Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.
Photo en-tête Mina Nakamura

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


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lundi 2 novembre 2020

"Automneries" d'un automne pas vraiment folichon

Chantage : " Un bonbon ou un sort ! "
Samedi, j'ai offert des bonbons à des enfants qui habitent mon immeuble.
Ne vous méprenez pas : il y avait parmi eux des élèves de la structure que j'ai à gérer acrobatiquement en ces temps de restrictions, et c'était jour d'Haloween, cette "fête" détestable importée des Etats Unis.
Les gosses étaient déguisés et m'ont apostrophé d'un "un bonbon ou un sort !" : je n'avais que des friandises mentholées à leur offrir. Je ne suis pas sûr d'avoir fait leur bonheur avec ces "Menthises" (pub gratuite).
Quoi qu'il en soit, j'ai été par le fait épargné et puis envisager l'avenir avec sérénité.
Pour le mauvais sort, j'ai eu mon compte l'été dernier : accident, escroquerie à la carte bleue heureusement compensée par ma banque, fautive en l'occurrence, et j'en passe.

Entendu dimanche, sur France Musique, un entretien avec l'écrivain Alain Mabanckou, dont le nouvel opus,  Rumeurs d'Amérique (chez Plon), vaste tour d'horizon des Etats Unis d'aujourd'hui, est sorti cette année. Américains, votez
exhorte-t-il !
Un long passage de l'entretien fut consacré à James Baldwin, qu'il admire, déplorant que La chambre de Giovanni, chef-d'œuvre s'il en est, se trouve relégué dans les rayons de "littérature gay", dont j'ai déjà dit ici (et je suis concerné) qu'il était inepte de cataloguer une œuvre sous prétexte qu'elle traite d'amours masculines ou, pire, que son auteur est réputé homosexuel.
Puisque le progrès, pour une fois heureux, en donne la possibilité, allez donc, je vous le conseille humblement, découvrir l'émission Musique émoi de dimanche dernier illustrée par les choix musicaux de Mabanckou, dont une extrait de la Rhapsody in blue jouée par J.-Yves Thibaudet (tiens, tiens !).
Je me procure Rumeurs d'Amérique dès que possible.
En librairie.

Un concert sans public pour cause de pandémie, selon notre humeur, malgré la gaieté de l'œuvre (et du pianiste, avec un "y", c'est notoire et sans problème), ce peut être lugubre.
Ici, Thibaudet en complicité avec l'excellent chef Gustavo Dudamel et le Philharmonique de Los Angeles.



Sous les dais blancs, les militaires.
Depuis plusieurs années, les églises romaines (ci-contre, la basilique Santa Maria Maggiore) sont gardées nuit et jour par l'armée comme l'ont été pour les fêtes chrétiennes de Toussaint les lieux de cultes français.
Bien que non-croyant, j'ai été bouleversé par l'attentat de Nice et me désespère qu'on doive en arriver là.
Les récupérations politiques n'ont pas tardé, venant de la droite se prétendant "républicaine" et de son extrême.
S'il est une valeur intangible, c'est bien la laïcité.
Souhaitons que le pouvoir actuel ne cède pas aux sirènes fascisantes qui ne feraient qu'envenimer la situation.
C'est mon point de vue.
Merci de ne pas en débattre en commentaires : Gay Cultes n'est pas un forum.
Apaisons-nous avec de la bonne musique et... un ange : 

mardi 22 octobre 2019

Automneries 2019, "numero cinque"

Les anges de la balle-au-pied



Je fus aimanté par ces anges jouant aux arènes de Montmartre un jour d'errance en solitaire d'avril 2018.
Loin de m'en vouloir de les observer puis de les photographier, ils m'adressèrent des sourires comme on envoie des baisers, pensant peut-être que c'étaient leurs exploits footballistiques qui avaient suscité mon intérêt.
Ce qui n'en est pas moins piquant.

Ils m'adressèrent des sourires comme on envoie des baisers

La vieille dame au violon


À Cremona, chez Stradivarius
Je ne sais plus si j'ai conté ici ce beau souvenir du printemps passé, ce trop court séjour dans une Bretagne en micro-climat, non loin de Lorient, où, me dit mon hôte, il fait beau trois fois par jour : cet ami de longue date me pressait depuis longtemps de rencontrer sa mère, vieille dame de quatre-vingt dix ans encore très alerte, musicienne de profession autrefois et donc musicienne à jamais.Dans cette maison du bord d'océan se languit un vieux piano Gaveau presque juste, sur lequel je jouai pour elle tout ce qui me passait par le cœur, pièces connues ou moins parcourues, dont elle connaissait chaque note, chaque silence, chaque nuance, chaque indication de phrasé. Percluse de rhumatismes dans cette période, elle fit tant et tant pour les oublier, que nous nous quittâmes après avoir joué ensemble - elle au violon, moi au piano - la musique du film La liste de Schindler que John Williams a signée pour Spielberg, mélodie digne des plus grands airs du répertoire dit "classique".
J'évoque à nouveau celle qui est devenue une amie de toujours par la grâce de la musique partagée, car la semaine prochaine j'irai à Crémone (Cremona), la ville de Stradivarius, la capitale moooooondiale du violon, avec son fils : il pourra ainsi lui rapporter un souvenir pour son quatre-vingt onzième anniversaire et un cadeau de ma part pour qui ces quelques jours sont inoubliables.


Christophe Honoré l'enchanteur


Vincent Lacoste et Camille Cottin, photo de tournage.
Ce n'est certes pas son meilleur film, mais Chambre 2012 possède une charme particulier dû principalement, selon moi, au concept scénaristique très original qui transforme les affres de la vie d'un couple vieillissant en fable sautillante, un peu dans la veine, parfois, d'un Michel Gondry, quand ce dernier est au meilleur de son inspiration.
Ça file, ça virevolte, ça vaudevillise un tantinet, et donc, de fait, ça vous prend dans ses bras pour un moment de cinéma qui ne se la pète pas, où l'on se love tranquillement en pays de bienveillance, ce qui, par les temps qui trépident, hein...
Et puis, nonobstant le talent et la grâce de Chiara Mastroianni, le jeu intelligemment (naturellement ?) flegmatique de Benjamin Biolay, la perversité de Camille Cottin, le choix judicieux de la Sonate K466 de Scarlatti et du Could it be magic de Barry Manilow (mais aussi, un peu beaucoup de Frédéric Chopin !), et puis, disais-je, il y a Vincent Lacoste, tant adulé de moi et d'autres garçons sensibles qu'il a conquis à jamais dans le précédent film du sieur Honoré*, épatant, finaud, magnifique, talentueux et doté, de surcroît (je me lâche !), du plus beau cul du cinéma français, ce qui justifierait presque l'organisation d'une pétition pour le rétablissement immédiat des "cinémas permanents" d'avant, où l'on pouvait rester à toutes les séances si on le désirait.
Bref, ne faites pas la gueule, détendez vous : ce film vous y aidera.
Et puis, Scarlatti, n'est-ce- pas ?


Domenico Scarlatti, Sonate K 466 - Vladimir Horowitz, piano.

* Plaire, aimer et courir vite


RIP, Frédéric !

Des fleurs, toujours. 

Jeudi dernier 17 octobre était la date anniversaire de la mort de Frédéric-François Chopin qui s'éteignit à Paris en 1849 à l'âge de 39 ans.
Si cher au cœur des mélomanes et des pianistes du monde entier (il fut le premier à exploiter les possibilités du piano "moderne"), l'artiste majeur de la période romantique fit l'essentiel de sa carrière à Paris où il repose dans le cimetière du Père Lachaise. Selon ses dernières volontés, son cœur a été séparé de son corps pour être transporté à Varsovie où il se trouve dans un pilier de l'église de la Sainte Croix.
Jour après jour depuis le jour de son inhumation, la tombe du Père Lachaise est ornée de fleurs déposées par la foule d'amoureux de la musique et de musiciens qui l'adulent pour l'éternité.
Pour écouter Chopin, entre autres grands pianistes, j'ai une tendresse particulière pour Arthur Rubinstein.


Un peu de gloire, beaucoup de douleur


J'ai revu, comme prévu, le film de Pedro Almodovar, en Blu-ray d'excellente facture, en compagnie d'un jeune ami (bluffé !) qui l'avait manqué lors de sa sortie.
La scène "émoustillante" vue par ici maintes fois, arrive finalement assez loin dans le film ; mon souvenir n'était pas très précis.
Mais tout ce qui précède cette scène et tout ce qui la suit est purement génial, et je pèse le mot !
Bonne nouvelle : Pedro est de retour !
Et Antonio aussi !
Antonio Banderas : a-t-il jamais été meilleur ?

Cadeau.


C'est la chanson (ici, en direct et en public) qui accompagne l'un des grands moments du film de Christophe Honoré Chambre 212 (voir plus haut) : 


Crédits : comme on peut le constater, tant elles sont de qualité moyenne, j'ai fait les photos insérées dans ces automneries.
Sauf la dernière : 

Garçon fumant à sa fenêtre | Daniele Sartori, Montmartre 2010

mardi 15 octobre 2019

Automneries 2019, numéro 4

Voir la musique

Quand j'étais adolescent, l'un de mes voisins, un veuf vénérable d'une soixante d'années, me recevait chez lui pour des séances d'écoutes de disques sur un matériel ultra sophistiqué de très haute fidélité.
Deux fauteuils Voltaire nous accueillaient entre les bras desquels nous écoutions, les yeux clos, les grandes œuvres du répertoire jouées à fort volume : en poussant les décibels, mon hôte semblait vouloir me convaincre de la qualité de la chaîne qu'il avait savamment constituée. C'était le temps où les amplis étaient "à lampe", qui envoyaient leurs signaux à de volumineuses enceintes suffisamment espacées pour que l'on jouisse pleinement de la stéréophonie. Le programme comportait, je m'en souviens, des pièces particulièrement adaptées, du Sacre du printemps à Shéhérazade en passant par la 6e de Tchaïkovski dite Pathétique dirigée par Monteux, et je me souviens que la marque "Living Stereo" constituait l'essentiel de la discothèque de mon audiophile : c'était, affirmait-il, la garantie des meilleures prises de son et de pressages de même niveau.
Ces moments me revenant, je pense inévitablement à l'immense pianiste que fut Sviatoslav Richter qui, de son temps, réunissait un petit cercle de proches pour écouter des disques dans son salon, religieusement, comme on écoute un concert.
C'était à une époque où l'on ne regardait pas la "télé" en guise de veillée.
J'ai déjà écrit dans ces mêmes chroniques d'automne, la première, que ce type de cérémonie se produisait parfois chez moi avec un ami non-musicien qui adore que je lui fasse écouter une oeuvre pour piano en la suivant du doigt sur la partition. Il adore ça, il dit qu'ainsi je lui permets de "voir la musique".


Alexandre le (déjà) grand, de Milan(o) à Pékin




Je me suis inscrit à la "page Facebook" du tout jeune pianiste russe Alexander Malofeev pour lequel, ici-même, j'ai tenté de partager mon engouement. J'avais notamment relaté la formidable ovation qui avait salué son interprétation du Concerto pour piano et orchestre de Grieg en conclusion des folles journées de Nantes. Le gamin (18 ans) parcourt allègrement le monde pour porter le flambeau de la jeune garde du piano. Les mélomanes ont pu l'applaudir lors d'une récente tournée italienne - je l'ai manqué de peu à Bologne -, il a joué avec le même succès à La Roque d'Anthéron cet été, parcourt la Russie de long en large, et on l'attend à Paris au cours de l'hiver.
Dimanche dernier 6 octobre, il était à la Scala de Milan(o) pour jouer le périlleux Concerto n°3 de Rachmaninov sous la baguette du grand Riccardo Chailly avec l'Orchestre du Festival de Lucerne désormais fameux.
Alexandre, le maestro Chailly et l'orchestre ont quitté l'Europe et se produisent actuellement en Chine.
Ils ont fait un triomphe au National Centre for the Performing Arts de Beijing (Pékin) où ils commençaient leur périple dans l'immense pays, où la musique classique est plus qu'appréciée.*

Pékin (Beijing) après "Rachma"

Fin de concerto à la Scala, 8 octobre 2019

Page fb d'Alexander Malofeev : clic


Notre douleur, notre gloire


Antonio et Pedro en couverture de Variety, plus gloire que douleur

Avec tout ça (la rentrée, l'adieu au farniente...), il m'avait échappé que les DVD et Blu-ray de Dolor y Gloria (Douleur et gloire) étaient enfin dans le commerce.
J'insérai ici la scène la plus "caliente" du film la semaine dernière sans me douter que l'on pouvait (enfin !) la voir à loisir à la maison, autour de laquelle, tout de même, un film bouleversant, sans doute le meilleur Almodovar depuis la grande époque de Tout sur ma mère, Parle avec elle, et autres Volver.
Le disque est accompagné de quelques suppléments sur les coulisses du tournage.
Ayant beaucoup apprécié Parasite
Un placement sûr. (C'est chez Pathé)




"Pacifiques" ou "Pacifistes" ?


Le monsieur, là, au milieu, est un pacifiste

C'est une vue (partielle, seulement, hélas !) de l'état des lieux en matière de vocabulaire.
Il a suffi qu'un péquin, lors des premières manifestations du mouvement appelé "des gilets jaunes" proclame "nous, on est des gens pacifistes" pour que tout le monde emboîte le (faux) pas, médias en tête.
Personne n'a rectifié, personne n'a cru bon d'expliquer que le pacifisme est une idée, un mode de pensée, que je peux me déclarer "pacifiste" (un nom commun) si je refuse tout conflit armé, ou "pacifique" (un adjectif) pour signifier que je n'ai pas d'intention belliqueuse.
Ainsi, un adjectif est quasiment rayé du langage avec la complicité des journalistes (vous savez, les "cékoi" et autres "vousenditeskoi" etc. !) et un substantif qui n'avait rien demandé est privé de son sens.

Ici tout est pacifique.
Même l'océan.
* Alexander Malofeev donnera un récital à Paris, le mardi 19 novembre Salle Gaveau.
J'y reviens prochainement.

lundi 14 octobre 2019

Tizeure

Oh oui, de bout en bout, surtout s'il y a des zimages !



Demain mardi,
le numéro quatre
de ces "Automneries"
que certains d'entre vous
lisent de bout en bout, bravo !


mercredi 9 octobre 2019

Automneries 2019, numéro trois

L'imprécateur et le philosophe

Un ami très proche fut contraint, pour des raisons professionnelles, d'assister à une partie de cette convention de la droite très à droite qui se déroulait l'autre samedi. Trentenaire rompu aux dégueulis de toutes sortes déversés par les différents réseaux, il me disait avoir abordé l'épreuve en s'estimant vacciné contre ce genre de saloperies. 
Il assista bien malgré lui au discours de l'imprécateur dont la simple évocation suffit depuis quelques lustres déjà, à donner des haut-le-cœur à tout être vivant doté d'un minimum d'humanité. Le jeune homme ne pensait pas être confronté un jour à cette haine et à cette bêtise s'exprimant là en chair, en os et en voix sous les applaudissements d'une foule en dévotions. Pas un instant il n'aurait pensé que des larmes de chagrin et de dégoût mêlées lui viendraient lorsqu'il fit le récit de ce qu'il avait vu et entendu ce samedi-là.
Raphaël Enthoven : son courage mérite le respect. 
( Francesca Mantovani/Gallimard Via Leemage)
Il y eut pour seul pansement à la douleur les mots d'un philosophe invité qui avait résisté aux adjurations de ses proches et avait décidé de venir pour répondre à ces gens et mettre en pièces leurs malfaisantes théories. Il y eut bien sûr des huées, mais aussi de discrets petits signes d'apaisement sur le ton "chuuuut, vous comprenez, après ILS diront qu'on est intolérants, pas démocrates...". L'homme, en tout cas, mérite le respect pour son courage.
Mon avis est très net, contrairement aux trouillards patentés de l'atermoiement : il ne faut jamais inviter le genre de personnage évoqué plus haut sur le moindre plateau. Pour paraphraser Robespierre, il ne faut pas donner cette liberté démocratique aux ennemis de la démocratie.

Voilà, nous pouvons passer à des choses plus frivoles :

Jours de pluie à Paris


Il suffit que j'écrive ce titre pour qu'une éclaircie, faiblarde, certes, vienne apporter un surcroît d'énergie à mes fleurs qui ont souffert ces derniers jours des bourrasques et du coup de froid automnal qui fait râler tous ces gens qui pensent que l'heure d'été c'est vachement mieux parce qu'on peut prendre le spritz du soir quand il fait jour encore, et toutes ces choses que l'on peut regrouper sous le terme générique d'égoïsme.
Des adolescentes me sachant omniscient cinématographiquement et musicalement (que je m'aime, ce matin !) m'ont demandé, la voix humide, le titre de la chanson jouée et fredonnée par leur nouvelle coqueluche (et la nôtre !) Timothée Chalamet dans le dernier (non !?) film de Woody Allen.
Il s'agit d'un "standard" intitulé Everything happens to me, dont existe une multitude d'interprétations de tous styles, dont une version chantée par Sinatra, une interprétation pianistique de Thelonious Monk et deux vocalement caressantes de Chet Baker. Je vous livre l'une d'elles ; libre à vous d'aller à la rencontre de l'autre sur YouTube.




Des livres et autres nourritures, pas toujours spirituelles


Apocalyptique, cauchemardesque, satirique, le roman de René Barjavel Ravage, paru en 1943, livre une vision on ne peut plus pessimiste de la France de ... 2052.
Culte du chef et apologie du retour à la terre sous la férule de ce dernier après une terrible catastrophe : on comprend pourquoi le torchon collaborationniste Je suis partout publia ce roman sous forme de feuilleton.
Le roman de Barjavel (qui fut accusé puis bénéficia du doute à la libération comme beaucoup d'autres) n'en reste pas moins le modèle d'un style nouveau pour l'époque, la science-fiction à la française.

L'auteur s'y révèle visionnaire et dépeint une société qui pourrait bien être la nôtre dans un avenir proche si nous ne mettons un terme à nos errements, si nous ne nous préparons pas à la fin du capitalisme, si nous ne partageons pas les richesses, si nous ne cessons pas de bouffer la planète par tous les bouts. Ravage est une oeuvre inquiétante, voire terrifiante au point que j'ai demandé à l'ami qui me l'a prêté ce que j'avais fait pour qu'il m'en veuille autant ! L'auteur, cependant, nonobstant un réel talent de narrateur, ne mérite pas qu'on le glorifie, lui qui, après l'exécution de Christian Ranucci (le fameux fait-divers sanglant dit du "pull-over rouge") demandait, dans sa chronique du Journal du dimanche que l'on n'eût la moindre pitié pour les "larves de la société" que sont les assassins et se réjouissait, ce-écrivant, de la mort d'un homme dont on ne sut jamais s'il fut réellement le meurtrier de la petite Dolorès.

Le même ami auquel je dois quelques moments de cauchemars a allégé ma peine, m'offrant Les villes invisibles d'Italo Calvino.
Je le sens mieux.
Dans tous les sens du verbe ; car j'ai pour habitude de m'imprégner de l'odeur des livres avant  de les lire.
Je suis le seul ?

Papilles


J'ai quelques consolations, dont, toujours à portée de main, Si le grain ne meurt d'André Gide qui savait qu'une brandade de morue ne peut être que "floconneuse" et savait les fricandeaux et croûtillons au lard, que les gens qui parlent "pointu" nomment "croustillons". Les mêmes, en exagérant à peine,  nomment "grattons" ce que ma pauvre bonne brave femme de mère appelait "crotillons", mets aussi sauvage que cévenol dont elle se délectait sans prendre le moindre intérêt à mes grimaces de dégoût.
Aujourd'hui, je me damnerais (cela dit, c'est fait depuis longtemps) pour en déguster.
La littérature et la gastronomie ont toujours fait bon ménage, les grands auteurs ayant toujours su nous faire saliver à la lecture des descriptions des mets les plus raffinés ou, inversement rustiques et roboratifs de notre cuisine nationale.
Sans prétendre au plus haut niveau, je pense, rédigeant ce qui précède, à un passage de mon propre roman où Victor et Paul dégustent sans manières un pan-bagnat pour lequel on n'a pas lésiné sur l'huile d'olive.
Je vous assure que, l'écrivant, une envie mortelle du précieux sandeouiche m'est venue, me faisant saliver comme un écureuil devant un gland une noisette.

Pavillons


Je poursuis l'écoute de l'invraisemblable pile de disques microsillons offerts par un fort aimable voisin (voir chronique d'automne précédente), dont, à ce moment très précis*, le premier Concerto de Beethoven par le jeune (c'est vieux !) Cristof Eschenbach avec le Philharmonique de Berlin dirigé par Karajan.
Il y a de vraies pépites comme l'oeuvre pour piano de Brahms par Julius Katchen,un pressage de 1964 chez Decca dont ne subsiste hélas que le premier volume.
On trouve encore le coffret de disques vinyliques à un prix pour moi prohibitif de quelques 260 euros. Pour dix fois moins, j'ai fait l'acquisition du coffret en 6 CD.

J'ai déniché dans mon quartier une officine spécialisée dans la réparation, la restauration et la vente de matériel haute-fidélité anciens : amplis à lampes de prestige, sources diverses, dont des platines historiques comme la Thorens TD 124, un pur joyau d'une solidité à toute épreuve doublée d'une redoutable précision. Après le cadeau du ciel reçu il y a peu, j'ai apporté là-bas mon précieux tourne-disques, un Thorens également, de bonne gamme (TD 160 pour les connaisseurs) dont le technicien, aimable, courtois, et joli, de plus, a affiné les réglages pour tirer le meilleur parti auditif de mes merveilles discographiques.

J'exulte.



* "à ce moment très précis" est une citation, un extrait d'un chef d'oeuvre impérissable de la chanson française. Si vous trouvez lequel, sortez !

lundi 30 septembre 2019

Automneries 2019, numéro deux

Tout près de chez moi, mais en 1938
C'est le bonheur de la semaine écoulée : un voisin m'a offert une caisse de disques vinyles en parfait état, dont nombre de Deutsche Gramophon période Von Karajan ; à ma grande stupéfaction, les disques sont dans un état neuf, comme sortant d'un bon vieux disquaire qualifié comme il en existait autrefois. L. - béni soit son Saint Nom - a trouvé un jour les disques dans la cour de l'immeuble, laissés là, en toute vraisemblance par un résidant en urgence de déménagement ; il les a récupérés puis descendus à la cave, d'où la plus agréable odeur de moisi jamais ressentie dans mon salon depuis que j'y ai posé ma vie.
L. n'a pas de platine, et j'ai bien compris que l'écoute de Boris Godounov parasitée par les hurlements ad libitum de sa marmaille n'étaient pas dans ses priorités.
Alors, la collection Archiv, pour les fans, hein... !
Dans cette malle aux trésors se trouvent les Symphonies de Beethoven par HvK (un intime :  je ne l'appelle plus que comme ça !) que je possédais déjà mais pas dans cet état impeccable qui ne nécessite même pas l'usage de mon chiffon antistatique usuel.
S'y trouvent également les concertos du même Ludwig par Kempff et Leitner que je ne possédais qu'en CD, et des coffrets d'opéras, dont des éditions associées La Scala/DG qui doivent être rares de nos jours.
J'en passe et des tout aussi exceptionnels (Les Etudes de Chopin par Pollini !) qu'un revendeur de ma connaissance m'envierait à en défaillir.
Bref, il y a des moments de vie plus heureux que d'autres, constaté-je en enfonçant allègrement une porte béante. Mais actuellement je "fais mes nuits", en gros bébé, sans interruption, ce qui ne m'était pas arrivé depuis des lustres.
Et bien ça compte énormément et me permet de passer des journées autrement constructives qu'aux temps où je me traînais misérablement en veste d'intérieur jusqu'à onze heures du matin.
Un heureux hasard amplement planifié, prémédité, veut en effet que je ne commence jamais à exercer mon activité professionnelle avant l'après-midi, à l'exception notable du samedi où je dois être sur le pied-de-guerre sur les coups de onze heures du matin, vous rendez-vous compte ?
Je m'élance alors lentement vers mon lieu d'exercice, et peut-être aurai-je la chance, la prochaine fois, comme ce fut le cas samedi dernier, de croiser ce très bel ange dont le sourire et le bonjour respectueux me font chavirer, d'autant que je me demande s'il ne se poste pas ici chaque fois juste pour ce bref échange de bienveillances ; je lui ai enfin parlé enfin samedi dernier, et voletèrent au-dessus de nous de ces gentillesses qui vous purifient l'atmosphère : vingt-quatre secondes de bonheur absolu pour enchanter une journée d'automne entre figues et raisins.
... de ces gentillesses qui vous purifient l'atmosphère...

Il faudra que j'écrive un jour à propos de l'émission de France 5 Silence, ça pousse ! Si vous l'avez déjà regardée, vous savez pourquoi.
Si vous avez un jardin à entretenir ou un balcon "vert" comme moi, ça vous fait plusieurs raisons de la suivre.
Ça n'a rien à voir (quoique, en réfléchissant...) Arte a donné vendredi dernier un document amusant sur le "Glam Rock" dont le plus éminent représentant fut le Bowie de Ziggy Stardust. Prirent la vague avec le talent que l'on sait des groupes comme Queen, Roxy Music ou The Sparks.
Il y a toujours quelque chose à voir sur la chaîne franco-allemande, même si, actuellement, semble s'essouffler la programmation des films du dimanche soir.
Un enfant dans la foule (G.Blain 1976)
Par ailleurs, sur le tube, j'ai vu, sidéré, le film de Gérard Blain Un enfant dans la foule que l'on peut acquérir sur Amazon pour la modique somme de 199,50 € (!). Sidéré, parce qu'il serait strictement impossible de produire un film aussi "pédérastique" de nos jours : pas du tout ma tasse de cappuccino (j'en connais...), mais révélateur de l'état d'esprit d'une époque (1976) sur un sujet devenu sulfureux.
Je reviendrai sur Gérard Blain qui fut le Beau Serge de Claude Chabrol, bel acteur-réalisateur travaillé, semble-t-il par son adolescence, et dont le film Les "Amis" (les guillemets disent tout) mérite une chronique.
Je termine ces sautes d'humeur automnales par une photo... printanière :

Joseph Frigo & Manning Walsh, Room with a View par Hector Clark

lundi 23 septembre 2019

Automneries 2019, numéro un

Rome vue de haut - Photo Silvano Mangana
Mon dix-huitième arrondissement étant multicolore, j'étais si étonné de la foule monochrome qui envahissait le parvis du théâtre l'Odéon par une après-midi de septembre ensoleillée, que j'amusai l'ami que j'avais au téléphone d'un "c'est blanc de monde !".
Le ciel, aujourd'hui, par-dessus les toits de Paris, est moins d'azur qui va  virer au gris-argent ; s'y installera comme en urgence je le pressens, un automne qui me met bon an mal an dans les meilleures dispositions.
Les rues autour de moi bruissent d'une fourmilière affairée autour du vide-grenier de saison, et je sais ce qu'a d'incongrue la dénomination "grenier" dans une capitale où le moindre espace doit être rentabilisé, tant la fièvre immobilière qui s'est emparée de la ville ces dernières années l'a rendue inaccessible au commun des citoyens.
"Le ciel... qui va virer au gris-argent" - Photo instantanée, S.
"Citoyen", tiens, encore un terme devenu désuet, que l'on n'entend quasiment plus prononcer dans ces médias qui font la loi beaucoup plus, en fin de compte, que le législateur, ou du moins, qui en soufflent à ce dernier la teneur en fonction des  faits-divers ou de l'impatience des foules !
Chaque fois que m'oppressent  - et c'est de plus en plus fréquent - la malveillance, les incivilités, les affrontements de toute nature entre "citoyens" (le mot est peut-être obsolète, finalement), sans omettre ce qui touche à la vie publique - ce que l'on appelle aussi "politique" -, je me réfugie dans une Italie pourtant toujours prête à basculer dans le pire, et malgré tout accueillante et (j'ose !) "gionesque", presque identique, des décennies plus tard, à ce qu'en dit Jean, et, plus près de nous, à ce qu'en ressent Dominique Fernandez.
Je n'arrive pas à concevoir que c'est à Salvini que le signore affable qui m'offre une grappa bianca Nardini, celle que l'on vend à prix d'or chez nous, a peut-être, et même sans doute, apporté son suffrage à Salvini, ce fantoche qui vient de se tirer une balle dans le pied, ce dont on a jubilé, mais, je le crains, permettra juste au peuple italien de reculer pour mieux se faire sauter.
Le blog, j'en suis conscient, a cédé ces derniers temps à la facilité ; j'y trouve moi-même quelques médiocrités, des photos dont j'ai décidé de le débarrasser, car ne correspondant plus à mon état d'esprit du moment - mes amis vous diraient que je change avec la lune tout en soulignant - ce sont mes amis - que c'est chez moi une qualité, ce dont je suis de moins en moins sûr.
Clara Haskil (...) aimait les chats (...) en les vénérant.
Il y a un ami comédien tourmenté qui me rend visite avec moins d'assiduité qu'auparavant, mais il a maintenant une petite fille à élever, aussi belle qu'extraordinairement aimable. Nous avons renoué l'autre soir avec notre rituel qui consiste à écouter de la musique, religieusement posés sur le canapé, jamais vautrés, pour rester en alerte, pour partager nos trouvailles : lui avait apporté des vinyles dont un Bill Evans en public où il ravive des "feuilles mortes" tant ressassées, et un Mozart toujours en vie sous les doigts de Clara Haskil, laquelle aimait les chats comme on doit les aimer, en les vénérant. Je lui fis découvrir cet Alexandre Kantorow que j'ai glissé ça et là dans Gay Cultes ces derniers temps, et me fis confirmer ce que je clame ici ce faisant, qu'un immense pianiste est en devenir, qui nous console des duretés d'un monde devenu quasiment inhabitable.
Ceux qui viennent ici chercher autre chose que des photos de jeunes gens - il en est ! - ont peut-être compris que j'avais eu un été végétal.
Mes mains se sont subitement verdies, avec un désir irrépressible de m'entourer de fleurs et plantes dans un environnement bétonné chaque jour plus oppressant.
Une chaîne de télé a diffusé l'autre soir un film documentaire (ce n'est pas le terme qu'il faudrait) intitulé Sur les toits de Rome : les documents filmés ne manquent pas qui célèbrent souvent dans une tonalité "dépliant touristique" les beautés de la capitale italienne. Celui-là est différent, qui nous montre la grande cité vue du ciel, mais surtout de ses terrasses semblables à celles du film de Sorrentino La grande bellezza. J'ai souvent arpenté Rome le nez en l'air, repérant en effet ces jardins suspendus au cœur de l'effervescence latine (de "latium" s'entend). Le film de Morad Aït-Habbouche est à voir et revoir sans tarder et vaut bien que l'on supporte l'interminable minute de publicité qui le précède. C'est ici : clic.
Mais attention, ces images sont vénéneuses : elle inoculent en vous un besoin de charger illico le coffre de votre Fiat 500 ou de la 4 Chevaux de Mestre Giono et de filer tranquillement vers le Pincio.
Je vous souhaite une bonne semaine.


Rédigé dimanche 22 septembre
vers 10 heures du matin. 


mercredi 18 octobre 2017

Automneries

Mes anges


De Matt Lambert
Ma sensibilité me conduit souvent à idéaliser. Ainsi, il n'est pas rare que, m'extasiant devant telle nudité juvénile, l'ami de passage, par dessus mon épaule observant l'objet de mon émoi, se gausse de ma naïveté : - M'enfin, Silvano, tu ne vois pas qu'il s'agit d'un acteur de films pornos ?
Non, je ne le vois pas, je préfère penser que l'ange pose pour un moderne Bronzino, ou, pour la photo ci-dessus, qu'il s'agit d'une pause entre deux séances pour une nouvelle Pietà. l'autre soir, j'ai inséré une photo d'un "angelo" magnifique qu'un commentateur s'est chargé d'identifier comme étant (encore !) un "héros" de vidéos pour adultes.
Peut-on me laisser rêver ?


Mur 


Naviguant de chaîne en chaîne de télé un soir, guettant désespérément de quoi satisfaire mon appétit, j'ai failli renoncer jusqu'au moment où je suis tombé sur un film mêlant fiction, images d'époque et témoignages des protagonistes, qui relatait l'histoire d'étudiants de Berlin Est assistant à l'érection (mais ce n'était pas un film pornographique !) du mur de Berlin, et leurs efforts - couronnés de succès pour certains, menant à la tragédie pour d'autres - pour passer à l'Ouest. C'était captivant. Le titre est Berlin, promotion 61. C'était sur la chaîne Histoire, qui pourrait rediffuser ce programme un de ces jours. J'ai trouvé une bande-annonce ici : clic
J'illustre avec une photo prise en 1989 où l'on voit deux beaux jeunes hommes de l'Est refusant de serrer la main de gens d'en face fêtant la chute du fameux mur.

Que se passe-t-il ?


Et pan sur le bec, comme le titrerait le Canard enchaîné !
Il y a quelques mois, je dénonçais dans un billet la nouvelle manie des journalistes de la presse parlée, télévisée ou écrite, d'employer à tout bout de champ des "ce qu'il se passe", formule remplaçant le "ce qui se passe" d'usage jusqu'alors. Et voilà que l'autre jour, preuve que l'on nous pollue les neurones quand l'on n'y prend garde, je commis la même erreur, dénoncée illico par un commentateur courroucé. Penaud, je corrigeai aussitôt. Je sais qu'il y aura des défenseurs de la nouvelle version pour me rétorquer que la tournure est logique (il se passe quelque chose, et donc...). Et bien, "au final" (grrrr !), je préfère continuer à utiliser l'ancienne, comme Nicole Croisille dans cette chanson de 1969 lors de la soirée de premier tour de l'élection présidentielle que Pompidou remporta au second..
En prime, d'une époque où les variétés permettaient d'attendre les résultats distribués au compte-goutte, vous avez, s'affichant en bas de l'écran, les scores des différents candidats. Gay Cultes, champion de l'information ! 



Croquignolesque

 

On ne manquera pas de s'étonner de voir à ce point critiqué le vocabulaire de l'actuel président de la République. Je ne parle pas des "fainéants" ou de ceux "qui ne sont rien" qui prêtent aisément le flanc à la polémique, surtout quand on les retire en toute bonne foi (!) du contexte. On entend pousser des cris d'orfraie quand M. Macron prononce le mot "bordel", les mêmes ricanant de l'emploi de termes prétendument désuets comme "truchement" (ah bon ?). Il est vrai que le ricanement est devenu un mode de pensée véhiculé à longueur de temps par les réseaux dits sociaux et que personne ne peut y échapper. Ce sont les "hors de" (off !) du président qui intéressent les polémicards de tout poil. En revanche, il ne se trouve personne pour souligner que le langage officiel présidentiel, avec ses mots "démodés" (parce que trop respectueux de la langue ?) et, entre eux, des liaisons enfin respectées auxquelles les deux (voire trois) prédécesseurs ne nous avaient pas habitués. Il y a cependant source d'agacements dans le verbe "jupitérien", une sorte de novlangue où se glissent des "et en même temps", des "toutes et tous", des "pardon de vous le dire"... croquignolets (et non "lesques"). Mon propos où il n'est question que de forme et non de fond, n'a absolument rien de politique ; juste histoire de dire où nous en sommes, "les gens".

Un faune pour réconcilier tout le monde :



samedi 14 octobre 2017

Automneries

 

Quand l'automne rit


Après quelques mornes journées sous un 
ciel anthracite, la nature nous fait don de
trois journées ensoleillées dont il faut se
rassasier, qu'il faut mettre à profit pour
marcher dans la ville, admirer les jolis
garçons que cette embellie va mettre sur
notre route en tenue légère provisoire, 
juste avant le retour des cuirasses qui camouflent
la vigueur des corps juvéniles.
Dernière sortie pour les pantalons blancs
et les tee shirt sous lesquels il est si tentant
de passer une main audacieuse : ah, le contact
de ta peau, brigand, qui me tue !

Importantes futilités

 

L'âge étant venu, où le port du tee shirt et du short que l'on trouvait naturel dans les rues de Turin ou 
sur les hauteurs du Trentin, devient, à Paris, ridicule, il me reste pour parade l'élégance, la recherche du plus présentable possible, qui fait dire au vieil ami grec indulgent "comme tu es bien habillé, tu es beau comme ça, Silvano !"
En fait, je n'ai jamais cessé d'être un minet, un "gandin" disait mon père quand je m'apprêtais à sortir revêtu de la veste Lapidus achetée en solde mais bien au-dessus des moyens que m'accordaient mes premiers revenus, cachets dérisoires d'un temps où le statut d'intermittent n'existait pas encore.
Cette semaine j'ai fait l'acquisition d'un costume, coupé "tendance" et classique à la fois, comme en portent les ex-jeunes loups qui gravitent autour de la Maire de Paris, ou dans les cabinets des mairies d'arrondissement, mais je ne l'assortirai pas de la barbe de trois jours de rigueur (je suis encore un rebelle, vois-tu !) ; je me le suis procuré pour donner mes cours, dans l'espoir insensé peut-être d'inciter les élèves à accorder davantage de soin à leur aspect : respect réciproque. C'est le deuxième costume de mon existence, et je ressens la même impression que lorsque je mis ma première montre à mon poignet. 


On a rénové ma chambre cet été, quand je découvrais Torino. Je dormais mal, mon regard sollicité par trop d'objets avant de sombrer enfin ou jamais. J'ai donné à des associations tout ce qui
encombrait l'espace et les placards, renoncé sans regret à ces morceaux de vie qu'on accumule, qui étouffent sous la poussière des temps.
Un peu comme sur cette photo, des murs blancs et très peu de meubles : un lit, la grande armoire indispensable, un valet-de-nuit, une chaise, des stores occultant la lumière, e basta !
Je dors beaucoup mieux.

Plaisir dominical



 Seiler, mon nouvel ami, a des ressources, puissance et douceur.
Il faut le dompter, le dresser comme un animal sauvage.
Je m'y emploie chaque dimanche, où un garçon bienveillant
me rejoint en fin d'après-midi pour m'écouter. 
Il applaudit après chaque pièce plus ou moins bien accomplie.
Il aime un Prélude de Chopin que je joue plutôt bien, en redemande.
Ce sont de doux moments.

Le ridicule ne tue pas les anges.

Lire




La lecture de La société du mystère de Dominique Fernandez (chroniqué ici : clic) m'a incité à lire Vie de Benvenuto Cellini écrite par lui-même qui me fut offert il y a longtemps et que j'avais oublié dans ma bibliothèque.
C'est passionnant et je ne manquerai pas d'y revenir. Pour l'heure, je m'amuse de lire dénoncé, sous la plume de l'auteur, le "vice infâme" pratiqué par certains de ses amis romains, quand on le prend plus d'une fois à s'exalter sur la beauté de tel ou tel ange, dont celle de son apprenti, accordant quelque crédit aux supputations de Fernandez.





Écouter



J'écoute sans relâche l'album de Pierre Lapointe La science du cœur dont je donnerai un second extrait demain. Onze chansons seulement, très beaux textes et arrangements de cordes suaves à souhait. Homo ou non, les émois, les affres, les douleurs de l'amour, sont les mêmes pour tous : Lapointe sait les chanter simplement, juste avec son cœur.

Jeune homme sympathique pour conclure 
aimablement ce billet.

lundi 19 décembre 2016

Automneries (les dernières)

And the winner iiiiiiiiiiiiis !



Trop fort, MC Zarmo : notre Wolfgang préféré aura vendu en cinq semaines 1,25 Millions de disques, record absolu des ventes 2016, explosant les ringard(e)s Justin Bieber, Madonna et autre Beyonce gagne-petits, uh uh uh !
Toujours facétieux, Wolfie : la sortie du coffret Mozart 225 par Deutsche Grammophon  et Decca aura attiré, pour l'heure, 5 556 acheteurs à multiplier par le nombre de CD contenus dans le coffret.
Vendu autour de 375 euros, ce qui nous donne un prix à l'unité inférieur à 2 euros, cette édition complète est définie ainsi par les éditeurs :  "présentée par Decca Classics et Deutsche Grammophon en partenariat avec la Fondation Salzbourg Mozarteum. Le coffret le plus exhaustif et le mieux documenté jamais consacré à l’œuvre d’un seul compositeur. Cette édition limitée numérotée individuellement présente l’intégralité des œuvres achevées de Mozart, en plus de tous ses fragments d’œuvres, celles achevées par d’autres compositeurs ainsi que ses arrangements d’Haendel et de Bach."
Vous ai-je donné la date de mon anniversaire ?


Dominique Fernandez : "ils" sont partout partout partout !


C'est un bon gros livre qu'il est particulièrement malaisé de lire au lit, ce qui n'est pas ma seule critique.
Je partage avec l'académicien français l'amour irraisonné de l'Italie qu'il a célébré dans de multiples ouvrages, dont Le piéton de Rome, Le voyage d'Italie et autres dictionnaires amoureux. Au nombre (important) de ses œuvres romanesques, on retiendra Porporino ou les mystères de Naples (les castrats, ouille !), La course à l'abîme (une "bio" haletante du Caravage) et, bien sûr, Dans la main de l'ange, le "roman" que fut la vie de Pier Paolo Pasolini.
Au cas où l'on ne l'aurait pas compris, Monsieur Fernandez est gay, si !
Il y a dans notre confrérie, famille, espèce, fratrie, tout ce que vous voudrez, des individus, et non des moindres (Roger Peyrefitte, par exemple) s'étant donné pour mission de traquer l'homo planqué dans les placards de l'Histoire. Pour se rassurer (de quoi ?), pour convertir (qui ?), ce m'est un mystère. Ça me rappelle que, c'est déjà ancien, j'avais assuré à un hétéro un peu naïf que Lino Ventura et Jean Gabin formaient un couple à la ville ! C'était drôle de voir la mine stupéfaite de ce garçon qui devait se demander s'il était bien "normal". C'était dit, de ma part, avec un humour qui tournait en dérision cette tendance de nombreux "invertis" (comme on disait il n'y a pas si longtemps) à en voir (à désirer qu'il en fût ?!) partout.
Mon Dieu, ils en sont tous !
Dans Amants d'Apollon L'homosexualité dans la culture, ce cher Fernandez tombe dans ce travers, décelant des personnages sans aucun doute (s'il vous le dit !) homosexuels dans les œuvres de Cervantès (dans Don Quichotte, si !), Balzac (bon, Vautrin, je m'en doutais !), Zola (oui, monsieur !), ou Théophile Gautier dont il ne nous apprendra pas que Mademoiselle de Maupin est un roman hautement saphique.
L'acharnement que déploie Fernandez à cette quête de l'homo dans la culture a quelque chose de touchant, certes, mais cette obstination a des relents de mauvaise foi quelque peu déplaisants.
Évidemment, il y a, souvent, une belle écriture à faire pâlir d'envie l'auteur amateur que je suis, et des vérités incontestables dans la première partie, consacrée aux arts plastiques : oui, il ne fait guère de doute, aujourd'hui, que Michel Ange, Caravage ou Léonard de Vinci "en étaient".
Mais on s'en fout un peu, non ?
 Amants d'Apollon L'homosexualité dans la culture (Grasset - 25 €)


Centenaire





Kirk Douglas vient de souffler 100 bougies.
Je vais demander à Dominique Fernandez s'il a un dossier sur lui.







Voyage d'hiver


J'ai le même ustensile, très pratique.
L'hiver arrive, avec, en point culminant (les journalistes radio-télé disent, à tort, "point d'orgue") les fêtes de fin d'année, cette orgie gastrique indécente en ces temps plombés par les guerres (les vraies) et les guéguerres par réseaux (a)sociaux interposés.
J'y cède, mais avec parcimonie : un peu de boudin blanc avé de l'aligot, chez moi, pour mes "jeunes", et, dans la famille de mon fils préféré, samedi, un repas de Noël traditionnel entre mécréants avec Champagne, mais point jusqu'au trop-plein, loin s'en faut.
Puis, départ pour Milano (Milan) avec un joli programme de découvertes (merci à Céléos, d'un Véhèmes dont on attend le réveil) et une Neuvième de Beethoven pour se consoler de n'avoir pu obtenir de places à la Scala.
Et ça, c'est une vraie fête !

Bonus (aujourd'hui, c'est du tout-en-un)


Francisco Rath par Pedro Pedreira