Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


mardi 29 novembre 2022

lundi 28 novembre 2022

Tout en longueur

Mon amant de Saint-Jean | Épisode 55 : Soleil froid

Il changea brusquement d’attitude...
 

   Maman lui avait proposé de partager le plantureux goûter qu’elle avait préparé pour fêter mon retour : gâteau « de famille » (petits-beurre trempés dans le café, crème au beurre, chocolat fondu, cerneaux de noix, le tout étant mis à refroidir, dehors, toute une nuit) dont la saveur, quand je l'appelle, imprègne à nouveau mon palais, chaussons aux pommes de chez Chaumard, dont je connaissais bien, en souvenir ému, le goût particulier et chocolat fumant étaient destinés à me faire oublier l’éreintante journée de voyage. Goupil s’était défilé en prétextant une course chez Alazar, l’épicier. Il lui fallait, avait-il prétendu, reprendre ensuite son travail à la menuiserie.
  « Tu comprends, j’aurais eu plus d’yeux pour toi que pour les pâtisseries. Je t’aurais dévoré juste en te regardant. » me confia-t-il quand nous fûmes seuls.
En ce dimanche matin frileux, le coup de sonnette bien connu s’était fait entendre et j’avais rejoint dans la ruelle le garçon qui m’aimait. Par bonheur, cette année-là, un ciel bienveillant, troué d’un soleil qui aurait bien aimé enjamber l’hiver, permettait les balades à bicyclette sans avoir à craindre les embardées sur les chemins enneigés, entre les congères que les vents féroces mettent d’ordinaire, en cette saison, sur la route des imprudentes jeunesses. En cadeau de Noël anticipé, Jules avait reçu un duffle-coat et une écharpe de laine tricotée par sa grand-mère qui lui donnaient fière allure. Juchés sur nos bolides, sans se concerter, nous filâmes jusqu’aux amandiers, notre territoire de toujours, où les arbres s’étaient penchés sur nos jeux d’enfants avant de veiller, complices, sur nos premiers baisers. C’était aussi le temple des confidences et de notre secret. Il avait changé en ces quelques mois : aussi râblé et vigoureux qu’Émile – comment le chasser de mes pensées, celui-là ? – était finement dessiné et docile, il était devenu un homme. Seul pétillait son regard, qui semblait résister à la maturité. Il m’embrassa. Il me rajeunissait, me ramenait aux premiers émois, mais j’avais connu autre chose, depuis, que ces animales étreintes. Il le ressentit. « Je ne sais pas si on pourra le faire : Etienne est parti chez son neveu pour Noël. Je ne sais pas quand il reviendra. J’ai tellement envie. » Était-ce une malignité du destin, un coup du hasard, une fatalité ? Il changea brusquement d’attitude, se ferma un court instant. Il pressentait l’existence d’un autre, je le savais. « Ce doit être formidable, Montpellier : tu dois avoir plein d’amis, maintenant ? » Tout était dit en peu de mots. Je pense que j’ai rougi. Il m’embrassa à nouveau, avec force, presque violemment, faisant corps avec moi. « J’ai joui, merde ! » J’ai ouvert mon pantalon, je me suis branlé pour qu’il sache que je l’aimais toujours, malgré tout ; et définitivement. Revenu au calme, je lui parlai du lycée, des Nathanaël, de Magali, de ma famille, du cinéma, de mes lectures. Jamais je n’évoquai Boisselier, puisque, assurément, il savait. Il me raconta les noces de la Gleizes et du berger, qu'il définit "marrantes", et me dit qu’il avait appris les fiançailles de ma sœur et de Raynal. « Tout le monde se marie, sauf nous. » dit-il avec une gaîté ombrée d’un vague dépit. La nature de l’homme est d’être volage, je l’avais appris en peu de temps. Je m’étais persuadé, après maints atermoiements, que je pouvais bien me permettre des écarts que le tempérament de mon âge excusait. Mais j’étais convaincu que Jules Goupil était l’homme de ma vie.  
©  Louis Arjaillès - Gay Cultes 2022
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(...) gâteau « de famille »...

Ce matin-là



Comme elle nous manque, en cette époque hystérique !

dimanche 27 novembre 2022

Émergence

Troublant

Photo Steven Meisel


Passez un bon dimanche !

Klaus Mäkelä : s'il n'était que beau...

L'Orchestre de Paris est actuellement dirigé par le plus que talentueux chef finlandais (écoutez le donc dans Sibelius !) Klaus Mäkelä. Le jeune musicien, violoncelliste à l'origine, est d'ores et déjà sollicité par toutes les grandes phalanges internationales. Directeur musical de notre belle formation (allez, ces bleus-là !), il est également chef principal du Philharmonique d'Oslo et sera bientôt à la tête de l'Orchestre royal du Concertgebouw d'Amsterdam. C'est tout pour l'instant. Découvrez-le davantage sur YouTube (dans Malher ou "Chosta", par exemple) : vous saurez pourquoi le monde de la musique l'accueille en révélation de ces dernières années.
Ci-dessous, une Pavane de Ravel très inspirée. Au cours d'un concert à la Philharmonie de Paris, Mäkelä pose sa baguette pour rejoindre Gauthier Capuçon dans un "bis" qui a enthousiasmé les spectateurs de la salle Pierre Boulez. À 26 ans, Mäkelä n'est pas seulement beau et sympathique : un grand artiste nous est donné.


Le fameux bis (on en redemande) :


Bonus : 


À lire actuellement, l'entretien avec K.Mäkelä, dans le Télérama n° 3802 (26 novembre au 2 décembre)

Je travaille, moi !

 


Je dois livrer demain matin un nouvel épisode
de Mon amant de Saint-Jean :
ne pas me déranger !

samedi 26 novembre 2022

Éphèbe nu

Meilleurs amis

Photo Lara Wernet - Flickr

Freddie Higmore (2)

Bien avant d'interpréter Shaun, le chirurgien autiste de la série The Good Doctor, le charmant Freddie a joué le rôle de Nigel Slater, chef de cuisine britannique né en 1958, chroniqueur gastronomique et auteur de livres de cuisine, véritable "star" dans ce domaine. Le film Toast est une adaptation de son best-seller au titre éponyme.
Comme on peut le voir dans l'extrait ci-dessous (en anglais), Slater est homosexuel et le revendique.

Synopsis
Toast est une comédie dramatique biographique britannique de 2010. Le jeune Nigel Slater (Freddie Highmore à 18 ans, n.d.a) a de grandes aspirations culinaires, même si sa mère (Victoria Hamilton) ne sait faire que des toasts. À la mort de sa mère, les relations se tendent entre Nigel et son père (Ken Stott), surtout lorsqu'il se remarie avec une femme (Helena Bonham Carter) qui gagne son cœur avec une tarte au citron meringuée. Nigel entre à l'école culinaire, commence à travailler dans un pub et se retrouve en concurrence avec sa belle-mère, à la fois dans la cuisine et pour attirer l'attention de son père.

Nota
À ma connaissance, il n'existe pas de DVD ou Blu-ray avec sous-titres français.
En revanche, on peut voir le film (vostf) sur Canal+ VOD (location pour 2,99 €)

Extrait :


Bande-annonce (vostf) :


Contribution : merci au (modeste, car anonyme) lecteur qui, en commentaire, m'a dirigé vers cette petite pépite.

vendredi 25 novembre 2022

jeudi 24 novembre 2022

Chuis mdr (lol)*


 * "Je m'esbaudis", "Je me gausse", ou, plus trivialement, "J'ai un fou-rire".

Pour affronter l'hiver

 

Longtemps considéré comme ringard, le caleçon long sera l'un des indispensables de l'hiver qui approche. C'est, évidemment, le souci de veiller sur la santé de mes lecteurs, qui a motivé l'insertion de cette photo.

mercredi 23 novembre 2022

In corpore sano


Pendant que d'autres,
dans les dunes avoisinantes, 
se livrent à la débauche, ce charmant
garçon entretient sa forme physique.
Quelle belle jeunesse !


Freddie Highmore, acteur à suivre

Freddie Highmore dans la vraie vie
Enfant prodige au générique de nombreux films (ciné et télé confondus), Freddie Highmore, né à Londres en 1992, fut remarqué par Johnny Depp qui convainquit Tim Burton de lui donner le rôle de Charlie dans Charlie et la chocolaterie. Quelques années après, à 25 ans, il se révèle littéralement époustouflant en chirurgien atteint d'autisme (syndrome d'Asperger) dans la fameuse série The Good Doctor (Le bon docteur pour nos amis québécois dont on devrait suivre les leçons de français). Si les critiques furent mitigées, en matière, notamment, du traitement de l'autisme, le talent d'Highmore fut unanimement salué. La série (5 saisons à ce jour), encore visible sur Netflix, a connu, en revanche, un immense succès de par le monde

F.Higmore, exceptionnel, est Shaun, l'attachant "bon docteur" de la série.

lundi 21 novembre 2022

Mon amant de Saint-Jean | Épisode 54 : Retour au pays

    

(...) la complicité était flagrante...

   De Roland Sieffert, je savais alors peu de choses. Marcel avait évoqué, à deux ou trois reprises, cet Alsacien rencontré lors du grand rassemblement des Éclaireurs de 1936. Le potard avait pris sous sa protection ce garçon de quinze ans dont il avait instinctivement pressenti la particularité qui les unissait, qu'avait confirmée la missive que le gosse lui avait adressée en septembre. L'ami Fabre m’avait montré une photographie prise lors de ce « jamboree ». Sur le petit carré de papier dentelé, la complicité était flagrante entre ce petit blond d’aspect germanique et son aîné. Le lecteur apprendra plus avant en quelles circonstances mon chemin devait croiser celui du gentil Roland.
*
   En cette fin décembre, je repris la route de Saint-Jean pour fêter Noël en famille. J'avais mis sous le boisseau, jusqu'ici, le remords qui aurait pu – qui aurait dû – me tenailler Je m’étais armé d’un confortable après-tout qui ne laissait aucune place à la culpabilité. Mais, cette après-midi-là, dans le car qui me rapprochait inexorablement du village, ce n’étaient pas les soubresauts du véhicule qui provoquaient mes haut-le-cœur. C’était bel et bien la honte qui faisait surface, s’insinuait en moi jusqu’à la nausée, me vrillait le corps et l’âme. J’échafaudais toutes sortes d’explications, d’excuses, dont aucune ne parvenait à me satisfaire. Après le grand virage, c’était l’arrêt du lavoir, où se dessinait la silhouette de ma chère maman. Pour dissiper mes tourments, pour être en mesure d’arborer le large sourire que les circonstances obligeaient, pour me donner le change, je pensai très fort à l’arrivée du lave-linge à manivelle dans notre foyer, qui avait mis un terme, pour ma mère, à ces heures passées à genoux, au bord du bassin, battoir en main. Je me souvenais de ma danse frénétique autour de l’imposant appareil lors du déballage, de la grâce qu’on m’accorda ensuite de pouvoir manipuler l’essoreuse à rouleaux, du parfum de savon qui enveloppait la maisonnée quand on ouvrait le réceptacle, de m’être un jour brulé la main au fer à repasser et de la visite à Madame Pépin, la guérisseuse qui savait éteindre le feu sur la peau, soulager la méchante douleur des piqûres de guêpes ou le mal blanc des enfants qui se rongent les ongles, en marmonnant d’impressionnantes incantations, sorcière et bonne fée à la fois.
   Le sourire de maman éclairait l’obscurité naissante de cinq heures ; je me blottis dans ses bras entre rire et larmes et me saoulais de ces baisers sonores qui claquent doucement sur le visage des éternels nourrissons que nous sommes, dont nous ne serons jamais rassasiés dans notre soif inextinguible d’un amour maternel qui, tout au long de notre vie, demeure ancré au plus profond de nous-même. « Tu es encore plus beau, tu as forci, tu renifles : tu es enrhumé ? » Admiration, inquiétude d’un petit rien : une mère.
   À quelques mètres en contrebas, il était là, juste assez à l’écart pour ne pas troubler les effusions. Il se livra à une manœuvre dont il semblait avoir étudié d'avance le moindre détail : affichant un air distrait, il remonta à pas vifs, nous dépassa, puis, faisant mine de réaliser, revint sur ses pas. «  Oh, Bertrand, ça boume ? »
(À suivre) 
©  Louis Arjaillès - Gay Cultes 2022
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Photo 1 Charles Egermeier
Photo 2 Un lave-linge d'époque 

dimanche 20 novembre 2022

Juste l'essentiel

Depuis 2007, l'ange provocateur veille sur Gay Cultes



On peut comprendre
la fascination exercée
sur ces colleurs
d'affiche
par l'ange de la bannière de Gay Cultes,
Guntars Asmanisle vilain garçon qui fume et boit dans les musées.
Photographié à la fin de la première décennie de ce siècle,
ce "modèle" a su garder un naturel qui n'est guère de mise dans la profession de l'éphémère :


Bon dimanche !


Florilège (on n'est pas obligé de mettre le son, dispensable.) :



Quand Jakub tutoie les anges


G.F. Handel Riccardo I, re d'Inghilterra, HWV 23 "Agitato da fiere tempeste" Jakub Józef Orlinski Ensemble Matheus Jean-Christophe Spinosi, Baroque violin & conductor

samedi 19 novembre 2022

C'était une fin d'après-midi

Photo Sergey Glasgow 
 

Amants d'avant

Charles Smutney et Louis Forns | Photo George Platt Lynes, 1940

Veiller, résister



Les Allemands étaient chez moiOn m'a dit résigne-toiMais je n'ai pas puEt j'ai repris mon arme
Personne ne m'a demandéD'où je viens et où je vaisVous qui le savezEffacez mon passage
J'ai changé cent fois de nomJ'ai perdu femme et enfantsMais j'ai tant d'amisEt j'ai la France entière
Un vieil homme dans un grenierPour la nuit nous a cachésLes Allemands l'ont prisIl est mort sans surprise
Hier encore nous étions troisIl ne reste plus que moiEt je tourne en rondDans la prison des frontières
Le vent passe sur les tombesLa liberté reviendraOn nous oublieraNous rentrerons dans l'ombre

vendredi 18 novembre 2022

GC Déco : belles plantes


Aucune faute de goût dans cet intérieur harmonieux.
Les plantes y sont choyées, avec amour.
On remarquera le parquet d'excellente facture.


Call me by your name : Bach, Ravel et les sentiments (podcast)

 

La musique tient une part importante dans le film de Luca Guadagnino que France 5 diffuse ce soir à 21 heures, notamment, dans une scène cruciale où Chalamet, lui-même pianiste amateur, joue un Capriccio du jeune Bach. On écoutera avec intérêt le podcast Maxxi Classique de France Musique ici : cliquer

Patience ! (2)



Patience !