D'Amuri / Fireworks

Par on ne sait quelle stupidité, le film n'est visible en France que sur la plateforme Univers Ciné. Il n'est jamais sorti en salles chez nous. Vu la beauté des images, des paysages de Sicile et malgré le grand succès et les prix remportés en Italie, nous sommes privés d'une vision sur grand écran, quand le film roumain Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde, au sujet voisin, bénéficie d'une vraie sortie nationale. Il faut dire que ce dernier est "allé à Cannes", et qu'il a reçu une "Queer Palm". Je l'ai vu dimanche dernier : c'est plutôt bien, mais ça peut se regarder sur un bon écran de télé.
Frustrant.

Bien avant 2024

Merveilles de la nature

mardi 29 octobre 2024

Coin de rue, beau point de vue

Photo Winter Vandenbrink

Piano du matin : Tarentelle

 

"Tout artiste a deux maisons, sa terre maternelle et l'Italie."
Heinrich Neuhaus, pianiste, professeur de Sviatoslav Richter

                   La Tarentelle de Venezia e Napoli de Franz Liszt par Richter.
                                            Enregistrement public (1958)

Léaud/Truffaut

 

Jean Pierre Léaud | Antoine et Colette (François Truffaut - 1962)

Vu l'affiche des JMF et la pochette Bruno Walter / Gustav Mahler punaisées au mur, on se dit que les jeunes de l'époque écoutaient vraiment n'importe quoi comme musique.

lundi 28 octobre 2024

Désarroi


Cette fois, il l'a vraiment perdu. Et le voici qui cherche
sur les lèvres de chaque partenaire de rencontre
ses lèvres à lui ; dans l'étreinte avec chaque
partenaire de rencontre, il cherche à se convaincre
qu'il s'agit de son ami, qu'il s'abandonne à lui.

Il l'a vraiment perdu, comme s'il n'existait plus.
Parce que lui - à l'entendre - il voulait se sauver
de cette infamie, de cette volupté morbide ;
de cette infamie, de cette volupté de la honte.
Il était encore temps - ce sont ses mots - de se sauver.

Il l'a vraiment perdu, comme s'il n'existait plus.
Par l'imagination, l'égarement des sens
sur les lèvres des autres, ce sont ses lèvres qu'il recherche ;
il essaie de sentir à nouveau son amour.

Constantin Cavafis

En attendant les barbares et autres poèmes (Nrf - Gallimard | Traduction Dominique Grandmont)

Illustration : Anatola Soungouroff (1911-1982) : Portrait de jeune homme au foulard. Huile sur toile , 1952.


Lundi

De moins en moins, hélas !

 

dimanche 27 octobre 2024

On avait dit une heure de plus !

Dors encore un peu, mon ange, on est passés à l'heure d'hiver !

Bon
dimanche !

Amour, délices et orgue


Jan Liebermann est un jeune organiste de 19 ans doté d'une technique et d'une sensibilité rares.
Choisir l'orgue pour exploiter ces qualités n'est pas la voie la plus banale.
Mais ce cher homme ("lieber mann", en allemand) est animé d'une véritable passion pour cet instrument, qu'il s'attache à partager, son charme juvénile aidant, dans le court sujet qui suit.
Convainquant, non ?

On peut activer les sous-titres français.
Vous trouverez de nombreux extraits du vaste répertoire de Jan Liebermann
en cliquant ici.

Devinette

 Sauriez-vous me reconnaître sur cette photo de classe ?

samedi 26 octobre 2024

En communion

Ah, Mahler !

À découvrir ou à revoir



Synopsis :

Durant l’été 1960, Marc et Philippe sont moniteurs dans une colonie de vacances en Auvergne. Tout les oppose : le premier se veut viril, tandis que le second se montre beaucoup plus réservé et taciturne. Au cours d’un malheureux concours de circonstances, Marc surprend Philippe habillé en femme. Une relation ambigüe, mélange de sadisme et de vénération, s’instaure alors entre les deux hommes.

La meilleure façon de marcher de Claude Miller (sorti en 1976) n'a pas pris la moindre ride : les deux interprètes principaux, exceptionnels, sont entourés de seconds rôles de haut niveau (ah, Piéplu !). L'ambigüité de la relation entre les deux "monos", joués par Patrick Dewaere et Patrick Bouchitey, fait du film une œuvre "incontournable".

Les abonnés de Prime Video et d'Univers Ciné le trouveront sur ces deux plateformes.
On peut également le louer ou l'acheter en vod un peu partout ailleurs et notamment, en version restaurée, sur l'excellent Cinétek : clic


Chez Jean, à Milly

Chez Jean Cocteau, à Milly-la-Forêt
On peut visiter la maison du grand homme depuis 2010.

vendredi 25 octobre 2024

Tudieu !

L'amour au rugby

Jean, 18 ans, est le joueur prodige du club de rugby de son village. Alors que son équipe défend son titre, il tombe amoureux d'Ayoub, un joueur de l'équipe adverse. Sa relation avec ses coéquipiers s'en trouve ébranlée.

Jean est tombé amoureux est un court métrage diffusé par TV5 Monde.
Si cette bande-annonce vous appâte, regardez le film (trop court) dans son intégralité ici : clic.

jeudi 24 octobre 2024

Un entretien très positif

Photo Igor Mattio

Temps légèrement nuageux en milieu de journée


Rassurez-vous : ça va se dissiper.

"Miséricorde" est un OFNI*


Miséricorde, c'est : tragi-comique, sylvestre, sensuel, bandant, dérangeant (dans le meilleur sens du terme), lumineusement sombre et vraiment… ouf ! Selon moi, le meilleur Guiraudie. (Message personnel : tu me feras une omelette aux morilles, dis ?)

* Objet Filmique Non Identifié.

Félix Kysyl, formidable !

mercredi 23 octobre 2024

Le petit Sacha est devenu grand



Lundi dernier,
Alexander Malofeev
a fêté ses 23 ans.
Celui qui fut un petit
prodige du piano est 
maintenant un grand artiste
qui se produit sur les scènes
du monde entier, avec les meilleures
formations et les plus grands chefs.


Les photos sont de Xenie Zasetskaya, qui les commente comme suit :
C'est un miracle, sacré ! Merci pour votre monde intérieur infiniment incroyable, pour votre gentillesse, pour votre sourire et l'éclat dans vos yeux ! Merci d'être vous ! Merci pour nous avoir présenté et élevé un tel homme ! 

Cadeau :
en "bis" d'un concert, Alexander joue, en toute simplicité,
le Menuet en Sol mineur d'Händel.

mardi 22 octobre 2024

Cambrure

 

Cesar Daniel
Plus
douce
sera
la
chute.

Au cœur de l'automne

Un courrier de Bernard Pignero

 Dans les textes commentant, il y a peu, une prestation des frères Jussen, jeunes pianistes hollandais des plus charmants, on trouvait une critique de la manière dont leurs visages ressentaient la beauté de l'œuvre qu'ils interprétaient : Schafe können sicher weiden, de Jean-Sébastien Bach, en l'occurrence. En réaction à ces commentaires, mon ami Bernard Pignero*, écrivain, m'a envoyé un courriel dont je vous donne l'essentiel : 

« En regardant Lucas Debargue jouer la Méphisto valse N°1 sur YouTube, je constatais une fois de plus que je ne connais rien de plus émouvant que les expressions du visage d’un pianiste qui vit la musique qu’il joue. En plus, ça ne gâte rien s’il est aussi joli que le jeune Lucas, avant qu’il ne s’essaye à une moustache et une barbiche ridicules, ou s’il a la bouille de bébé du jeune Daniil Trifonov avant qu’il ne se laisse embroussailler par une barbe de clochard (mais qu’ont-ils donc, tous ces jeunes pianistes ? Leur prodigieuse virtuosité ne suffit-elle pas à calmer leurs doutes sur leur virilité ?). En fait, ce qui se lit sur leurs visages, c'est précisément le mystère de la musique : ce qui fait qu’elle nous comble sans que nous puissions l’expliquer et encore moins l’exprimer par des mots.

Lucas Debargue

Mais peut-être, au-delà de cette manifestation visible sur un visage d’interprète, a fortiori un beau visage juvénile, de ce que la musique nous procure d’indicible (manifestation visible qui inclut souvent d’étranges et parfois douloureuses grimaces), on peut penser que c’est tout ce qu’il y a de non communicable dans l’expérience humaine qu’exprime le concertiste. Ce qui confirmerait que la musique est bien le summum de la création artistique. Il y a certes des pianistes qui restent impassibles et semblent ne rien éprouver en jouant. Je suppose que leurs proches décèlent tout de même dans leur inexpressivité les marques d’une attention et d’une concentration qui témoignent d’une relation directe avec le mystère de la musique. Peut-être ont-ils justement intériorisé que la création musicale est le langage de l’au-delà de la raison humaine, le langage qui englobe à la fois la raison et ce qui ne peut être raisonné, et restent-ils médusés et comme anesthésiés devant la responsabilité qu’ils prennent en feignant d’en maîtriser le sens alors qu’ils n’en connaissent que les règles.

Quand je parle de tout ce qu’il y a de non communicable dans l’expérience humaine ou du moins dont les mots ne parviennent pas à rendre compte de façon satisfaisante, je pense à la jouissance érotique qui se lit sur le visage aimé, dans les soupirs, dans les crispations presque douloureuses, bien mieux que dans les mots d’amour maladroits et haletants qui semblent inspirés par un délire plus que par la raison. Dans les deux cas, on est confronté, et parfois avec une impression de voyeurisme, à l’expression incontrôlable d’une émotion qui dépasse de loin tout ce qu’un visage peut traduire volontairement, dissimuler ou même simuler. Et dans les deux cas, seul le visage peut extérioriser cette sorte de transe quand tout le corps est engagé, et avec quelle concentration pour le pianiste ! dans la recherche de cet indicible que sont le mystère de la musique ou le mystère de l’amour. »
Bernard Pignero, que j'approuve des deux mains (de pianiste) !

* Dernier ouvrage paru : Un livre de plus (et autres récits) | Encretoile éd.
J'y reviendrai.


lundi 21 octobre 2024

Autant certes la femme

 

Autant certes la femme gagne

À faire l’amour en chemise,
Autant alors cette compagne
Est-elle seulement de mise

À la condition expresse
D’un voile, court, délinéant
Cuisse et mollet, téton et fesse
Et leur truc un peu trop géant.

Ne s’écartant de sorte nette,
Qu’en faveur du con, seul divin,
Pour le coup et pour la minette,
Et tout le reste, en elle est vain

 

À bien considérer les choses,
Ce manque de proportions,
Ces effets trop blancs et trop roses…
Faudrait que nous en convinssions,

Autant le jeune homme profite
Dans l’intérêt de sa beauté,
Prêtre d’Éros ou néophyte
D’aimer en toute nudité.

Admirons cette chair splendide
Comme intelligente, vibrant,
Intrépide et comme timide
Et, par un privilège grand

Sur toute chair, la féminine
Et la bestiale — vrai beau ! —
Cette grâce qui fascine
D’être multiple sous la peau

 

Jeu des muscles et du squelette,
Pulpe ferme, souple tissu,
Elle interprète, elle complète
Tout sentiment soudain conçu.

Elle se bande en la colère,
Et raide et molle tour à tour,
Souci de se plaire et de plaire,
Se tend et détend dans l’amour.

Et quand la mort la frappera
Cette chair qui me fut un dieu,
Comme auguste, elle fixera
Ses éléments, en marbre bleu !


Paul Verlaine, in Hombres (Poème X)

 

dimanche 20 octobre 2024

Christique (fouloulou, aussi !)

 

Nicolas Lorenzon
Bon
dimanche !


Écoutez ! (Vous pouvez pleurer.)

Brahms, Concerto N° 1
Krystian Zimerman, piano
et Leonard Bernstein, dir.: en totale communion !
Malgré des centaines d'écoutes, je suis toujours bouleversé.
Je recommande aussi la version Arrau/Giulini
L'interprétation de l'immense Rubinstein est tout aussi sublime :
malheureusement YouTube n'en propose qu'une version tronquée.

Lors de l'enregistrement "live" de la version Gould/Bernstein au Carnegie Hall, en 1962, un différend opposa les deux grands musiciens quant au tempo, notamment, du 3ᵉ mouvement :


L.Bernstein et G.Gould en répétition
* " Ce concert est resté célèbre pour la controverse qu'il a suscitée : Glenn Gould et Leonard Bernstein avaient des partis pris musicaux radicalement opposés, au point que Bernstein décide de s'adresser au public pendant plusieurs minutes avant le début du concert pour expliquer son désaccord. Les deux hommes ont pourtant déjà travaillé ensemble mais "cette fois, les divergences entre nos points de vue sont si grandes que je pense qu'il faut que je vous en avertisse." Toutefois, il souligne que "nous pouvons tous apprendre quelque chose de cet artiste extraordinaire."
France Musique
Pour écouter cette version néanmoins légendaire, c'est ici.
Après l'écoute, à mon humble avis, force est de reconnaître que Bernstein avait raison.

mercredi 16 octobre 2024

Jolie chemisette

 


Chatbadabada



Le bon chatmaritain

 "Je fus sauvé par un chat. Son museau apparut brusquement devant moi entre les bûches, et nous nous regardâmes un instant avec étonnement. C'était un incroyable matou pelé, galeux, couleur de marmelade d'oranges, aux oreilles en lambeaux et avec une de ces mines moustachues, patibulaires et renseignées que les vieux matons finissent par acquérir à force d'expériences riches et variées.

Il me regarda attentivement, après quoi, sans hésiter, il se mit à me lécher la figure.
Je n'avais aucune illusion sur les mobiles de cette soudaine affection.
J'avais encore des parcelles de gâteau au pavot répandues sur mes joues et mon menton, collées par mes larmes. Ces caresses étaient strictement intéressées. Mais cela m'était égal. La sensation de cette langue râpeuse et chaude sur mon visage me fit sourire de délice - je fermai les yeux et me laissai faire - pas plus à ce moment-là que plus tard, au cours de mon existence, je n'ai cherché savoir ce qu'il y avait exactement derrière les marques d'affection qu'on me prodiguait. Ce qui comptait, c'est qu'il y avait là un museau amical et une langue chaude et appliquée qui allait et venait sur ma figure avec toutes les apparences de la tendresse et de la compassion.
Il ne m'en faut pas davantage pour être heureux
Lorsque le matou eut fini ses épanchements, je me sentis beaucoup mieux. Le monde offrait encore des possibilités et des amitiés qu'il n'était pas possible de négliger. Le chat se frottait à présent contre mon visage, en ronronnant. J'essayai d'imiter son ronron, et nous eûmes une pinte de bon temps, en ronronnant, tous les deux, à qui mieux mieux. Je ramassai les miettes du gâteau au fond de ma poche et les lui offris. Il se montra intéressé et s'appuya contre mon nez, la queue raide.
Il me mordit l’oreille. Bref, la vie valait à nouveau la peine d'être vécue. Cinq minutes plus tard, je grimpais hors de mon édifice de bois et me dirigeais vers la maison, les mains dans les poches en sifflotant, le chat sur mes talons.
J'ai toujours pensé depuis qu'il vaut mieux avoir quelques miettes de gâteau sur soi, dans la vie, si on veut être aimé d'une manière vraiment désintéressée."
Romain Gary, La Promesse de l’aube