Photo Sam Contis 2015 |
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.
"La gravité est le plaisir des sots"
lundi 31 juillet 2023
Mon amant de Saint-Jean | Épisode 81 : Les vacances au bord de la mer
(...) nous avions su que l’amour se fait. |
La satisfaction de notre ami se méritait : nous arrivions au but, fourbus, mais heureux du silence qui détonait avec les cris et les odeurs d’ambre solaire de la plage où s’entassait le tout-venant. Malgré nos opinions, nous n’étions pas mécontents d’avoir fui les « congép’ » tels que les désignait le plus rouge d’entre nous. Nous en riions, et le traitions de fasciste, en lui assénant quelques coups de serviettes vengeurs.
Je suis revenu à Maguelone à la fin des années soixante-dix : de Palavas, on peut à présent accéder à la Basilique et à la plage en contrebas, en prenant place dans une navette. Un panneau indique la « zone naturiste », où se presse désormais une foule d’adeptes, touristes allemands ou scandinaves, homos décomplexés made in France, et petits voyous en quête de plaisirs interdits. En ce mois de juillet 1938, c’était quasiment désertique. J’enviais mes deux compagnons, appréciais du coin de l’œil leurs étreintes et leur course sur le rivage pour atteindre la mer tant désirée, où ils évoluaient en tritons, quand je n’étais qu’un piètre nageur. Ma seule expérience était que j’avais appris à éviter la noyade, quand Jules m’avait appris comment ne pas sombrer, là-bas, dans un trou d’eau, au bord duquel, un an auparavant, nous avions su que l’amour se fait. Alors, je me bornais à évoluer d’une brasse maladroite, non loin du bord, quand les Nathanaël n’étaient plus que deux points, deux esquifs traçant leur route au large.
Nous nous retrouvions ensuite, partagions, en guise de goûter, pêches de Mauguio et melons achetés sur le marché, au bord du Lez, notre fleuve à nous, avant qu’ici, Palavas-les-Flots, il ne se précipite mollement dans la Méditerranée. Il fallait bien revenir à la « cabane » – c’est ainsi qu’on nommait, à cette époque, les petites maisons que louaient aux estrangers les autochtones – où nous attendaient, en rangs serrés, des escadrilles de moustiques prêts à nous dévorer. Mais Marcel, le potard, avait pris soin d’emporter avec lui une potion-miracle à base de citronnelle dont nous nous enduisions sans l’économiser.
Nous disposions d’un réchaud à gaz utile à nos maigres agapes du soir, tellines en persillade et petites fritures, dignes, en cette belle compagnie, des meilleurs restaurants de la grande ville. Chaque soir, ils s’aimaient. Je les laissais jouir tranquillement de leur bonheur, quittais la cabane sans bruit, me promenais sur la rive droite, m’asseyais en terrasse d’un café, lequel, ici, n’était pas « riche », et buvais un verre d’un mauvais vin de pays que je trouvais divin. Au retour, la potion, affadie, n'était plus un rempart. Je subissais les assauts de la horde assoiffée, qui avait trouvé en moi une proie idéale. Plus de râles, plus de grincements de sommier, la maisonnette s’était endormie. Dans le lit, malgré les démangeaisons, je m’endormais en appelant mon amant de Saint-Jean. Viendrait-il ?
(À suivre) © Louis Arjaillès - Gay Cultes 2022-2023
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Tellines
Ce petit coquillage se rencontre sur le littoral méditerranéen, en Camargue et dans le Languedoc, comme à Palavas et ports voisins. On prépare les tellines* avec de l'ail et du persil, et pas autrement. Les mauvaises langues prétendent qu'on en trouve également en Bretagne. Je me refuse à le croire.
* Voir l'épisode du jour du feuilleton hebdomadaire, lequel est toujours en tête des billets les plus lus, chaque semaine. Je me la pète, vous ne pouvez pas savoir !
dimanche 30 juillet 2023
Ce que "génie" veut dire
Allez, monte le son, et vive la musique !
Gnocchi alla manganesca
Ah la la la la, ces gnocchi ! |
Testé et apprécié en bonne compagnie
Ce qu'il vous faut :
• 250 g de gnocchi (faits maison, c'est encore mieux)• 30 g de beurre
• 2 gousses d'ail
• 1 cuillère à soupe de concentré de tomate
• 1/2 tasse de crème épaisse
• Flocons de piment ou piment oiseau (mais allez-y pianissimo)
• Sel
• Parmesan et mozzarella
Procédons comme suit :
• Dans une poêle chaude, ajoutez le beurre et les gnocchi égouttés tout de suite après leur remontée à la surface de l'eau bouillante salée, et continuez à frire pendant environ 5 minutes.• Ajoutez l'ail haché, le concentré de tomates, le sel, le piment et la crème épaisse.
• Laissez le tout mijoter à feu doux durant 10 minutes.
. Ajoutez le parmesan et la mozzarella (personnellement, j'ai prélevé l'intérieur de la boule et l'ai réparti avec mes mimines).
• Râpez du parmesan sur les assiettes avant de servir et "bonne dégustation" (expression agaçante s'il en est).
samedi 29 juillet 2023
L'ange déchu
vendredi 28 juillet 2023
Pour un séjour agréable
Située à deux pas du village St-Rémy-de-Provence, elle
offre (enfin, offre...) sept chambres de style, une piscine, plein de salles de bain,
Vous pouvez la louer, bien sûr.
Et m'inviter à y séjourner, d'autant qu'il y a un piano !
jeudi 27 juillet 2023
Entrer ou rentrer : on doit dire quoi ? *
Il n'est pas de jour sans que l'on relève de nouvelles atteintes à notre langue, qui fut celle de Molière. Certes, Molière est mort et enterré depuis belle lurette, et il est normal qu'une langue évolue, mais il est des entorses que je ne puis admettre. Ceux qui me connaissent de près savent que je suis tout le contraire d'un "réac", mais je n'accepte pas certains errements. Il en est ainsi de fréquentes atteintes aux termes les plus élémentaires, l'exemple le plus récent étant la disparition du verbe "entrer", remplacé en toutes circonstances par "rentrer". Je n'insulterai pas mes lecteurs en expliquant ici la différence entre les deux. C'est à hurler de désespoir !
Je vilipende depuis des lustres le dévoiement de la préposition "sur", utilisée à tout bout de champ pour remplacer "à", "vers", "pour", "en", "dans", "par" (on a le choix !) dont utilisation ne me semble pas être l'apanage des personnes ayant fait hypokhâgne.
Quant à "quoi", l'emploi de ce pronom relatif ou interrogatif, placé systématiquement à la fin d'une question ("vous en pensez quoi ?" ), on l'admettra (et encore !) dans les conversations triviales, mais dans la bouche de lettrés cultivés (je pense à Augustin Trapenard), il y a de quoi vous donner de l'urticaire. Le tract des "Linguistes atterré-e-s", intitulé Le français va très bien, merci, connaît un succès confondant : cette entreprise de déculpabilisation a bénéficié d'une promotion tous azimuts, y compris dans les médias spécialisés dans la culture. La démagogie a de beaux jours devant elle.
Et ta sœur ?! |
que ce titre tourne en dérision
certain mode d'expression médiatique.
mercredi 26 juillet 2023
mardi 25 juillet 2023
lundi 24 juillet 2023
Mon amant de Saint-Jean | Épisode 80 : J'ai deux amours
(...) ma mère qui m’avait offert un maillot de bain « de sportif »...
Tant d’années après, je me
demande encore comment mes parents et mon oncle avaient pu autoriser sans hésiter
mon séjour estival en compagnie des Nathanaël. « Marcel et un copain de la faculté »
avais-je menti. L’approbation d’Octave Rochs avait valeur de caution aux yeux
de ma mère qui m’avait offert un maillot de bain « de sportif »,
identique à celui porté par le champion Jean Taris dans un documentaire donné
en première partie de Marius, qui était sorti à nouveau au Régent.
« Un maillot de bain, pourquoi faire ? s’était moqué Marcel, on ira à
Maguelone et on se baignera tout nus, tu peux compter sur André pour ça ! »
J’avais essayé le maillot et m’étais admiré dans la glace de l’armoire de ma
petite chambre. Je m’estimais bien fait de ma personne. Mon corps, à présent,
était celui d’un homme, et je concevais avec orgueil qu’il puisse susciter le
désir. Je n’étais nullement pressé de régler mes affaires de corps et de cœur :
dans un monde dans lequel le rejet, les railleries et la haine accablaient les gens de
mon espèce, j’avais deux amants magnifiques, j’étais beau, insouciant, heureux.
Je passai ma dernière après-midi à Montpellier avec Pierre Bloch. Il n’aimait
ni Gide ni Proust, les trouvait ampoulés, démodés, leur préférant des auteurs
qu’il estimait plus novateurs, à l’instar d’Antonin Artaud et de Paul Éluard.
Il en parlait avec une telle conviction que je me promis de découvrir cette
nouvelle littérature. En guise de vacances, Pierre passerait la plus grande
partie de l’été chez une tante qui vivait, seule, dans une petite maison de
Sommières où, à la faveur d’une atmosphère plus paisible, il comptait travailler
son violon « en quête de perfection », affirma-t-il sur un ton
sentencieux.
La recherche de la perfection n’était
pas à mon programme. Je voulais profiter pleinement de ces journées confisquées
aux tourments qui agitaient l’Europe, pressentant vaguement que nous vivions un
bonheur éphémère. Il fallait jouir de tout, des fruits de l’été, du vin des
Fabre, de la mer accueillante aux jeunes gens intrépides, et, pour peu que
Jules parvienne à me rejoindre, de nos ardeurs sans cesse renouvelées. Il
fallait jouir de notre jeunesse.
Il nous fallut emprunter un « petit train de Palavas » pris d’assaut
comme à l’accoutumée. Des hordes de mioches s’y esquichaient, comme disait
Magali, l’épuisette en bataille, les bouées de baudruche à la taille, déjà,
prêts à l’immersion, mais « pas trop loin du bord, mon chéri ! ».
Quand nous parvinrent à nous en extraire, les odeurs d’iode et d’ambre solaire vinrent
nous confirmer que la grande ville était loin derrière nous. La villa louée par
Marcel n’en était pas une, plutôt une petite maison de village égarée sur le
front de mer, avec le strict nécessaire pour se laver et cuisiner. Pour l’amour,
il y avait deux chambres meublées sommairement, disposant, néanmoins, de grands
lits propices aux ébats les plus effrénés. Une banquette complice attendait,
dans la grande pièce, de servir d’alibi en cas de visite impromptue d’un membre
de la famille de Marcel. « Où dort ton copain ? ». En prévision,
on revêtit cette couche de fortune de linge de lit prêt à faire illusion. La première nuit, j’eus
bien du mal à m’endormir, tant les cris parvenant de la
chambre voisine m’exaspérèrent. Ou m’excitèrent. Je pensai à Jules, ou, confusément, à Émile. Le lendemain matin, m'asseyant à la grande table vermoulue de la pièce commune, je chantonnais, guilleret, le grand succès de Joséphine Baker. Exténués, les Nathanaël ne firent leur apparition qu'en fin de matinée.
(À suivre)
© Louis Arjaillès - Gay Cultes 2022-2023
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dimanche 23 juillet 2023
samedi 22 juillet 2023
Visages de l'amour
J’ai tant contemplé *
J’ai tant contemplé la beautéque ma vue en est remplie.
Lignes du corps. Lèvres empourprées. Membres voluptueux.
Des cheveux pareils à ceux des statues grecques,
toujours beaux, même quand ils sont dépeignés,
et qu’ils retombent à peine, sur la blancheur des fronts.
Visages de l’amour, comme les voulait
ma poésie… dans les nuits de ma jeunesse,
dans mes nuits, secrètement rencontrés…
- Konstantinos Petrou Kavafis (Κωνσταντίνος Π. Καβάφης) -
Traduction de Dominique Grandmont
Un commentateur anonyme m'a suggéré ce texte plus complet et mieux traduit que celui que j'ai inséré précédemment. Merci à cet humble inconnu.
L'homme qui chante avec les anges
La vidéo, tournée à Lonigo (Italie) est très belle.
vendredi 21 juillet 2023
Les cartes postales
J'aime recevoir des cartes postales.
J'aime en envoyer, malgré les tarifs
de La Poste, devenus prohibitifs.
Erwan Jeammot, à présent danseur
de l'Opéra National du Rhin (Strasbourg) semble sacrifier avec plaisir à ce rituel.
Je suis ravi de l'accueillir à nouveau dans ces pages.
(1) et la même eau de Cologne que moi.
Mina, Pedro, Antonio
Almodovar est l'un de ses plus fervents admirateurs. Matador est un véritable condensé des thèmes de prédilection du grand cinéaste espagnol. On peut le revoir actuellement sur Arte. Âmes sensibles, s'abstenir. Les garçons sensibles seront troublés par la beauté du tout jeune Antonio Banderas qui, depuis, fit la brillante carrière que l'on sait.
Pedro et Antonio, son acteur fétiche |
jeudi 20 juillet 2023
Lisez, les gars, lisez ! (*)
Un environnement de rêve
des bibliothèques
réserve toujours
de belles surprises.
Pour les "vigies" de GC :
je sais que j'ai déjà publié
cette photo en janvier 2021.
Abondance de biens ne nuit pas.
Le libellé GC Archives, n'est-ce-pas?!